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La BD du jour au féminin : END de Canepa & Merli

A notre grand regret la femme n’est pas toujours présente en bonne place dans les récits de bande dessinée. Cantonnée à des rôles de faire-valoir sa présence revêt bien souvent un caractère anecdotique. Le phénomène s’inverse fort heureusement ces dernières années et les séries ou one-shots dédiés au beau sexe alimentent de plus en plus les présentoirs de nos librairies. C’est pour cette raison que nous avons décidé de consacrer sur les prochains jours notre rubrique La BD du jour à la femme. Des récits bien différents, des profils tout aussi divers mais ce point commun de placer l’héroïne au cœur de l’action. Jeunes filles fragiles, femmes au caractère bien trempé, femmes du monde qui ont changé le cours de l’histoire, femme fortes et fatales, toutes ô combien attachantes. Elles vous accompagnerons lors de cette semaine et même plus pour vous donner à voir un autre visage de la BD !

 

 

Nous n’avons pas tous le même regard face à la mort. Nos ancêtres se préparaient toute leur vie à ce passage, ce voyage dans l’inconnu avec l’idée de faciliter leur entrée dans ce royaume aux contours mal définis. Tout devait être prêt pour le fameux jour où l’âme se verrait libérée de l’enveloppe charnelle dans laquelle elle avait pris place de nombreuses années auparavant. Pensées macabres, sombres s’il en est. Tout paradoxal que cela puisse paraître la mort reste une étape essentielle de la vie. La dernière et assurément la plus brutale, une obligation dès lors que sont entendus les premiers cris au sortir du ventre de la mère. La mort fascine, elle se construit autour de symboliques, de bestiaires tous plus foisonnants les uns que les autres. Elle cultive l’inconnu, la peur, l’envie, tout un lot d’émotions confuses qui prennent place dans nos esprits au point de nourrir le film de notre propre fin. La mort, la fin, END. Trois lettres lourdes de sens. END représente aussi les initiales des trois personnages féminins qui composent ce triptyque. E comme Elisabeth, cette jeune fille de treize ans à peine qui vient de franchir les portes de ce royaume étrange et vaste dans lequel les notions qui rattachent au réel, au palpable semblent vaciller.  N comme Nora, et D comme Dorothea, les deux autres protagonistes majeurs de cette série qui permettent d’effectuer un parallèle constant entre des mondes, la vie, la mort, qui se mêlent ou interagissent entre eux.          

La mort effraie car son royaume demeure mal défini. Quelle est sa géographie ? Son rythme ou ses cycles ? Ses limites ? Sa densité ? Est-il privé de couleurs ? D’émotions ? De tout ce qui fonde et nourrit notre vie terrestre ? Quels sont les êtres qui la peuplent ? Peuvent-ils communiquer ? Sont-ils conscients des changements qui s’opèrent en eux ? La liste des interrogations peut s’allonger indéfiniment. Là réside pour une part les peurs qui lui sont (r)attachées car la nature humaine n’admet que peu l’inconnu.

L’univers de Barbara Canepa et Anna Merli renvoie toutes les symboliques de la mort. Leur monde se construit tel un no man’s land à explorer et dont on ne connaitra les limites qu’en décidant de s’y plonger entièrement. L’espace s’apparente à un vaste huis clos, un enfermement d’où les couleurs et les matières semblent volatiles, pas tout à fait réelles mais pas opaques non plus. Le monde dépeint ici interroge car il est vision d’artistes. Le lecteur aimerait le toucher, observer dans ses moindres méandres la nature, les strates qui le composent, les unités de temps, de volumes (larges espaces (il)limités ?), les spectres de couleurs et de lumière quasi absente mais uniforme (?). Barbara et Anna construisent donc un univers-monde, un de ceux qui fascine par son apparente densité/complexité. Le voyage vers la fin ne fait que débuter. Il conjugue tout à la fois exigence sans lourdeur et perte de repères sans tomber dans les abysses. Une série qui marquera les esprits…

Barbara Canepa et Anna Merli – END T1 – Soleil – 2012 – 14,30 euros

  

Semaine spéciale « La femme en BD »

Déjà chroniqués :

La Balade de Yaya de Omont et Zhao (FEI)
La mémoire de l’eau, tome 2 de Mathieu Reynès et Valérie Vernay (Dupuis)
Chimères T2 de Christophe Pelinq, Melanÿn et Vincent (Glénat)

Les prochaines chroniques :

– Blanche neige de Maxe L’Hermenier, Looky et Lamirand (Ankama)
– Nous Anastasia R de Cothias, Ordas et Berr (Bamboo/Grand Angle)
– Les reines de sang, Tome 1 : Aliénor, la légende noire d’Arnaud Delalande, Simona Mogavino, Carlos Gomez et Erwan Le Saëc (Delcourt)
– Dakota T1 de Dufaux et Adamov (Glénat)
– Justine : D’après le marquis de Sade de Guido Crepax et Dominique Grange (Delcourt)
– Burlesque girrrl de François Amoretti (Ankama)

 


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