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Sélection MaXoël de Seb : Livres illustrés, Romans, Artbooks

Pour cette nouvelle sélection de Noël, quoi de mieux que vous aiguiller vers quelques livres ? Illustrés, romans épais, artbook. De quoi réjouir chacun d’entre vous, d’alimenter aussi vos idées cadeaux. Des livres a acheter les yeux fermés, propices aux rêves, et à toutes les échappatoires…

Livres illustrés

Edgar Allan Poe bénéficie toujours, depuis la parution de ses textes dans la première moitié du dix-neuvième siècle, et de ses traductions quelques années plus tard par Charles Baudelaire, d’une attention très particulière. Retrouver les frères Gaëtan et Paul Brizzi illustrer Edgar Allan Poe n’est donc en rien une surprise. Pour la collection « La petite littéraire » ils ont fait le choix de se pencher sur un des textes incontournables de l’auteur de Baltimore, à savoir Double Assassinat dans la rue Morgue, qu’ils complètent de deux courtes nouvelles du maître de l’horreur.
Les deux auteurs parviennent à restituer parfaitement le Paris des années 1850 et notamment cette rue reculée du Faubourg Saint-Germain dans laquelle le narrateur s’installe chez le détective Dupin. Chaque dessin proposé participe activement à la mise en ambiance du récit, plus que simple illustration, les dessins renforcent la tension, jusque dans la peur qui frappe l’orang-outan qui accomplira les gestes que l’on connait. Justesse et expressivité marque cette relecture illustrée. Donc incontournable pour qui aime Poe, la littérature fantastique classique et les belles illustrations. A noter que le même duo d’auteur vient de sortir chez le même éditeur une suite à ce premier opus autour des œuvres de Poe, avec La Chute de la maison Usher qui reprend outre la nouvelle qui donne son titre au recueil, Le chat noir, Le masque de la mort rouge ou Le scarabée d’or (chronique à venir sur MaXoE !)
Edgar Allan Poe – Double Assassinat dans la rue Morgue (ill. Gaëtan et Paul Brizzi) – Futuropolis – 128 pages – 16, 90 euros

Nous y sommes presque. La période de Noël est aussi celle qui fait briller les mirettes des enfants, petits ou grands, qui, même sans ne plus croire au Père porteur de cadeaux par milliers, s’émerveillent de partager des moments avec leurs proches et d’ouvrir ou d’échanger des paquets recouverts d’un beau papier. Dans un chant de Noël, Charles Dickens auteur le plus essentiel de l’ère victorienne (avis tout personnel), entre au plus près des misères d’un peuple qui a subi, depuis quelques années et notamment les débuts décomplexés de la révolution industrielle, un appauvrissement qui gomme peu à peu les espoirs de chacun et jusqu’aux sourires des enfants. Oui mais Noël reste Noël et sa magie peut encore agir. En tout cas Dickens le sait lorsqu’il écrit son texte en tentant d’ouvrir les yeux sur les misères du peuple, de ce peuple qu’il a dépeint à maintes et maintes reprises dans ses œuvres, réanimant, l’espère-t-il du moins, une forme d’empathie chez chacun de ses lecteurs. Étonnamment, et presque tristement moderne, ce conte met en scène une société pour qui l’argent l’emporte sur toutes les formes d’humanité. Et la figure de Scrooge, avare, qui inspira l’oncle Picsou, sert d’intermédiaire dans cette mise en avant des fleaux qui touchent le plus grand nombre. Comme il le fut lors de sa première édition chez Chapman & Hall en 1843, le texte de ce court roman est illustré d’une vingtaine de dessins en pleine ou double-page dues à Manuele Fior. Presqu’une évidence. Le talentueux auteur italien dans chaque illustration pose sa caméra au plus près des personnages, faisant entrer littéralement le lecteur dans les scènes qu’il dépeint. Un texte à redécouvrir, somptueusement illustré par un auteur qui a su retranscrire toute la complexité et l’humanité d’une histoire qui fait encore son effet…
Charles Dickens (illustré par Manuele Fior) – Un chant de Noël – Futuropolis  

