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La Première guerre mondiale : la mobilisation & la guerre de mouvement … (2ème partie)

La guerre ne pouvait être évitée. Lorsque l’Allemagne décide de contourner l’armée française en passant par le Luxembourg et la Belgique en ce début de mois d’août 1914, le message est clair et même si les autorités allemandes affirment mener des actions de défenses contre une probable attaque française sur son sol, personne n’est dupe. La Belgique, pays neutre, mobilise dès lors son armée et fait face avec honneur aux premières charges ennemies. La France et l’Angleterre, quant à elles mobilisent leur troupe pour tenter d’enrailler le plan imparable concocté par l’état-major allemand. Cette phase de la guerre, dite guerre de mouvement se déroulera jusqu’à la fin 1914, avant que ne débute la sanglante guerre des tranchées… (Lire la première partie de l’article ici)

 Unepost

Avant de passer à l’analyse de la vision des combats en Belgique au début de la guerre, je vous propose de découvrir en avant-première trois cases issues de l’album 14/18 avec Corbeyran, Étienne Le Roux/Loïc Chevallier/Jérôme Brizard. L’album paraitra fin août mais vous pourrez découvrir sa présentation dans notre prochain article dès demain !

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Dans la première case (voir ci-dessus) un gendarme annonce, sur la place publique d’un petit village, l’ordre de mobilisation. Cette case est intéressante en plusieurs points. Tout d’abord il faut savoir que, et même si la presse avait placé la population civile sur ses gardes en annonçant dès le mois de juillet la probable entrée en guerre de la France contre l’Allemagne, la vie continuait son petit bonhomme de chemin. Nous avons déjà évoqué le fait que les moissons battaient leur plein, les hommes et les femmes de la terre étaient donc pris dans l’inquiétude d’une mobilisation avant le terme de ces travaux assurant les subsistances aux foyers pour le reste de l’année. D’un autre côté les villageois ne vivaient pas non plus dans l’attente du moment fatidique. Cette situation entre-deux provoque l’effet de surprise très bien traduit par cette case (page 17 de l’album). Les protagonistes semblent tous figés, comme si le temps c’était arrêté. Cela est d’autant plus perceptible que nous sommes dans une scène supposée en mouvement. Les danseurs tournés vers le gendarme écoutent donc l’annonce de la mobilisation prochaine. A la buvette placée en léger retrait de la piste de danse, le serveur semble lui aussi figé tandis qu’il essuie ses verres. Cette case représente donc de très belle manière d’une part l’inquiétude des protagonistes face à l’inconnue qui se présente à eux et le début des troubles à venir qui alimentent les têtes dans lesquelles trottent déjà les images des séparations futures. Plus loin deux pavés narratifs indiquent la disposition d’esprit dans laquelle sont placés les protagonistes de l’histoire construite par Corbeyran : « A cet instant, nous ignorions que nous étions sur le point de vivre une invraisemblable folie. En revanche, nous étions sûrs d’une chose. La fête était finie ».

Les séparations à venir sont présentées quelques planches plus loin. On retrouve ainsi en page 23 la fameuse scène de la séparation sur le quai de la gare (voir ci-dessous). La planche dans son ensemble n’a rien de nouveau par rapport à ce que l’on a pu voir sur les autres projets que nous vous avons présentés. L’inquiétude se mêle à ce sentiment de nécessaire cohésion nationale. Les femmes et les enfants et leur père/époux vont s’embrasser et s’étreindre pour beaucoup pour la dernière fois. La tension est palpable même si on pense encore à ce moment-là que la guerre sera brève.

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Dans la seconde case que nous vous présentons de cette scène un protagoniste tente de rassurer sa femme : « Dieu veille sur moi… Je me contenterai de faire mon devoir »… Un devoir dont la dimension dramatique semble donc échapper aux appelés…

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Pour aller plus loin sur le sujet de la mobilisation nous vous proposons de découvrir cet article très bien documenté :

http://expositions.bnf.fr/guerre14/arret/03_0.htm

 

La vision de la guerre de mouvement

Nous vous proposons quelques cases reprenant le sujet de la guerre de mouvement tirés des albums suivants :

Comme en 14 de Georges Van Linthout et Philippe Brau (Des ronds dans l’O)
Les retrouvailles de Nieuport d’Ivan Petrus (Lannoo)
La Grande Guerre… de Sarajevo à Verdun de Philippe Glogowski (Editions du Triomphe)
La bataille de la Marne de Guillaume Berteloot et Patrick Deschamps (Editions du Triomphe) 

Il faut l’avouer d’entrée, la guerre de mouvement n’est pas celle qui décroche la palme du sujet le plus traité en BD. Elle n’est pourtant pas moins tragique que Belgique1son homologue de position (ou de tranchées pour donner tout de suite une image plus parlante). Le nombre de morts dans les rangs français, il faut le dire, totalement dépassés par les évènements, mal équipés (voir dans notre précédent article le passage consacré à l’uniforme bleu et rouge piqué, des plus identifiables au travers des blés pas encore tous moissonnés) et sous-estimant la force et l’organisation allemande, n’avait rien à envier à la tragédie des tranchées. Elle devait envoyer en effet, jusqu’à la fin de l’année 1914, plusieurs dizaines de milliers de soldats à la faucheuse. Mais la guerre de mouvement aussi bien menée soit-elle, existe depuis la nuit des temps, tandis que les tranchées reste une « invention » terrible et sanglante de cette Grande Guerre.

