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La BD du jour : La petite mort de Davy Mourier et Docteur Rorschach de Vaïnui de Castelbajac

Nombre de jeunes auteurs expose leur strips sur leur blog faisant par là-même découvrir leur travail et leur univers. Jamais cela n’a été aussi foisonnant. Pour un éditeur comme Delcourt, qui garde un œil sur demain, s’attacher à révéler de nouveaux talents s’impose comme une évidence. Davy Mourier et Vaïnui de Castelbajac viennent enrichir le catalogue de l’éditeur parisien avec des albums savamment décalés, ou l’humour se teinte de causticité pour notre plus grand plaisir !

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La Petite mort fait ses classes mais contrairement à ce que nous pourrions penser elle ne va pas s’assoir sur les bancs des enfers bien calée au fond près du radiateur (quoiqu’aux enfers il y est dit que les températures sont rarement tempérées) mais elle débarque bel et bien dans une école de village. Pour son premier jour elle a droit aux présentations d’honneur comme pour tout nouvel arrivant. L’occasion de placer des premières phrases innocentes dont le sens premier peut s’avérer bien plus amer pour certains. Il faut le dire d’entrée si la Petite mort débarque sur terre, c’est aussi qu’elle a du travail. Et si elle apprend beaucoup de ses parents, et notamment de son père qui abat un bouleau considérable, il faut bien que la relève soit assurée. La Petite mort va ainsi apprendre la vie pour mieux donner la mort. CQFD. Cela ne se fera pas sans problème. Les camarades de classes qui se rapprochent d’elle étant ceux pour lesquels elle était venue accomplir son office, dans cet univers sombre, où les doutes parcourent encore cette apprentie, il va bien falloir faire montre de patience pour grandir et apprendre à ôter la vie au bon moment même si cela peut parfois s’avérer plus difficile qu’il n’y paraît…

Cet album plutôt déjanté se construit autour de strips que l’auteur publie sur son blog depuis quelques temps déjà. Redessinés pour l’occasion, ils sont placés dans un petit livre qui offre des ruptures par l’ajout de publicités revisités qui donnent le ton. Des annonces venues des enfers avec leur florilège de jeux de mots : La célèbre marque Hello Kitty devient ainsi Hello Kittu, La Vitrine nécromant réserve quant à elle des offres très spéciales. Pour 2999, 99 dollars par exemple vous pouvez acheter un incident nucléaire, rien de tel pour que les faucheurs réunis d’accomplissent leurs missions de façon peut-être moins ciblée ou moins personnalisée mais de manière très efficace ! L’ouvrage présente également un volet Réalité Augmenté qui lui offre une dimension nouvelle pas si intéressante que ça. L’humour caustique de son auteur que ce soit sur les strips en trois cases ou sur le reste de l’album fait souvent mouche, il nous pousse en tout cas à dénicher le second sens voire le troisième de ce qui nous est donné à voir et à lire. Un objet forcément « A part » dans l’univers du neuvième art, qui surprendra et laissera perplexe les tenants d’un certain « classicisme » mais qui ravira tous les autres !

Davy Mourier – La petite mort – Delcourt – 2013 – 14,95 euros

 

Pour ceux qui ne connaitraient pas le test Rorschach, petite minute culturelle : Inventé par le psychanalyste et psychiatre qui lui a donné son nom, cette méthode consiste, dans les grandes lignes, à analyser la réaction de patients face à des séries de taches d’encre dessinées sur des planches. Face à celles-ci chacun y verra ce qu’il voudra, et cette vision du patient pourra ensuite être réinterprétée par le psychanalyste. Cette méthode a suscité au fil des ans des controverses diverses mais l’essentiel réside peut-être dans cette faculté à faire parler le patient qui livrera indirectement tout un tas d’informations sur sa pathologie et les troubles qui le traversent… Bon cela peut paraitre très scolaire comme ça et à vrai dire le but poursuivi par Vaïnui de Castelbajac ne s’inscrit pas vraiment dans cette lignée psychothérapeutique. La jeune femme propose en effet avec son album Docteur Rorschach, une série de situations cocasses en une planche mettant aux prises un psychiatre et des patients pour le moins étranges et variés. Ici une pizza dans sa boite de livraison qui se pose des questions existentialistes «  Peut-être que je me livre un peu trop facilement » ou « J’ai peur de ne jamais réussir à me reconstruire », là une brosse WC qui avoue à demi-mot qu’elle n’est « franchement pas épanoui, professionnellement », on le serait à moins ! Ou cette cassette audio qui constate amèrement qu’elle a l’impression que « plus personne ne m’écoute ». Le psychanalyste quant à lui écoute d’une oreille bienveillante les confessions de ses patients, un stylo en main. Il intervient parfois à juste titre comme ici lorsqu’il s’adresse à ce papillon pour lui dire « Sachez que je trouve très courageux d’entamer une thérapie quand on ne vit qu’une journée ». Les situations s’enchainent avec la même idée de créer un décalage entre texte et image. Le tout décliné avec bon goût et subtilité.

Cet album respire la fraicheur et la bonne humeur. De par sa nature – série de strips – il ne s’attache pas aux personnages mais purement à la situation et au gag qui en découle. Du coup une fois refermé l’album beaucoup de ce qui a été vu et lu a été oublié, sauf le plaisir de l’avoir parcouru, et là réside peut-être l’essentiel. Les éditions Delcourt prouvent depuis quelques temps déjà qu’elles gardent un œil sur la production des blogs en éditant des premiers albums d’auteurs en devenir. C’est parfois osé mais nous ne saurons bouder cette envie de nous faire découvrir de nouvelles pépites du neuvième art !

Vaïnui de Castelbajac – Docteur Rorschach – Delcourt – 2013 – 14,95 euros


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