Parfois, en cherchant une BD dans nos étagères il nous arrive de mettre la main sur un récit que l’on avait un peu oublié mais qui nous avait procuré pas mal de plaisir à sa lecture. Parfois encore on retrouve par accident, chez un soldeur, sur un marché ou ailleurs, un récit rare ou méconnu d’un auteur que l’on apprécie et la curiosité nous pousse à l’acheter. Le coin des vieilles feuilles, votre nouveau rendez-vous du lundi mettra en avant ce type de récit. Avec pas mal de surprises à la clé !
La rentrée rime souvent avec fin de l’été, le retour des petites têtes blondes en classe mais aussi la publication d’un nombre toujours plus hallucinants de romans, d’essais, de bandes dessinées et de romans graphiques. La rentrée c’est aussi, pour certains dont je fais partie, la reprise du championnat de rugby, et donc, les choppes de bières à ressortir pour accompagner les matches de reprises qui permettent au passage de retravailler sa voix.
Bizarrement (ou pas finalement), c’est le moment que je choisi pour me replonger dans la lecture d’une série phénomène pour moi, Les rugbymen. Beaucoup me disent parfois que mon intérêt pour le roman graphique, pour la BD d’auteur, m’éloigne de la production populaire, plus facile d’accès et moins « intellectualisée ». A vrai dire je ne pense pas que ce soit le cas, et la relecture annuelle des histoires de nos héros du PAC, Loupiote, La Couane, L’Anesthésiste, La Teigne, Bourrichon et leurs camarades de terrains et de bistrot, le prouve en partie.
Les rugbymen ont fait leurs grands débuts sur les rayonnages de nos libraires en janvier 2005, et avec seize titres au compteur parvient toujours à nous surprendre. Pour poser le cadre, voilà ce que je disais de cette série lors de la sortie du douzième opus de la série, je ne dirais pas mieux aujourd’hui : « Les connaisseurs du rugby relèveront avec délectation des anecdotes qu’ils ont vécus de près ou de loin, reconnaitront dans tel et tel personnage le profil d’un vrai joueur de rugby qu’ils ont connu, et surtout se remémoreront que le rugby, il n’y a pas si longtemps encore, était une guerre de clochers. Les petites villes pouvaient encore prétendre à la victoire en championnat et ne s’en privaient pas. Lourdes, La Voulte, Montauban, Carmaux, Dax, Mazamet, Tarbes et bien d’autres clubs champêtres animaient ainsi l’élite et avec eux toute la tradition de ce sport issu de pratiques si anciennes qu’elles remontent au moyen-âge. Les rugbymen c’est donc l’album phare pour les amateurs de rugby. Les non-initiés passeront peut-être à côté de certaines choses, mais les gags restent toujours efficaces, qu’ils soient assimilés dans leur grande largeur ou bien vécus au premier degré. »
La magie opère donc toujours après treize ans, sans que la routine ne vienne perturber la cadence des matches de notre PAC au grand complet. Puisqu’il s’agit dans cet article de parler des vieilles feuilles, je reviendrais au premier opus de la série pour vous rafraîchir la mémoire. On y décelait déjà une franche animosité entre Français du terroir et Anglais so british exilé sur des terres jadis conquises. On y découvrait les grands débuts de Loupiote qui, comme à son habitude, peut avoir du mal à comprendre le sens de certaines tournures de phrases, mais les lecteurs pouvaient aussi se familiariser avec les méthodes d’entrainement du PAC, saisir l’ambiance tendue des matches et les règlements de compte entre joueurs dont on ne connait plus l’origine, saisir toute l’importance des repas, autrement dénommés gueuletons à Paillar et dans une bonne partie du Sud-Ouest, revivre les grands moments d’exposition de fesses à la fenêtre du bus et comprendre aussi, au travers d’un public passionné, pour qui le PAC est une seconde famille, que la fibre du rugby se transmet de génération en génération. Ce premier opus posait donc un cadre, il suscitait déjà des envies, des blagues se notaient dans des carnets pour de futur récits épiques. Plus de dix ans plus tard, j’avoue attendre avec un plaisir toujours intact le mois de janvier, avec la sortie du nouvel épisode de nos amis du PAC, alors que le tournoi des 6 Nations se prépare et invite lui-aussi à réviser ses valeurs. A ce petit jeu-là Les Rugbymen sont impayables. Longue vie à eux !
Béka et Poupard – Les Rugbymen T1 – Bamboo – 2005