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La BD du jour : La Villa S. d’Antoine Cossé (Les Requins marteaux)

Passer la nuit juché sur le maigre appendice d’un arbre pour tenter de surprendre une liaison interdite, voilà ce qui occupe un détective appelé en renfort par Suzanne, jeune femme très affirmée et sûre d’elle. Antoine Cossé surprend dans un récit subtil marqué par le sceau d’une collection coquine et humoristique des plus réjouissantes. Réservé à un public averti.  

Un détective prend le train pour répondre à l’appel d’une cliente qui souhaite lui confier une mission que lui seul pourrait accomplir. Au cours de son voyage l’homme s’endort et se plonge dans des rêves charnels où de belles femmes pratiquent l’onanisme avec une ferveur propre à l’émoustiller. Arrivé à sa gare de destination il prend un taxi dans lequel il s’endort à nouveau pour se replonger dans ses rêveries coquines. Il ne sait pas exactement ce qui l’amène dans cette région reculée d’Italie, sauf qu’il répond à la demande d’une certaine Suzanne qui gère, en l’absence du propriétaire des lieux, un sculpteur renommé, une superbe Villa dans laquelle se réunissent chaque année deux familles de la pègre locale, les Sovi et les Routak. Les deux clans profitent de la propriété pour convenir des actions respectives à mener et sceller des accords financiers tout en bénéficiant de prestations haut de gamme. Tout irait bien si deux des membres appartenant chacun à l’une des deux familles ne fricotaient pas ensemble. Parler, négocier, débattre reste autorisé, s’envoyer en l’air avec l’autre camp par contre n’est pas forcément prévu par les textes, au point d’être puni par le châtiment le plus radical. Suzanne propose donc à notre détective de passer la soirée dans un arbre perché sur les hauteurs de la résidence à partir duquel il bénéficiera d’un panorama sur toutes les chambres de la propriété, de quoi, armé de jumelles adéquates, lui permettre de démasquer les tendres amants…

S’il est une collection phare de la BD érotique française, BD cul est bien celle-là. Initiée il y a plus de sept ans chez Les Requins marteaux par Aude Picault et sa Comtesse, cette collection accueille des pointures de la BD « classique », Bastien Vivès, Hugues Micol, Anouk Ricard, Bouzard… qui livrent, le temps d’un projet, un récit coquin en petit format (13 x 18 cm) qui laisse libre court à des envolées polissonnent marquées par le sceau d’un humour permanent. Antoine Cossé, se livre à l’exercice avec un réel talent. Son détective, mené à la b(r)aguette par une hôte des plus entreprenantes, acceptera la mission de dénicher les amants malvenus qui subiront un triste sort. Perché sur la branche étroite et dure d’un arbre surplombant la bâtisse qu’il surveille, notre homme possède pour lui la connaissance des figures des deux clans mafieux. Idéal pour démasquer les bons « coupables ». Sur ce projet le dessinateur enveloppe le lecteur d’un trait simple et expressif, jouant sur les ombres, pour l’immerger dans un climat, une ambiance, une époque, un lieu, qui tiendrait plus de l’univers de Mario Bava que de Nanni Moretti. Essentiellement composé en noir et blanc ou bichromie, le récit se couvre de couleurs surprenantes sur quelques planches pour pimenter une histoire coquine dans laquelle la belle Suzanne fait preuve d’une assurance et d’un sang-froid remarquable tout en donnant volontiers de sa personne. La villa S. entretient sans peine le haut-niveau d’une collection atypique et savoureuse.

Antoine Cossé – La Villa S. – Les Requins marteaux


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