Une voix de caractère. Anna Aaron, Bâloise de 26 ans pétrie de talent, charrie des flots d’émotions. Même dans les ballades au calme apparent émergent âpreté et violence. Les chansons ardentes de cette demoiselle au timbre de braise ont leur identité et leur force propre, se distinguent par un piano dominant qui fait autant d’étincelles que de merveilles.
Deux ans après le prometteur « I’ll Dry Your Tears Little Murderer », Anna Aaron confirme avec ce premier album baptisé « Dogs In Spirit » une écriture rock tempétueuse, entre obsessions, déraisons, douces folies et trompeuses rêveries.
Dès « Elijah’s Chant », entêtant titre liminaire à l’amplitude sidérante, Anna Aaron fait parler la poudre. Entre folk-rock mid-tempo, rock habité et poprock ultra mélodique, visions d’horreur et messages d’espoir, enfer durable et furtif répit, elle s’enflamme (« Queen Of Sound », « King Of The Dogs », ce « In The Devil’s Camp » tout en crescendo et le trouble « Fire Over The Forbidden Mountain »), souffle (« Siren ») ou se montre possédée (« The Drain Out » avec en invité de marque la trompette d’Erik Truffaz), « Sea Monsters »).
Si dans les mythes et légendes, les chiens possèdent plutôt des attributs fantastiques, comme la capacité de cracher du feu ou de guider l’âme des morts, ils sont dans l’esprit d’Anna Aaron un symbole de faiblesse. Durant la conception et l’enregistrement de « Dogs In Spirit », elle confesse que c’est le sentiment de détresse et de petitesse humaine qui la traverse et ont guidé ses chansons. ‘’La souffrance réside dans l’incapacité de comprendre les choses. Ce sont ces douleurs, ces tensions, ces peurs face au monde que j’ai voulu symboliquement évoquer. C’est une forme de violence psychologique que je chante en somme’’.
Malgré l’intérêt marqué pour la mythologie et les symboles anciens de cette ex-étudiante en philosophie et littérature allemande, « Dogs In Spirit » n’a rien de l’album conceptuel. Il traduit simplement les doutes d’une jeune femme face à l’avenir, l’amour, la vie, la mort, Dieu. Et si l’enfer, quelques monstres et références à des figures bibliques surgissent ça et là, ce n’est que pour renforcer un sentiment d’impuissance ou de frayeur.
Les remous de l’âme, les meurtrissures du coeur, la souffrance passionnelle sont autant de thèmes qu’Anna Aaron explore brillamment. A l’aide de Marcello Giuliani dont la réalisation a su insuffler amplitude, puissance et contrastes tempérés aux ardeurs de « Dogs In Spirit », Anna Aaron a déjà trouvé une plénitude racée.
Vous pouvez en savoir plus sur l’artiste en visitant son site officiel. A noter que Anna Aaron sera en concert le 27 décembre – La Cité // Festival Les Tombées de la Nuit – Rennes (35).