Comics en Vrac Spécial Chats Partie 2 : Catwoman Lonely City, Solo, Scurry (Livres / BD) - MaXoE BULLES

Et voici notre deuxième dossier dans le cadre du Fil Rouge sur les chats. Cette semaine, je vous propose la chronique inédite de Catwoman Lonely City. Et puis je vous invite à relire d’anciennes chroniques dans lesquelles on trouve ces charmants félins. Il y a les deux tomes de Solo Chemins Tracés mais aussi Scurry, cette BD qui nous emmène dans le monde des animaux.

Catwoman Lonely City

Voilà un nouvel album du monde DC qui fait fi de la continuité de l’univers. Vous le savez, les éditeurs de comics tiennent à leur continuité et les lecteurs aussi, ce que je comprends tout à fait. Mais nous avons régulièrement des récits qui utilisent les personnages de ces univers dans une toute nouvelle situation plus ou moins délirante et, là, on a souvent de petits chef-d’oeuvre. C’est souvent l’occasion de prendre du recul sur ces héros, d’utiliser la mort comme levier dramatique et de changer aussi leur mentalité. Cliff Chiang nous propose donc cette approche. Nous voilà dans un Gotham sans Batman, mort il y a dix ans lors d’un événement appelé La Nuit Du Fou. Alfred aussi est mort d’ailleurs ainsi que le commissaire Gordon, le Joker, entre autres.

Cela commence sur les chapeaux de roue. Catwoman est poursuivie par des agents de la GCPD et elle a bien du mal à leur échapper et ceci pour deux raisons. Tout d’abord elle a vieilli et ensuite, les deux agents sont armés jusqu’aux dents sans parler de la technologie qu’ils arborent. Flashback, 3 jours plus tôt. Selina Kyle sort de prison. Elle débarque dans une Gotham qui a radicalement changé : double-face est le maire de la ville, la criminalité est inexistante et les libertés aussi apparemment. Elle va essayer de retrouver de vieux amis pour percer un secret, celui que Batman lui a confié au moment de mourir.

Cette vision du futur de Gotham est délicieuse et angoissante. C’est sombre, très sombre. L’auteur nous livre une Catwoman qui voit le temps passer trop vite, qui nourrit d’énormes regrets et qui n’est plus ce qu’elle était. On y voit aussi des soit-disants méchants habituels (comme Killer Croc par exemple) qui sont plus complexes que l’on ne croyait. Cliff Chiang sait manier le rythme d’une histoire, il alterne les situations avec maestria et il joue en permanence avec nos sentiments et ceux de ses personnages. Cette nouvelle Gotham est passionnante de bout en bout. C’est servi par des dessins très réussis qui ont un petit quelque chose en plus qui les rend spéciaux. Décidément, j’aime quand les auteurs se posent un peu et creusent dans les sentiments de ces héros costumés qui sont des femmes et des hommes comme les autres finalement.

Contenu vo : Catwoman Lonely City #1-4

Scénario : Cliff Chiang – Dessins : Cliff Chiang – Urban Comics – DC Black Label – 244 pages – février 2023 – prix 21 €

SOLO CHEMINS TRACÉS T1, FORTUNA

J’adore le travail d’Oscar Martin. Vous le savez, il suffit de relire les chroniques sur ses oeuvres : les tomes 1, 2, 3 et 4. Les trois premiers tomes nous contaient les aventures de Solo, le rat post-apocalyptique. Le 4ème s’intéressait à Legatus, un chien recueilli par Solo. Voici donc un spin off de la série. L’auteur nous propose de suivre la route de Fortuna. Elle est l’aînée d’une famille de chats. Ils suivent un long chemin vers des terres qu’ils espèrent plus accueillantes. Sur la route, le père de famille consigne scrupuleusement leur cheminement dans un livre et laisse nombre d’indices sur les lieux visités. Pourquoi ? Pour que leur fille Fortuna puisse retrouver le chemin de la maison de son grand-père en cas de malheur.

Ce malheur arrive vite. Une meute de chiens tue les parents et laisse, seule, notre petite Fortuna. Elle décide alors de faire machine arrière, pour revenir dans son foyer. Mais ce n’est pas si facile de suivre les indications du livre et les dangers sont innombrables.

Oui on retrouve l’esprit de l’auteur et de son univers. Les moments contemplatifs complètent parfaitement les pensées de la belle qui nous éclairent sur son désarroi. Et puis le dépaysement est de mise, comme toujours. Mais, car il y a un mais, je trouve que le ton est un peu moins poétique, un peu moins élevé que d’habitude. Mais je chipote, la BD se lit avec un plaisir rare. Les thèmes de l’enfance et de la transmission du savoir sont finement soulevés. Il y a toujours cette note d’espoir aussi, cette volonté de se tourner vers un avenir meilleur. Et j’adore ça. Le dessin est parfait en tous points, idéal pour nous décrire ce monde en perdition.

