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Les BD du Samedi : La mort vivante (Glénat) et Les trois fantômes de Tesla T2 (Le Lombard)

Le samedi c’est désormais deux albums sur lesquels nous portons notre attention. Deux livres qui font l’actualité, deux conseils de lecture, dans une diversité de genre et de format, pour aiguiser la curiosité de chacun, en complément des trois titres présentés le mercredi !

Lors de fouilles archéologiques menées sur Terre, la fille de Martha, une richissime femme, perd accidentellement la vie. Sur Mars, Joachim, un biologiste réputé, se voit interdire la pratique de la science pour avoir tenté d’exploiter, dans ses recherches, le contenu de livres papier devenus interdits. L’homme, sans avenir sur la planète rouge, accepte alors l’invitation de Martha de rejoindre la Terre où elle lui demande de cloner des cellules de sa fille disparue afin de lui redonner vie.

Olivier Vatine débute en 2012 chez Ankama un formidable projet, celui d’adapter en bande dessinée l’ensemble des récits de Stefan Wul publiés dans les années 50. Une œuvre d’une force redoutable qui trouve une résonance particulière à notre époque puisque le romancier y développe des thématiques notamment écologiques. Il adapte lui-même le premier projet de ce fabuleux chantier éditorial avec Niourk, le récit le plus connu de Wul qui sera décliné en trois opus de 150 planches au total. Suivront, à un rythme régulier, les transpositions en récits séquencés de La peur géante, Terminus 1, Le temple du passé, Rayons pour Sidar, OMS en série, Piège sur Zarkass, Retour à zéro et Odyssée sous contrôle. Après le rapprochement en 2017 de Comix Buro et de Glénat, la suite de ce vaste projet voit le jour autour de La mort vivante avec un dessin confié à Alberto Varanda sur un scénario de Vatine en personne.

Dans ce futur, frappé d’une apocalypse qui a éloigné les hommes d’une Terre devenue presque entièrement inhabitable, le dessin d’Alberto Varanda, qui tend vers la gravure, donne à cette histoire des tonalités victoriennes et « vintage » d’une efficacité redoutable. Autour d’une réflexion sur la mort, sur l’éthique dans la science, sur l’écologie et sur la mainmise d’un ordre religieux qui lobotomise progressivement les esprits, La mort vivante offre un récit riche de sens, toujours d’actualité, qui vaut autant pour son dessin que pour l’univers édifié. Un incontournable de la rentrée.
Olivier Vatine et Alberto Varanda – La mort vivante – Glénat

 

Dans le premier tome des Trois fantômes de Tesla nous suivions le parcours de Travis, un jeune garçon passionné par la science, qui venait d’aménager avec sa mère dans un immeuble typique du New York post-années 20 marquées par une tension sociale qui n’allait en rien épargner un peuple à bout malgré des tentatives de relances économiques en partie veines. Le second conflit mondial, dans lequel s’engage les États-Unis après que sa flotte basée à Pearl Harbor fut totalement détruite par l’aviation nippone, n’allait pas arranger les choses, poussant les femmes à travailler dur pour « l’effort de guerre ».

Dans cette suite des Trois fantômes de Tesla Travis qui est entré en contact avec le mystérieux homme de son immeuble, qui n’est autre que Nikola Tesla, va jouer un rôle capital malgré lui dans l’équilibre ou pas du monde. Le scientifique, usé, mais sûr de ses recherches, confie en effet à Travis, le soin d’accomplir pour lui une mission secrète, celle de vérifier que ses travaux sont bien en sécurité et ne pourront jamais être utilisé dans une riposte destructrice pour une guerre qui ne sert finalement que le désir de puissance d’une nation qui entend s’imposer comme motrice dans les décisions à venir d’un monde au sein duquel la vieille Europe apparait essoufflée… Le premier volet de ce triptyque posait un cadre, magnifié par le trait d’un Guilhem Bec surprenant de justesse dans la retranscription d’une époque, et renforcé par un scénario de Richard Marazano qui livrait toutes ses subtilités, faites de mystères attachés au personnage de Tesla, à la disparition soudaine et répétée de clochards ou à la présence de lumières suspectes aperçues proche du pont de Manhattan.

Cette immersion dans les années 40 se poursuit avec réussite. L’armée japonaise possède une arme qui pourrait détruire Big Apple mais comment lutter contre ? Quel sera le rôle joué par Travis ? et celui de Tesla, qui poursuit, de « l’autre-côté », sa guerre avec son ennemi de toujours, Thomas Edison ? Les éléments nous parviennent un à un et esquissent les contours d’un dénouement qui pourrait nous révéler bien des surprises. Ajoutons à cela une mise en couleur qui joue sur le côté « vintage », et le tour est joué. Un des 48CC les plus stimulants de la rentrée.
Richard Marazano & Guilhem Bec – Les trois fantômes de Tesla T2 : La Conjuration des humains véritables – Le Lombard – 2016 – 13,99 euros


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