Bon, la planète ne va pas bien ce n’est un secret pour personne. Dans l’indifférence (presque) générale la vie continue comme si de rien n’était. Chacun participant, à son échelle, à la Grande œuvre en cours. Puis voilà, un jour le retour en arrière s’est avéré impossible, et il fallut entrevoir la possibilité de partir, loin de la Terre, vers un nouvel Eden à conquérir. Mais le voyage possédait-t-il une destination, un vrai point de chute pour les derniers survivants de l’humanité ? Rien n’était moins sûr…

Le monde s’est effondré, comme annoncé un peu partout, dans l’indifférence quasi générale. Avant que la Terre ne devienne inhabitable quelques milliardaires ont œuvré à la construction d’une arche destinée à rejoindre une planète lointaine sur laquelle la vie serait possible. Tout a été pensé dans les moindres détails à commencer par les différents étages du tentaculaire vaisseau, qui abritent des niveaux d’habitation, d’autres destinés aux loisirs, à la culture et à l’élevage d’espèces végétales et animales et à des centres de soins pour les malades. A l’intérieur de l’arche, les résidents sont divisés en trois groupes distincts, les citoyens, autrement dit les financeurs et concepteurs du projet, les assistants, qui veillent à la sécurité à l’intérieur du vaisseau, et les pionniers, qui, jusqu’à leurs 18 ans sont dévolus aux tâches et travaux d’entretien de l’arche. Tout semble organisé pour permettre à chacun de (sur)vivre au mieux dans l’attente de l’identification d’une planète refuge. Pourtant un jour, alors qu’elle forme une novice, Perséphone va découvrir un grain de sel dans cette belle mécanique…

Adoubé par Mathieu Bablet himself, auteur et dessinateur de SF le plus influent de sa génération, Arca possède de beaux atouts pour s’imposer comme un modèle du genre. D’une situation critique de type post-apo qui pousse quelques rares privilégiés à fuir la Terre, le récit s’oriente vers un space opera particulièrement anxiogène dans lequel un détail a priori anodin va faire basculer le récit dans le sordide, jusqu’à un final déroutant. Porté par un dessin qui fait le job, Arca donne à la jeunesse le rôle qu’on attend d’elle, qu’elle prenne conscience que l’avenir repose entre ses mains, et qu’elle peut et doit peut-être influer plus sur ce qu’il deviendra. Un récit sombre et lumineux à la fois.

Van Jensen et Jesse Lonergan – Arca – 404 éditions