Scénario : Oscar Martin – Dessins : Alvaro Iglesias – Solo Chemins Tracés T1, Fortuna – Delcourt – Contrebande – 80 pages – mars 2019 – prix 14,95 €

SOLO : CHEMINS TRACÉS T2

Voici donc la suite des aventures de Fortuna, je vous en avais parlé dans ma chronique du Tome 1 ici. Fortuna continue donc sa route vers des terres meilleures. Mais surtout elle est un témoin de son époque, elle note sur un cahier tout ce qu’elle vit et ce qu’elle voit, elle laisse ainsi une trace pour les générations à venir. Elle est accompagnée de sa fille Nova. Tout semble se passer tranquillement, alors qu’elles cheminent vers leur destination inconnue, quand soudain des bruits de combats parviennent à leurs oreilles. Un chat guerrier se bat contre une meute de chiens. Fortuna arrive à le tirer d’affaire mais le chat est blessé. Il semble cependant posséder une poudre aux propriétés curatives exceptionnelles. Le dialogue s’engage et le chat livre une phrase bien mystérieuse : « C’est quand même ironique que ce soit moi qui m’appuie sur toi« .

C’est toujours un plaisir fou de replonger dans le monde d’Oscar Martin. Cet univers post-apocalyptique nous livre une vision philosophique et poétique d’un futur sombre. La recette fonctionne toujours aussi bien. Et puis on commence à s’attacher à Fortuna qui est un personnage qui ne manque pas de caractère. Le scénario nous propose, en plus, des détails qui nous permettent de mieux comprendre cet univers. Les sentiments sont pluriels, comme d’habitude, avec du doute, de l’amour, de l’espoir et de la résignation. Le dessin d’Alvara Iglesias est toujours aussi fin et habile. Encore une réussite.

Scénario : Oscar Martin – Dessins : Alvara Iglesias – Delcourt – Contrebande – 64 pages – avril 2023 – prix 19 €

SCURRY

Un monde qui semble dévasté, désert sous une lumière blafarde. Et là deux souris qui se précipitent dans une maison abandonnée, elles sont à la recherche de nourriture, désespérément. Ce qui surprend, c’est l’état de la maison : tout est délabré, à l’abandon. Cela ressemble à ces intérieurs dans les univers post-apocalyptiques, vous savez ces endroits qui donnent l’impression d’avoir été visités et revisités par des dizaines de personnes en quête du moindre trésor. Résultat des courses, les souris ne trouvent quasi rien d’utile, trop de rôdeurs se sont servis avant elles. La maison est vide mais pas sans dangers, les chats rôdent dans le coin et malheureusement ils repèrent nos deux pauvres rongeurs. S’ensuit une poursuite que nos amis Tom & Jerry ne renieraient pas.

Voilà une lecture bien sympathique. Cela dit, il faut bien avouer que le récit a du mal à décoller sur les premières planches. On sent que l’auteur veut installer une ambiance et faire monter doucement le rythme mais bon, on aurait aimé que cela aille un peu plus vite. En tout cas, la deuxième partie de l’ouvrage suscite l’intérêt, elle introduit notamment un autre danger pour les rongeurs et elle décrit les luttes d’influences dans cette société de petits poilus. Le dessin, quant à lui, est magnifique. On lorgne du côté de l’aquarelle sur les couleurs, c’est très réussi. Voilà donc une BD agréable à lire et dont la fin présage le mieux pour la suite.

Scénario & dessins : Mac Smith – Delcourt – Contrebande – 96 pages – novembre 2021 – prix 13,50 €

SCURRY T2, LA FORÊT IMMERGÉE

Et voilà le deuxième tome de cette trilogie. Nous vous avions proposé une chronique du premier opus ici. Nous voilà donc replongé dans ce monde des animaux. Oui les hommes sont absents de cette contrée, ils ont laissé affaires et maisons. On retrouve au début de ce récit, la souris Pict qui avait été enlevée par un rapace à la fin du tome 1. La chance lui permet de s’échapper ce qui l’amène à une rencontre salvatrice avec un écureuil. Autre lieu, c’est Wix qui est perdu dans la forêt et qui cherche notre petite Pict justement. Il fait la connaissance d’une tortue bien étrange mais aussi d’un allié inattendu. Et ce n’est pas tout, les choses se précipitent, nos amis vont découvrir un nouveau monde avec ses conflits et sa géopolitique.

L’auteur a mis le boost ! Le tome 1 plantait le décor et du coup manquait d’un rien de rythme mais là c’est passionnant en tous points. On découvre un nouvel univers dans ce road-trip en terre hostile. C’est bourré de personnalités diverses et la découverte des complots en jeu est jouissive. L’auteur arrive à nous tenir en haleine, à multiplier les astuces scénaristiques et surtout il nous offre un univers vaste. Rien à voir avec le tome 1, le rythme est soutenu, l’histoire est palpitante. Et puis il y a toujours ce dessin parfait. J’adore vraiment, c’est du grand art.