La case du Mardi propose de parcourir une œuvre à partir d’une case ou d’une planche qui résume un des points essentiels développés dans un récit. Un moyen de découvrir une œuvre différemment en s’attachant parfois à des détails qui en disent beaucoup…
Sur une plage désolée par une féroce bataille qui vient juste de s’achever, un chef maya parle avec un chef de guerre d’origine européenne devenu maya. Les conquistadors ont été vaincus, ils ne reviendront pas dit en substance le chef maya. Pourtant son chef de guerre reste plus réservé sur cette hypothèse car les états européens, et surtout l’Espagne, savent que de l’or a été trouvé sur ces terres et, dès lors, la donne va radicalement changer. Malgré le nombre de guerriers que pourront rassembler les tribus amérindiennes, l’avenir se dessine déjà sur cette plage. Les conquistadors vont bientôt débarquer par centaines et anéantir, dans ce qui reste l’un des génocides les plus édifiants de l’histoire, celui des civilisations précolombiennes.
Dans le premier volet d’El Nakom nous suivions la trajectoire de Gonzalo Guerrero, un conquistador qui a survécu à un naufrage en 1511, avant d’être accepté par une tribu maya au sein de laquelle il fera ses preuves au point de gagner la confiance du cacique Nachan Caan qui l’élèvera au rang de Nakom, chef de guerre de la nation maya. Dans le second et dernier volet de ce récit, six ans après le naufrage, s’organisent les voyages vers l’ouest avec cette idée toujours tenace de découvrir des trésors cachés sur des terres qui semblent bien mystérieuses et abritent d’anciennes civilisations florissantes. Bientôt Cortès foulera le sol des Amériques. L’homme est ambitieux et ne vient pas seul sur le nouveau continent. Les troupes qu’il amène avec lui comptent plus de 500 soldats, des canons et surtout des chevaux qui vont permettre de faire plier un peuple tout entier. Gonzalo Guerrero sait qu’un tournant est en train de se jouer dans les futurs affrontements et que seule une victoire éclatante des mayas pourrait endiguer la volonté des conquistadors de parcourir et d’asservir le peuple qui l’a adopté…
Jeronaton habille d’une fiction dramatique l’histoire du soldat échoué qui a épousé la culture maya. Il le fait en restant non seulement très documenté dans la description des scènes, des costumes, des postures mais aussi en conservant un regard sur les analyses historiques dont il puise et exploite les découvertes les plus récentes. Cela donne un récit particulièrement séduisant, qui, même si le lecteur connait l’issue avant la fin, regorge de ces moments d’entre-deux, ces instants où les grandes orientations de l’histoire se jouent. Le dessinateur offre, comme sur le premier volet du récit, un cahier documentaire qui permet de se familiariser avec cette période. Ici il présente les conquistadors, qui devaient anéantir plus qu’un peuple, une culture et une histoire. Un album indispensable aux férus d’histoire et d’Amérique précolombienne.
Jeronaton – El Nakom T2 – Editions du Long Bec – 2018