Dans une rue d’une Londres recouverte par les brumes, deux hommes de bonne condition discutent et s’interrogent sur une porte nichée à même un bâtiment qui détonne dans une rue pourtant typique de la capitale. Une porte qui rappelle à l’un d’eux une sombre histoire mettant en scène un certain M. Hyde, qui percuta puis piétina une fillette de huit ans qui s’en trouva choqué. Quand il fut demandé un dédommagement à l’homme pour son méfait, il s’engouffra par la fameuse porte avant de ressortir avec un chèque de 100 livres… Le début de cette histoire ne vous dit rien ? Alors je vous invite à réparer la chose ou tout du moins à vous rafraîchir la mémoire en vous plongeant dans la lecture de cet incontournable du patrimoine littéraire anglais, à savoir L’étrange cas du docteur Jekyll et de Mr Hyde de Robert-Louis Stevenson. Et quoi de mieux que de s’y plonger au travers de cette édition au bel écrin ?   
Après avoir livré La première aventure de Sherlock Holmes : Une étude en rouge et Arsène Lupin, Gentleman Cambrioleur Vincent Mallié revient aux affaires en proposant d’illustrer la fameuse histoire fantastique de Stevenson, autour de la double personnalité de l’affable docteur Jekyll et de l’horrible Mr Hyde. Il le fait dans une édition au format généreux, dans laquelle il peut déployer des pleines pages qui happent littéralement le lecteur, en commençant par la transcription graphique de cette fameuse maison atypique et de sa porte, qui ouvrent le récit de Stevenson. Ajoutons à cela nombre de dessins en noir et blanc ou même en couleur dans le texte et vous obtenez une version de cette histoire, maintes fois rééditée en poche, qui deviendra vite indispensable. Avec toute l’exigence des excellentes éditions Margot…
Robert-Louis Stevenson – L’étrange cas du docteur Jekyll et de Mr Hyde – Editions Margot

 

Romans

Mexico est devenue la capitale de l’Empire, un empire qui a aggloméré à lui toutes les terres étatsuniennes. Des gratte-ciels s’y élèvent haut dans le ciel, et, sur ses sommets, s’arriment des aérostats venus de tous les coins du continent. Pour éviter que des étrangers miséreux ne viennent se réfugier en son sein, la police, plus précisément une escouade de la Sécurité aux frontières, veille au grain, n’hésitant pas à procéder à des examens approfondis des motivations des voyageurs venus fouler les sols de la Ciudad. Pour freiner toutes les ardeurs et poussées migratoires, l’empereur Maximilien, troisième du nom, a fait ériger un mur sur le Rio Rojo au nord du Texas… Comment les Etats-Unis, cette puissance aujourd’hui peu contestée a pu sombrer ou plutôt ne pas éclore ? Comment l’empereur Maximilien monté sur le trône du Mexique par accident (vite « réparé ») a-t-il pu s’imposer et créer une véritable dynastie ? C’est ce que nous propose de découvrir Stéphane Przybylski dans Burning Sky, une uchronie placée au cœur de la guerre de sécession américaine opposant les forces de l’Union aux confédérés.
Stéphane Przybylski – Burning Sky – Denoël – 496 pages – 21 euros

Blackmore est une île anglo-normande fictive inspirée de celle bien réelle d’Aurigny, située au large de La Hague, au nord-est de Guernesey. Lorraine Chapelle, première femme diplômée de l’Institut de criminologie de Paris, dotée d’un sens de l’observation hors pair et d’un caractère bien trempé est invitée à venir sur l’île à l’appel de Sir Ronald Waldon dont la petite fille a disparu. L’enquêteur Edward Pierce, ressortissant britannique qui a fait des sciences occultes une spécialité propre, se trouve au même moment sur Blackmore. Les deux enquêteurs, que tout éloigne sur le papier, vont lier leurs efforts pour essayer d’éclaircir la série de disparitions qui touche, sans apparente logique, des résidents de cette lande a priori tranquille. Au fil de l’enquête les éléments troublants vont s’accumuler, cette maladie des yeux congénitale qui frappe certains résidents de Blackmore, le mot sans signification directe, Croatoan, qui revient ici ou là, utilisé il y a près de 400 ans par les colons disparus de l’île de Roanoke en Caroline du Nord, des statues énigmatiques disséminées aux quatre coins de l’île, la résurgence d’un culte maléfique oghamique, une bibliothèque surprenante par la richesse de ses ouvrages consacrés à l’occulte, un asile de fou particulièrement chargé en pensionnaires… Des éléments qui, mêlés les uns aux autres, vont alimenter les théories de nos deux amis.
Henri Loevenbruck avoue avoir été marqué par l’œuvre littéraire de Lovecraft, comme par celle de Stephen King et de Dumas. Il avait surtout, sur Les Disparus de Blackmore, l’envie de s’aventurer dans l’étrange, aux lisières du fantastique et de l’épouvante. L’humour pince-sans-rire omniprésent qu’il utilise dans les échanges parfois savoureux entre ses deux héros singuliers, participe de la mise en ambiance du récit, tout comme le caractère cocasse de certaines scènes. Une fois débuté, le roman devient vite un page-turner que nous ne pouvons que conseiller !
Henri Loevenbruck – Les Disparus de Blackmore – XO Editions – 512 pages – 21,90 euros

