La seconde guerre mondiale s’est achevée dans le Pacifique peu après les bombardements des 6 et 9 août 1945. Une nouvelle ère et de nouvelles menaces, liées au nucléaire, venaient d’apparaître au plan international. Aussi, dans la lutte de pouvoir que devait se mener les Etats-Unis et l’URSS, dans une guerre froide faite de tensions parfois vives, les incertitudes quant aux lendemains se faisaient parfois des plus brumeuses…

Après une vie entière passée à Londres, James et Hilda Bloggs vivent désormais dans un paisible cottage reculé de la campagne anglaise. Un couple charmant et aimant qui affiche une vraie complicité de tous les instants. Et puis un jour – nous sommes dans les années 80 – tombe une nouvelle inquiétante, propre à chambouler le quotidien bucolique de nos deux héros. La présomption d’un conflit armé qui viendrait toucher la Grande-Bretagne. C’est en tout cas les nouvelles qui sont désormais relayées de façon alarmante par la presse écrite et la radio. Un conflit sur lequel plane les affres du nucléaire.

Afin d’anticiper les événements, les autorités diffusent massivement des consignes, parfois sans queue ni tête, pour permettre aux populations de se protéger au mieux. Dans ce contexte James et Hilda décident de se préparer au pire en aménageant un abri de fortune à l’intérieur même de leur maison. Un abri fait de bric et de broc qui parait, vu de l’extérieur, bien rudimentaire pour faire face au souffle d’une bombe nucléaire et à ses effets seconds, les radiations…

La bande dessinée anglaise, au début des années 80, date à laquelle est publié Quand souffle le vent, n’est pas des plus florissante. Et ce même si par le biais du très dynamique périodique 2000 AD, initié par Pat Mills, John Wagner et Kelvin Gosnell, et plus tourné vers le comics, des scénaristes et dessinateurs anglais émergent peu à peu. Lorsqu’il entreprend son projet d’écriture, Briggs est connu pour ses récits jeunesse. Travailler sur une histoire de guerre nucléaire, d’apocalypse nucléaire tranche dans sa production. Il démontre pourtant son savoir faire dans un modèle de mise en page, jouant du gaufrier, découpé en sept strips par planche, qui accentue l’effet oppressant et anxiogène du récit, tout en offrant des double-planches glaciales posant le cadre des préparatifs de la tragédie. Surtout Briggs n’oublie jamais de mêler la naïveté et l’amour réciproque de ses deux personnages à la gravité du moment. Cela offre un cocktail détonnant qui happe le lecteur jusqu’à la dernière case. Un des livres les plus essentiels qui nous ait été offert sur le/les drames de la guerre. Pour ne pas oublier…

Raymond Briggs – Quand souffle le vent – Tanibis