Le refus de l’ultimatum allemand par la Belgique précipite la décision de l’envahir pour forcer le passage. Pour l’Allemagne le plan est simple : contourner les armées françaises massées sur les frontières de l’Est en passant par la Belgique, un pays neutre à l’armée fragile et dépassé en nombre.

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Pour autant les troupes d’Albert 1er, défendront chèrement leur peau (voir ci-dessous la représentation faites de ces combats par Philippe Glogowski  dans La Grande Guerre… de Sarajevo à Verdun). Lors de la bataille de Liège, elles contiendront la poussée allemande onze jours durant grâce à ses douze forts construits à la fin du XIXème siècle (Pontisse, Barchon, Fléron, Boncelles, Flémalle, Loncin, Liers, Evegnée, Chaudfontaine, Embourg, Hollogne et Lantin).

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Dans le projet Comme en 14, Georges Van Linthout et Philippe Brau tissent en partie leur récit autour du fort d’Embourg (voir les deux cases en N&B ci-dessus et celle qui suit). Alors que le fort de Chaudfontaine vient d’être réduit à néant sous les frappes allemandes, le commandant du fort d’Embourg tente d’envoyer deux de ses hommes dans une mission difficile, informer l’état-major basé à Liège de l’évolution de la situation. Il faut savoir que les forces belges comptaient 25 000 soldats, contre le double pour l’Allemagne qui était de plus dotée d’un redoutable armement lourd représenté par son super-obusier connu sous le nom de « Grosse Bertha ».

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La guerre de mouvement sera marquée par la fameuse bataille de la Marne. Rappelons les faits. Dépassée par l’organisation allemande, l’armée française recule de manière inquiétante, mettant en danger la capitale même. Sous cette menace le gouvernement français se réfugie à Bordeaux. Joffre conscient de la déroute demande tout de même à certaines unités de procéder à des contre-attaques sur les ailes pour permettre de réorganiser le gros des troupes. Mais ces escarmouches ne servent à rien. Pourtant, sur une erreur stratégique allemande – qui néglige un temps, avec sa première armée, le Plan Schlieffen (voir notre article précédent) pour se diriger vers le sud-est de Paris et non plus droit sur la capitale – la sixième armée française, dirigée par le général Galliéni, passe àCv GG1 (Page 1) l’offensive pour surprendre son homologue. Cette bataille qui se déroule à partir du 5 septembre, sera marquée par une victoire française qui permet de repousser les armées allemandes dont une partie se basera sur l’Oise tandis qu’une autre entrera dans la course à la mer en revenant vers la Belgique… De cette phase des combats, l’histoire retiendra l’image fameuse des taxis de la Marne (voir la couverture de l’album, La bataille de la Marne). Ces taxis qui acheminèrent un peu moins de 5000 soldats sur le front de Marne n’eurent que peu d’effets concrets sur le résultat de la bataille. Mais la symbolique de cette action dopa les soldats français qui, après une vague de déroutes successives, pouvaient enfin retrouver l’espoir de voir infléchir l’issu de cette guerre.

La course à la Mer sera dès lors l’objectif avoué de l’armée allemande qui menacera les ports de Boulogne-sur-Mer, de Calais et de Dunkerque. La BD est peu bavarde sur ces opérations, pour autant le remarquable travail d’Ivan Petrus sur son album Les Retrouvailles de Nieuport mérite d’être salué. Dans ce projet fort documenté le dessinateur propose de revenir sur un des moments de la bataille de l’Yser qui se déroula du 17 au 31 octobre 1914. Il y décrit notamment la fameuse stratégie militaire des inondations des polders qui conduisit à fixer le front. Comme nous pouvons le voir ci-dessous, l’armée allemande, quoique mieux équipée en armement lourd se trouva embourbée dans son avancée.

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L’initiative de l’inondation est mal connue, s’agit-il d’une bravoure de l’éclusier de Nieuport qui connaissait le moyen de parvenir à contrôler le mouvement des eaux ? Peut-être. Une fois le front stabilisé, les trois soldats héros du récit de Pétrus, parcourent la ville détruite en grande partie par les bombardements allemands.

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Peu avant ça, à Dixmude, les fusiliers marins livraient des combats sanglants au corps à corps, les derniers de la guerre dite de mouvement. La fin de cette course à la mer, devait stabiliser le front de façon définitive. La terrible guerre des tranchées pouvait dès lors avoir lieu en cette fin d’année 1914…
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A suivre les chroniques des albums présentés dans cette partie sur la mobilisation et la guerre de mouvement…


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