La puissance de Rome au premier siècle avant J.C se fissure. Après les sévères défaites enregistrées contre les peuples germaniques, des atteintes aux libertés voient le jour et sonnent la fin progressive de la grande Rome, celle qui imposait un modèle, une identité, une peur dans les yeux de ses adversaires les plus farouches. Dans cet univers décadent, une femme va s’imposer par sa beauté et son insolence… Début du voyage dans ce livre 1.
Nous connaissons tous la République romaine, celle qui arborait puissance, rigueur et organisation sociale, celle qui défiait aussi les peuplades du nord de l’Europe – qu’elles soient germaniques ou celtes – ou du sud de la Méditerranée. Cette Rome portait la fierté d’un peuple, d’un système de pensée et de développement sociétal. Mais cette République connait aussi des périodes moins euphoriques. C’est dans l’une d’entre elles que La Lionne, prend place. Nous sommes au premier siècle avant J.C. Rome subit de plein fouet les affres de la peste brune qui s’immisce jusqu’aux portes de sa fière cité. Persuadé que la mort guette, qu’elle risque de prendre chacun dans ses mailles, les notables de la ville ne vivent plus qu’au quotidien. A l’intérieur des murs des grandes demeures de la cité tout n’est plus que dépravation. Un foisonnement d’orgies s’organise comme pour défier le mal qui sévit au dehors. Au milieu de cet univers de dépravation, une femme, Léa, dite La Lionne va affoler les têtes, fera lever les désirs les plus ardents. Cette femme que tous les notables veulent s’arracher – possession d’Egnatius qui la loue au plus offrant un an durant – sera l’héroïne de cette série initiée par Laureline Mattiussi.
Le scénario de Sol Hess va à l’essentiel, ne s’embarrasse pas de formulations inutiles, se fait cru lorsque la situation le demande faisant corps avec le dessin de Laureline. Un dessin qui montre les corps, la déchéance, les orgies et scènes de sexes débridées avec un luxe de détail. Bites conquérantes, chattes ouvertes et offertes à ceux qui veulent s’y immiscer. Lente descente vers la mort… Une mort qui surgit parfois et prend ici le consul Publius Afranius qui venait juste de louer La Lionne. Accusée d’empoisonnement la jeune femme se verra enfermée dans les geôles de la ville au grand dam de nombre de notables qui se l’arrachent dans leurs rêves de luxure les plus fous. Une Rome comme nous ne l’avions peu vu, qui rappelle en un sens Caligula, film licencieux s’il en est… Les biens pensant devront peut-être passer leur chemin pour ne pas se perdre dans le regard de La Lionne, pour les autres le premier volet de cette série se parcourt avec un réel plaisir, un plaisir qui nait en partie de cette histoire mais aussi de l’audace de ses auteurs…
Mattiussi et Sol Hess – La Lionne Livre 1 – Glénat/Treize étrange – 2012 – 15,50 euros