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La Première guerre mondiale : la mobilisation & la guerre de mouvement … (1ère partie)

La guerre ne pouvait être évitée. Lorsque l’Allemagne décide de contourner l’armée française en passant par le Luxembourg et la Belgique en ce début de mois d’août 1914, le message est clair et même si les autorités allemandes affirment mener des actions de défenses contre une probable attaque française sur son sol, personne n’est dupe. La Belgique, pays neutre, mobilise dès lors son armée et fait face avec honneur aux premières charges ennemies. La France et l’Angleterre, quant à elles mobilisent leur troupe pour tenter d’enrailler le plan imparable concocté par l’état-major allemand. Cette phase de la guerre, dite guerre de mouvement se déroulera jusqu’à la fin 1914, avant que ne débute la sanglante guerre des tranchées…

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Le 31 juillet alors qu’il est assis à une table du Café du croissant, Jean Jaurès est assassiné par Raoul Villain. Le lendemain l’Allemagne déclare la guerre à la Russie qui venait de lever des armées pour contrecarrer les plans de l’Empire austro-hongrois et de l’Allemagne. Le même jour la France proclame la mobilisation générale. L’inéluctabilité de la guerre ne fait plus aucun doute. Le 2 août 1914, l’Allemagne met en pratique le plan conçu en 1905 par le général Schlieffen. Elle envahit le Luxembourg pose un ultimatum à la Belgique, pour que celle-ci lui ouvre un droit de passage vers la France. Le but était de contourner les armées françaises massées près de ses frontières. La Belgique alors pays neutre n’accepte pas cet ultimatum. L’Allemagne lui déclare alors la guerre ce qui précipite l’entrée dans le conflit de l’Angleterre puis de la France.

En France la mobilisation générale bat son plein. Aux effectifs dits actifs (derniers appelés ayant effectués leur service militaire) d’un peu moins de 900 000 soldats s’ajoutent les réservistes âgés de moins de 35 ans qui représentent le gros des troupes soit plus de deux millions de soldats. S’ajoutent aussi les effectifs de la territoriale, soit les hommes âgés de moins de 48 ans qui représentent environ 700 000 soldats.  Enfin il faut ajouter à cela les engagés volontaires au nombre de 70 000 hommes issus pour la plupart de jeunes âgés de 17 ans qui devancent l’appel sous les drapeaux ainsi que des « anciens » soldats de la guerre de 1870 et des étrangers établis en France.

Putain de guerre 2En Belgique, et après le refus de l’ultimatum adressé par l’Allemagne, débute les premières manœuvres. Du 5 au 16 août se déroule la bataille de Liège. Protégée par un système de forts construits à la fin du XIXème siècle et censés retenir l’armée allemande le temps suffisant à la mobilisation, Liège tiendra 11 jours exactement. Entre temps la cavalerie belge l’emporte contre toute attente contre son homologue allemande à Haelen le 12 août ce qui, sans pour autant remettre en cause le plan Schlieffen, permet aux troupes belges de sécuriser Anvers qui, après la chute de Liège sera la seconde grosse bataille menée sur le front belge. Sur le territoire français l’armée allemande fait une percée rapide qui menace Paris mais, en partie par le non-respect du plan initial, elle se trouve finalement refoulée. Début septembre la France remporte la bataille de la Marne qui voit l’Allemagne changer ses plans pour tenter de rallier la mer et de s’emparer des ports de Boulogne-sur-Mer, de Calais et de Dunkerque. Là aussi l’armée allemande ne parvient pas à ses fins et se voit bloquée par des inondations provoquées à Nieuport lors de la bataille de l’Yser.

