Une espionne séduisante qui manie les armes avec une facilité déconcertante. Un conflit qui dure et fait déjà trop de morts, une envie irrésistible de voyages au loin avec une prise de risque maximal, tels sont les ingrédients qui composent Wendy la nouvelle série de Fred Duval et Christophe Quet. De quoi passer un agréable moment !

La première guerre mondiale offre souvent son lot de visages meurtris dans des tranchées où pullulent les rats, une odeur de mort et la peur qui assomme les corps au point de provoquer chez certains soldats une aliénation presque définitive. On découvre parfois des variations et des traitements originaux de sujets en prise directe avec les combats menés en première ligne, comme la présentation des gueules cassées, la question des ravitaillements, le rôle joué par les corps armés issus des colonies… Plus rares sont les projets qui évoquent et concernent la guerre qui se déroule loin des combats. Wendy fait partie de ces récits.  On y retrouve les tensions qui agitent les nations dans un cadre plus atypique qui nous fait voyager du Portugal en Afrique sous fond d’espionnage.

Wendy est le nom de la jeune femme qui prend corps dans cette nouvelle série. Elle est belle, avec un charme tout british, n’a pas froid aux yeux, possède un certain sens de l’humour et une large culture sur des sujets tout aussi variés que la médecine, la littérature ou le football anglais. Bref on pourrait y voir, à quelques variations près, le double féminin d’un James Bond ou une déclinaison lointaine d’une Mata Hari. La scène qui ouvre ce premier album et fait office de prologue à notre histoire pose le cadre. Wendy est missionnée au Portugal pour recueillir des documents confidentiels qui ne doivent pas tomber entre toutes les mains. Le rendez-vous auquel elle se rend dans une librairie de Porto vire très vite en combat rapproché à l’arme à feu. La jeune femme arrive à prendre la fuite sur une moto mais se trouve prise en chasse. Elle arrivera non sans avoir pris des risques maximums à échapper à ses poursuivants. Nous la retrouvons peu après en Normandie dans un orphelinat qui sert de QG aux services anglais d’espionnage. Elle n’y restera que le temps de se voir proposer sa nouvelle mission. Une mission qui se doit d’être montée rapidement et qui découle des documents qu’elle a glanés au Portugal : enquêter sur un officier anglais supposé être de connivence avec l’ennemi…

Avec ce récit mené tambour battant Fred Duval offre un bol d’air plutôt sympathique aux récits qui évoquent la première guerre mondiale. Ici pas de ressassé même bien mené mais un cadre qui déborde la ligne de front qui nous est connue. Par ce bais il présente le rôle joué par l’espionnage et notamment celui confiée aux femmes durant la Grande guerre. Le personnage de Wendy s’épaissit au fil des pages, on y découvre de son passé, de sa famille éclatée, de ses aspirations. Le récit fait aussi la part belle aux vrais méchants qui apportent suffisamment de sel pour construire l’intrigue et faire croître le suspense. Le dessin de Christophe Quet sert son propos, sans artifice mais en donnant aux cadres et aux personnages ce que l’on attend d’eux, nous faire voyager au large dans une série où le rythme prend tout son sens. Un bon premier tome dont nous attendons la suite !

Duval & Quet – Wendy T1 : Nyassaland – Delcourt – 2013 – 13,95 euros

Pour une vision plus historienne de l’espionnage féminin durant la Grande guerre, nous vous aiguillons vers cet article documenté et très intéressant : http://rha.revues.org/index1963.html