Trois magiciens pas très dégourdis dans un Paris livré à la dure loi de la rue en cette seconde moitié de XIXème siècle, tel est le point de départ de cette série qui prend une tournure bien surprenante dès la fin de cette mise en ambiance. Les surprises et rebondissements se multiplient pour offrir le premier volet d’une série qui s’annonce prometteuse…
Dans le Paris de la deuxième moitié du XIXe siècle, Jean-Jacques, Nelson et Jenny vivotent en organisant des arnaques à base de jeux de cartes dans les rues de la capitale. Mais tout ne se passe pas forcément comme prévu dans un milieu fait de brigands et de terreurs qui n’entendent pas se faire dépouiller sans réagir. Lors d’une partie de bonneteau le stratagème des trois amis se dévoile au grand jour et la chute paraît irrémédiable. Dès lors une évidence fait son chemin. Fini les risques pour trois fois rien. À rester gagne-petit autant le faire dans une salle chauffée loin des ruelles coupe gorge. Nelson et Jenny décident de revenir à Londres pour se produire dans une salle en tant que prestidigitateurs et abandonnent Jean-Jacques à son sort. Rien de bien ronflant pour le couple de magiciens mais assurément une vie moins tourmentée. Et pourtant le numéro classique que les deux Anglais mettent au point dans lequel ils font disparaître et réapparaître une personne de l’assistance ne se déroule pas comme prévu. Oscar jeune garçon entre bien dans la malle à la demande du magicien mais il n’en ressortira jamais. À sa place le magicien découvre une pierre noire semblable à du charbon. Une pierre qui lui donnera une puissance inégalée et lui permettra de triompher dans le bateau qui le mène aux États-Unis. Il deviendra grâce au pouvoir de cette Black stone, le plus grand magicien du monde. A contrario si dans les agitations qui naissent dans la salle après la disparition du jeune garçon, Nelson arrive à prendre la fuite, Jenny, elle, se retrouve prise au piège et devra affronter la justice.
Dans ce Londres victorien, Jenny croupira en prison. Jean-Jacques, devenu médium, retrouvera accidentellement sa trace. Entre un Nelson au faîte de sa gloire et deux anciens compagnons d’infortune décidés à changer la donne s’ouvre une série mêlant avec réussite fantastique, cadre historique et aventure, le tout dans un contexte dramaturgique propice à la mise en place d’un déroulé passionnant de l’intrigue. Corbeyran maîtrise l’art de faire naître l’émotion, la surprise, l’étonnement au détour d’une situation ou d’un contexte a priori anodin. Ici les ruptures et enchaînements permettent notamment de construire le background de quelques personnages secondaires tout comme le cadre Paris/Londres/New York d’une série qui affiche de réelles ambitions. Le dessin de Chabbert propose une densité de détails à nos regards, les plongées et les panoramiques s’enchaînent avec un sens de la perspective prometteur. Une série à suivre.
Corbeyran/Chabbert – Black Stone T1 – Glénat – 2012 – 13, 90 euros