Un soir dans le bayou, une barque dérive. A son bord un homme, une jeune fille et une sorcière. Un chiffon imbibé de sang, les lumières d’une vieille lampe. Dix ans après, Miranda conserve des images très nettes de cette soirée au cours de laquelle son père ne reviendra pas et sera remplacé par un bébé aux mains palmées. Aujourd’hui elle partage son quotidien avec cet enfant, sous le regard bienveillant d’Iskra la sorcière. Pour survivre elle s’est résignée à transporter de la drogue pour des trafiquants en remontant et descendant la rivière à bord d’une barque à la nuit tombée. Un jour pourtant, la routine de ce travail facile va se voir perturbée par l’arrivée de nouveaux commissionnaires. La violence jusqu’alors contenue va alors exploser… Il faudra dès lors à Miranda mettre de côté son passé pour préserver son présent et l’avenir de ceux qui l’entourent.
Après un premier roman remarqué, Dans la vallée du soleil, paru en 2020 chez Gallmeister, Andy Davidson nous revient avec un récit qui hume toute la moiteur des bayous, dans un lieu oublié de tous, où le temps semble s’être évanoui. Un lieu où les hommes et les femmes qui y errent, jusque tard le soir, paraissent en perpétuel décalage avec le réel. Dans des maisons aux bois vermoulus, que l’on ne prend plus le temps de rafistoler ou de rafraîchir, vit une galerie de personnages hétéroclites et étranges : sorcière, nain, enfant aux mains palmées, prêtre démoniaque et autres voyous. On y découvre parfois des têtes déposées dans des glacières et les nuits, nimbées de cauchemars, n’offrent pas forcément d’alternatives satisfaisantes au fardeau des journées toujours plus étouffantes. L’écriture de Davidson que certains ont comparé à Neil Gaiman, sent la terre et les herbes coupées, elle bruisse et siffle comme ces feuilles perchées haut dans des arbres aux larges troncs qui tapissent le paysage.  Le poids des lieux, et de cette rivière autour de laquelle tout s’organise, la vie et la mort des gens, se font prégnants au fil des pages, comme ce passé chargé qui envahit chaque instant du présent et se mêle à lui. Dans un style empreint de poésie Davidson habite en chacun de ses personnages, leur donne corps, vit et souffre avec eux, s’attache à tout un tas de détails qui paraissent insignifiants sans jamais alourdir son récit. Entre horreur et beauté, violence et apaisement, rancœur et résilience, La fille du batelier reste longtemps en tête après sa lecture. Rare et précieux.
Andy Davidson – La fille du batelier – Gallmeister – 448 pages – 25, 20 euros

