Il y a un peu plus de trente ans naissait Jonathan. Un personnage conçu par Cosey qui ne devait pas forcément marquer l’histoire de la BD. Héros certes mais qui possède les traits d’un voyageur baroudeur comme nous en connaissons tant, donc pas foncièrement unique. Les voyages que nous suivons de lui à travers l’Asie ressemblent de prime abord à des carnets de route ordinaires, pourtant à y regarder de plus près le personnage attire pour l’îlot de liberté qu’il crée autour de lui, par ce partage et ce rapport avec les autres. Car il apprend de chaque contact par la confrontation des cultures et des expériences. L’éternel voyageur reprend du service pour un nouveau voyage, nous ne pouvions que le suivre…
Alors qu’il séjourne à May Mo en Birmanie, Jonathan fait la rencontre d’une jeune femme venue photographier la pension dans laquelle il loge. Atsuko, c’est son nom, essaye de reconstruire un volet de son histoire familiale éclatée entre la Birmanie et le Japon. Elle lui tend alors une photographie vieille de plus de 50 ans sur laquelle apparaissent la cousine de son grand père, Hisa et sa mère encore bébé. Le fond de la photo laisse apercevoir un bout de la façade de la demeure où ils vécurent et qui est devenue depuis cette pension. Atsuko lui conte alors le destin tragique d’Hisa, disparue en 1949 peu après le retour de la famille au Japon. Fasciné par la jeune femme Jonathan prendra le parti de se diriger vers le Japon et de quitter la Birmanie qu’il occupe depuis un certain temps. Son visa expire deux jours plus tard, rien ne le retient donc dans ce pays. Il s’oriente alors plus à l’Est. Dans la capitale nipponne il retrouvera la trace de la jeune femme qui a gagné les montagnes de Takayama, où sa famille possède une vaste demeure inoccupée.
Cette histoire simple, pimentée néanmoins de quelques zones d’ombre attachées au destin de la cousine Hisa servent de canevas à cette nouvelle aventure de Jonathan. On y découvre un Japon hivernal envahit par les neiges. Les planches alternent ainsi des paysages somptueux desquels émane un esprit zen avec des moments partagés au coin du feu. De ce subtil équilibre nait une forme d’intimité entre Atsuko et Jonathan qui reconstituent au travers des cahiers de notes d’Hisa ce qui fut une histoire pleine de tensions palpables, de destins brisés et d’amour perdu. Le charme opère !
Les éditions du Lombard publient, conjointement à ce quinzième volet des aventures de Jonathan, Une autobiographie imaginaire en BD qui reprend les riches annexes des intégrales 1 à 5. On y retrouve des photographies de voyages, des esquisses fait lors de repérages effectués par Cosey, des textes et des témoignages qui donnent des indices précieux sur la manière de travailler de l’artiste. Jonathan le personnage se mêle souvent à son créateur. Les deux destins sont étrangement liés et le resteront encore longtemps… Un dossier unique qui présente la genèse d’un personnage attachant mais aussi les canevas qui ont permis de développer chaque histoire. Un plus pour celui qui, n’ayant pas acheté les intégrales, suit le parcours de ce voyageur infatigable…
Cosey – Jonathan T15 Atsuko – Le Lombard – 2011 – 11, 95 euros (édition spéciale enrichie de 18 pages à 15, 95 euros)
Cosey – Une autobiographie imaginaire en BD – Le Lombard – 2011 – 15, 95 euros