Un Comics En Vrac dédié à Grant Morrison. L’écossais a beaucoup fait pour Batman depuis 2006, année où il a repris les rennes de la série. Il avait bien écrit auparavant pour lui (c’est le cas pour Gothique, écrit en 1990 et chroniqué ci-dessous) mais il a redéfini l’univers de Gotham réellement depuis 2006. L’introduction de Damian Wayne ou de Batman Incorporated ont définitivement marqué les esprits … Voici donc un dossier vous présentant les tome 0, 1 et 8 des éditions Urban Comics de l’oeuvre du bonhomme. Le tome 0 et 8 sont inédits alors que le 1 a déjà été publié dans nos colonnes.
Grant Morrison présente Batman T0, Gothic
Avant que Grant ne se penche sur notre ami en 2006 et cela pour plusieurs années, il avait écrit cet arc histoire de se chauffer la plume. Ce récit date de 1990. Gotham ne dort jamais vraiment, vous le savez. En général la pègre en est responsable. Mais cette fois-ci, ce sont les méchants qui ne dorment plus. Un certain M. Murmure fait trembler toute la pègre, à un point tel que celle-ci décide de bricoler son propre projecteur à Bat-signal pour appeler Bruce à l’aide. Le monde à l’envers ! Même si notre justicier ne peut se résoudre à entrer au service des ces vilains, ils sont des citoyens comme les autres, il commence donc à enquêter sur les différents meurtres perpétrés. Cette enquête va l’emmener jusqu’à son enfance …
L’histoire est plutôt classique. Grant décide d’y introduire ce qu’il faut de mysticisme histoire de brouiller les cartes. M. Murmure fait franchement flipper, c’est une réussite de côté-là. Et puis l’idée de mettre Batman en position de défendre ses ennemis de toujours, c’est plutôt lumineux.
Par contre, les années 90 pèsent un peu lourdement sur la BD. Les dessins sont parfois inégaux et la narration manque un peu de rythme. Cela dit, Grant sait décidément comment on raconte une histoire, comme on accroche un lecteur, page après page. La patte est déjà belle et bien là même si elle n’a encore pas la justesse de ce qu’il va écrire plus tard. A posséder pour compléter votre collection sur l’auteur surtout si vous êtes fasciné par le thème de la damnation.
Parution originale : Legends of the Dark Knight #6-10 Gothic (1990)
Scénario : Grant Morrison – Dessins : Klaus Janson – Grant Morrison présente Batman T0, Gothic – Urban Comics – DC Signatures – 136 pages – mai 2014 – prix 15 €
Grant Morrison présente Batman T1, l’Héritage Maudit
Le ton est sombre, comme souvent dans Batman me direz-vous mais l’auteur semble encore plus aimer les ténèbres. Tout y est : un héros plus fort que jamais qui a quasiment éradiqué toute menace de Gotham, une Talia démoniaque, un Damian ambigu. Il y en a pour tous les goûts ! La première partie du tome s’attarde sur les 3 fantômes. Il s’agit de 3 Batmen de contrebande (des inconnus utilisent cette couverture pour effectuer quelque méfaits) qui hantent notre Barry. Cela nous emmène sur plusieurs années, si bien que le 3ème fantôme ne sera éliminé que par Damian alors devenu le nouveau chevalier noir. L’histoire est rondement menée et notre ami y dévoile un côté obscur déroutant. Andy Kubert nous sert un dessin en adéquation avec la situation, les traits sont fouillés et la noirceur transpire à chaque page.
Le deuxième récit nous emmène du côté du club des héros. Vous savez cette équipe de super-héros créée par John Mayhem, un milliardaire en manque de sensations. Comme Batman, aucun n’a de super pouvoirs et il faut bien dire qu’il s’agit de héros de seconde zone, c’est pourquoi Barry avait quitté rapidement la formation. En tout cas, l’équipe a été convoquée sur l’île du milliardaire sans aucune explication de sa part. S’en suit une série de meurtres mystérieux et un mystérieux méchant qui tire des ficelles qui ressemblent à s’y méprendre à celle des dix petits nègres. Malgré cela, le récit est plutôt sympa et le dessin tape un peu dans le old school histoire de coller à cette équipe désuète.
Enfin, le volume se finit sur une nouvelle de Grant qui relate un plan machiavélique du Joker visant à se débarrasser de tous ses complices. L’histoire se lit bien mais les illustrations qui l’accompagnent nous font l’effet d’une douche froide. C’est impersonnel, lisse, bizarre.
Grant Morrison est un grand auteur de comics et il le prouve encore.
Scénario : Grant Morrison – Dessins : Andy Kubert, J.H. Williams III – Grant Morrison présente Batman T1, l’Héritage Maudit – Urban Comics – DC Signatures – 272 pages – juin 2012 – prix 22,50 €
Grant Morrison présente Batman T8, Requiem
Voici la fin du cycle Grant Morrison. Avant de vous lancer dans l’achat de celui-ci, précisons tout de même quelque chose. Une partie de l’histoire a été publiée dans les Batman Saga hors série 2, 3 et 4.
Cet album regroupe les épisodes qui constituent la deuxième partie du troisième cycle de l’auteur, à savoir la suite et fin de Batman Incorporated.
Talia a mis la tête de son propre fils, Damian, à prix. Bruce ne peut accepter cela, il doit trouver un moyen de le protéger. Ce n’est pas chose facile alors que l’organisation Leviathan livre une guerre sans merci à Batman Incorporated. Vous savez, cette bande de héros créée par Batman. On y retrouve El Gaucho mais aussi Batwing ou encore le Chevalier. La guerre est vraiment déclarée cette fois et cela va faire des dégâts.
Voilà la digne fin du cycle de Morrison. Cet album signe aussi une forme de renouveau. Il est né alors que DC avait décidé de relancer toutes ses séries en 2011 (The New 52). On sent ainsi la volonté de clore une période et d’en recommencer une autre. Le thème principal est bien sûr celui de la famille déchirée. L’enfant d’un couple qui se déchire finit toujours par mordre la poussière, c’est inévitable. L’auteur fait monter la pression, petit à petit, il montre toute la rage de Talia, toute l’inanité de l’organisation Leviathan. La haine ne peut pas, sous couvert d’un nouvel ordre, guider les pas de l’humanité.
Grant s’en donne à coeur joie. Tous les coups sont permis, il jette tous ces héros dans un pugilat des plus sauvage. C’est aussi l’occasion de voir Bruce se laisser aller à ses sentiments, lui qui avait décidé de ne plus s’attacher après la mort de ses parents. Cet attachement a un prix, c’est sûr.
Cette lutte familiale est goûteuse. Car il s’agit de la famille, les ficelles dramatiques sont d’autant plus efficaces. On aime ! Grant Morrison met les sentiments en avant, histoire de nous montrer que tout part de là, toujours.
En bref, c’est un très bon album qui clôture magnifiquement cette vision de Batman. Je ne suis pas un adepte du dessin de Burnham mais il a un certain talent pour l’action.
Parution originale : Batman Incorporated New 52 #0, 1-10, 12-13 (2011)
Scénario : Grant Morrison – Dessins : Chris Burnham – Grant Morrison présente Batman T8, Requiem – Urban Comics – DC Signatures – 320 pages – mai 2014 – prix 28 €