Le président américain en est persuadé les Russes tireront les premiers, alors il se décide à les devancer et appuie sur le fameux bouton rouge. La désolation gagne alors soudainement et définitivement toutes les parcelles habitées du globe. Mais la fin d’un monde n’est pas la fin du monde. Alors que les fumées ne sont pas encore toutes retombées sur ce qu’il reste des villes étêtées, des corps émergent du chaos. Ils arborent des faciès en partie liquéfiées par les chaleurs dégagées, des blessures profondes et des souffrance terribles. Parmi eux Sister Creep, une marginale new-yorkaise, Black Frankenstein, un catcheur, véritable force de la nature qui prendra Swan sous son aile. Il y a aussi Roland, jeune adolescent venu se réfugier avec ses parents dans un bunker d’un autre âge et qui sauvera de la mort un colonel du nom de Macklin. Il y a aussi des démons et des aliénés, toute une frange d’invisibles revenus d’outre-tombe. Tous poursuivront un but et se croiseront peut-être dans ce qu’il reste de l’Amérique…
Dans une interview datée d’avril 1988 Robert McCammon évoquait la récente ratification du traité FNI sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, signé en décembre 1987 par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev qui, selon lui, n’était qu’une étape qui serait insuffisante si elle ne s’accompagnait pas d’un apaisement réciproque : « Swan Song parle d’un holocauste nucléaire, mais je pense qu’il aborde également l’atmosphère de haine. Dans le roman, même après que le monde a été soufflé à mi-chemin de l’enfer, les gens continuent à vouloir se regrouper en petites armées disparates pour combattre d’autres armées disparates. C’est exactement ce que je voulais dire dans Swan Song, à savoir que le climat de haine doit disparaître pour que la paix puisse s’instaurer. Et, malheureusement, les traités n’ont jamais permis à qui que ce soit de se sentir en sécurité très longtemps. Je pense que tant que nos dirigeants ne comprendront pas que nous devons tous partager le même monde – un monde très fragile – nous vivrons dans une atmosphère de haine exacerbée. ». Récit majeur de la littérature SF, et notamment de son sous-genre post-apo, Swan Song a été édité à sa sortie en format poche et non broché, essentiellement pour des raisons de coût (le roman pèse plus de 1000 pages). Sans se dire ouvertement anti-militaire McCammon y dépeint des groupes armés revenus à des valeurs primaires, vandalisant, pillant, violant, détruisant tout sur leur passage. Dans ce contexte Swan, la petite fille qui endosse le rôle de messie n’a que sa fragilité à opposer, sa volonté d’infléchir le pire et de colorer un monde devenu gris et froid. C’est peu mais l’espoir se nourrit souvent de miettes…  
Robert McCammon – Swan Song – Monsieur Toussaint Louverture – 2 volumes (528 + 538 pages) – 12,50 euros l’un

 

Artbooks

Cela fait maintenant dix ans que le dessinateur Alex Alice a lancé le premier opus d’une série qui fait briller les yeux, à savoir Le Château des étoiles. On y suit un jeune héros, Séraphin, et ses amis, dans un dix-neuvième siècle marqué par la conquête des planètes ou satellites lointains, Lune et Mars en tête. Pour y parvenir il a fallu que les nations fortes du monde maîtrisent d’abord l’éther, cette substance capricieuse riche de promesses. Inspiré par les récits de Verne et l’imaginaire qu’ils suscitent, Alex Alice développe son histoire aussi bien sur une Terre en proie à des tensions géopolitiques marquées, que très loin dans un univers qui révèle peu à peu ses immenses secrets. En cette fin d’année deux gros pavés de près de 2 kilos viennent compléter les six tomes de la série principale du Château. Le premier, L’univers de 1875 propose de développer certains aspects, décors, engins de la série. Le second, Prototypes, puise dans les archives de la série pour en exhumer les travaux préparatoires, esquisses, maquettes ou mises en couleurs. Deux précieux ouvrages qui excitent les pupilles et nourrissent les rêves…
Alex Alice – Prototypes – Editions Caurette
Alex Alice – L’univers en 1875 – Rue de Sèvres

Après deux opus publiés en 2005 et 2008 chez Daniel Maghen, L’univers féerique d’Olivier Ledroit puis les non moins superbes Belles de nuit (2013 – Nickel Production ; réédité cette année chez Glénat) et Fées & amazones (2015, chez Glénat), le dessinateur de Requiem chevalier vampire, Wika ou Le troisième Œil nous ouvre une nouvelle fois son univers dans Au-delà des contrées du crépuscule, un bel objet qui accuse plus de 3 kilos sur la balance (excusez du peu !). Un superbe artbook au format généreux (29.8 x 36.8 cm) qui possède la particularité, contrairement aux précédents artbooks, de faire la synthèse de tous les travaux engagés par l’auteur en série, en plus de travaux destinés plus spécifiquement à être exposés en galerie. Cela permet aux connaisseurs, aux curieux ou à ceux qui ne connaîtraient pas encore les univers tissés patiemment par Olivier Ledroit, de (re)découvrir toute la palette de cet auteur. Marqués par une luxuriance de détails, une atmosphère toute particulière, notamment dans les ambiances nocturnes, ses dessins et tableaux démontrent une exigence particulière et une passion pour l’expressivité, le sens, l’éveil des sens. Mêlant travaux publiés, réflexion et projets en cours, cet artbook démontre qu’Olivier Ledroit, en plus d’une vraie patte graphique, possède une envie débordante, et que son esprit fourmille d’idées et d’envies, ce qui ne peut que réjouir ses lecteurs. Assurément LE cadeau que chacun voudrait recevoir pour Noël.
Olivier Ledroit – Au-delà des contrées du crépuscule – Glénat


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