Dès lors la guerre dite de mouvement s’interrompt pour laisser se développer la terrible et meurtrière guerre des tranchées…


Les évènements vus par la BD

Nous vous proposons quelques cases reprenant la vision de la mobilisation tirées des albums suivants :

Aio Zitelli : Récits de guerre 14-18 de Bertocchini – Holgado – Marko – Sayago (Albiana)
Carnets de 14/18 de Alexander Hogh et par Jörg Mailliet (Le buveur d’encre)
Putain de guerre !, Intégrale : 1914-1918 de Tardi (Casterman)
C’était la guerre de tranchées de Tardi (Casterman)
Matteo T1 de Gibrat (Futuropolis)
La Grande guerre … de Sarajevo à Verdun de Philippe Glogowski (Editions du Triomphe)

 

Dans la bande dessinée qui entend présenter la première guerre mondiale la mobilisation générale reste un bref passage évoqué en préambule à un déroulé plus dramatique. Bien souvent l’image qui prédomine est Aio Zitellicelle de la joie qui envahit les futures victimes de la boucherie programmée. Pourtant dans les faits, lorsque l’affiche de mobilisation est placardée dans les villes et les villages, la réaction est double. D’une part il y a l’envie d’en découdre avec l’ennemi héréditaire et la certitude d’un gain rapide qui doit propulser l’armée française à Berlin en quelques mois à peine, d’autre part il y a cette crainte d’un enlisement du conflit qui pourrait affaiblir les familles car la plupart des soldats sont paysans et apprennent la mobilisation en pleine période des moissons. Cette crainte est palpable sur la case tirée de la première histoire du recueil Aio Zitelli !, Vers la guerre… Vers la mort (voir ci-dessus). Dans une France où près de 45 % de la population vit de la terre, on comprend bien le problème posé par les premières heures de la mobilisation. Au regard de ces Mobilisation1contraintes l’état-major français tablait sur un taux de réfractaires de 13 %. Finalement seuls 2% d’hommes ne répondront pas à l’appel (voir vignette ci-contre tirée de l’album La Grande guerre … de Sarajevo à Verdun). Cet afflux inespéré permettra de mobiliser rapidement près de trois millions de soldats acheminés par train vers les frontières de l’Est et du Nord.

Dans Carnets de 14/18 d’Alexander Hogh et Jörg Maillet quatre histoires (deux de jeunes français et deux de jeunes allemands) présentent l’épisode de la mobilisation en France et en Allemagne avec l’image traditionnelle de joie et de compassion pour les futurs envoyés au front.

carnets 14 18 (2)carnets 14 18 (1)

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans Putain de Guerre cependant, le héros de Tardi prend conscience des difficultés à venir, car si les troupes françaises se voyaient arriver rapidement à Berlin, les Allemands eux s’imaginaient déjà sur les Champs-Elysées, trempant une viennoiserie dans leur café-crème tout en reluquant les petites femmes de Paris. Forcément au milieu de ces certitudes vite dressés la vérité ne pouvait qu’être bien moins réjouissante. D’autres désillusions vont vite surgir car la guerre, comme le souligne Tardi dans C’était la guerre de tranchée reste le grand fléau créé par l’homme. C'était la guerre de tranchéeL’équipement français est pointé du doigt notamment les uniformes français qui affichaient un pantalon d’un rouge flamboyant, comme le souligne encore Tardi dans Putain de guerre !

Nous avec nos gamelles en fer-blanc et toute la quincaille qu’on trimballait sur les endosses, on aurait dit la foire à la ferraille. Ajoutez à ça le raffut des bouthéons des bidons, des pelles et des marmites, et on pouvait dire sans se tromper qu’on n’était pas discrets dans la campagne, d’autant plus qu’avec nos costumes de cirque, on était des cibles épatantes. Putain de guerre 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Belgique envahit résiste pourtant mieux qu’espéré permettant à la mobilisation d’être efficace…

Pour finir, dans cette case (ci-dessous) tirée de Mattéo tome 1 de Gibrat, tous les sentiments s’affichent en résumé parfait. A la peur des mères et des femmes répond la joie et la fierté des pères, l’horreur se lit aussi sur certains visages comme le dit si bien Tardi, car de ces hommes encore inconscients qui lèvent les bras au ciel, bouteilles ou drapeaux à la main, bien peu reviendront. Dans les wagons surchargés l’amplitude des âges des hommes est frappante. Ils sont réservistes, actifs, issus de la territoriale. Ils sont surtout cette chair à canon sacrifiée par un état-major fier qui, pour garder la face, sera prêt à envoyer 20 000 hommes par jour à la faucheuse. Des chiffres qui cachent aussi cette triste réalité des mutilés et défigurés qui reviendront chez eux sans pour autant retrouver tous leurs moyens…

Matteo

 

 

  


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