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La BD du jour au féminin : Burlesque Girrrl de François Amoretti

A notre grand regret la femme n’est pas toujours présente en bonne place dans les récits de bande dessinée. Cantonné à des rôles de faire-valoir sa présence revêt bien souvent un caractère anecdotique. Le phénomène s’inverse fort heureusement ces dernières années et les séries ou one-shots dédiés au beau sexe alimentent de plus en plus les présentoirs de nos librairies. C’est pour cette raison que nous avons décidé de consacrer sur les prochains jours notre rubrique La BD du jour à la femme. Des récits bien différents, des profils tout aussi divers mais ce point commun de placer l’héroïne au cœur de l’action. Jeunes filles fragiles, femmes au caractère bien trempé, femmes du monde qui ont changé le cours de l’histoire, femme fortes et fatales, toutes ô combien attachantes. Elles vous accompagnerons lors de cette semaine et même plus pour vous donner à voir un autre visage de la BD !

 

Un groupe de rockabilly s’essaye à de nouveaux morceaux. Sûr qu’ils tiennent quelque chose, un son, une singularité, une envie – même si elle paraît aussi forte que chez d’autres – une âme et un partage, une osmose plus rare et en tout cas plus sincère. Les GRRRL c’est un peu tout ça et aussi pas mal de galères. Dans ce milieu dominé par les producteurs véreux, les talents cachés le restent souvent longtemps alors que des musicos de seconde zone se trouvent parfois poussés vers les sommets car ils possèdent une bougne, un rentre-dedans et une image plus forte. Pas de place pour les miséreux ou les mauviettes de passage. Seuls les plus forts l’emporteront et encore, pas tous et pas de la même manière. Alors cela suppose de renier pas mal de choses et notamment certaines valeurs, des idées qui animaient le groupe ou lui donnaient cette particularité, cette touche et cette humanité.

Violette est contrebassiste dans ce groupe aux côtés de Juan, Morgan et Peter. La contrebasse n’a rien de féminin, son lourd, instrument massif relégué aux arrières scènes là où la lumière des spots ne perce pas totalement, et surtout difficile à maîtriser et à faire entendre en dehors de son support à la rythmique qui berce nos têtes et agit dans nos inconscients. Mais la jeune femme n’est pas que musicienne. Sa plastique lui autorise de poser pour des catalogues de lingerie fine qu’elle met incontestablement en valeur. Elle possède un corps tout à la fois voluptueux, féminin, plein de promesses et une âme, un esprit qui lui dicte de ne pas en jouer plus qu’il ne faut. Pour elle tout d’abord et pour celui qui partage sa vie, Peter, le chanteur des GRRRL. Un équilibre à trouver que les effeuillages burlesques auxquels elle s’adonne pour mettre du beurre dans les épinards auraient pu troubler ou faire vaciller.  

Avec Burlesque Girrrl François Amoretti pénètre dans un univers qu’il a appris à connaître. Un univers qui possède ses codes, ses valeurs. Le mélange de musique rock indé et de burlesque incarné par la plantureuse Violette, jeune femme tout à la fois forte dans ses convictions mais fragile par son humanité, les peurs et troubles qui l’habitent, donne au premier volet de ce diptyque une saveur bien particulière. La maîtrise du milieu que le dessinateur dépeint ici offre de la profondeur à un scénario simple en apparence mais qui joue sur les non-dits ou les jeux de regards. D’un point de vue graphique, l’auteur arrive à poser une ambiance, une chaleur qui s’exprime par le soin donné à dépeindre les personnages et par cette profondeur de champs qui nous immerge dans les sphères des clubs de rock crasseux, des caves et autres bureaux de producteurs perdus à la raison du fric. Cet album n’est pourtant pas qu’un cadre, il nous offre aussi une histoire avec ses rebondissements et sa dramaturgie. Lorsque l’on pense toucher au but, parcourir les dernières marches peut parfois s’apparenter à un long et interminable voyage dans des sous-bois obscurs, tout juste éclairés d’une lucarne de lune pleine…

François Amoretti – Burlersque Girrrl – Ankama – 2012 – 11,90 euros

 

Spécial « La femme en BD »

Déjà chroniqués :

La Balade de Yaya de Omont et Zhao (FEI)
La mémoire de l’eau, tome 2 de Mathieu Reynès et Valérie Vernay (Dupuis)
Chimères T2 de Christophe Pelinq, Melanÿn et Vincent (Glénat)
END de Canepa & Merli (Soleil/Métamorphose)
–  Blanche Neige de Maxe L’Hermenier & Looky (Ankama)
Les reines de sang, Tome 1 : Aliénor, la légende noire d’Arnaud Delalande, Simona Mogavino, Carlos Gomez et Erwan Le Saëc (Delcourt)
Dakota T1 de Dufaux et Adamov (Glénat)
Nous Anastasia R de Cothias, Ordas et Berr (Bamboo/Grand Angle)

Les prochaines chroniques :

– Justine : D’après le marquis de Sade de Guido Crepax et Dominique Grange (Delcourt)


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