- Article publié sur MaXoE.com -


Helvetii : Un Beat’em All, Roguelite qui tranche



Helvetii a été conçu par les développeurs indépendants de la Team KwaKwa. Petit studio Suisse, fondé en 2013 par Elias Farhan et Kévin Peclet, le studio a participé à différents Game Jam (avec des projets/prototypes comme The Witch, The Irish, and the Imp,; Furbrawl ou encore Striders). Après un retour écrasant sur le prototype Splash Fisticuffs, ils ont décidé de le commercialiser sous le nom de Splash Blast Panic, un jeu multijoueur disponible depuis plusieurs années sur PC et consoles. Et évidemment Helvetii, dont le développement a commencé début 2017.

Concernant ce dernier, le titre est d’abord passé par une campagne participative sur Kickstarter le 29 juillet 2019. La communauté, intéressée par l’œuvre, a ainsi contribué à hauteur de 24 109 CHF, en lieu et place de 20 000 CHF initialement demandés, avec près de 775 backers. Trois ans et demi ans plus tard, le 3 février 2023 dernier, le soft sort à la fois en dématérialisé mais aussi dans une très jolie édition physique, accompagnée ou non de son OST, dont vous pouvez retrouver notre Unboxing ici.

Un pouvoir qui cause la perte ?

L’aventure nous emmène au cœur des mythes Gaulois et Celtiques. Environ cent ans avant notre ère, mais aussi avant que la Gaule ne soit « soumise » à Rome, une bataille chez les Helvètes a eu lieu. Contre l’envahisseur, un certain guerrier : Divico, ayant scellé un pacte avec des forces maléfiques dont il ignorait l’existence, avait décidé d’aider les siens. Seulement il n’avait pas prévu qu’une malédiction s’abatte sur ces terres ni sur les animaux et le peuple, devenant tour à tour corrompu et maléfique. Divico tente maintenant de se racheter avec l’aide de deux compagnons de fortune : Nammeios et Renart.

Nous sommes en face d’une épopée somme toute classique, prenant plus de forme avec les interactions / discussions entre les trois protagonistes, l’occasion d’y voir un peu plus de personnalité et d’humour. D’ailleurs, pour connaître davantage d’éléments, il est nécessaire de parcourir le jeu plusieurs fois, l’univers général des mythes étant bien transposé. Dommage cependant que la narration ne prenne pas une place plus importante.

Une dose Roguelite !

Concernant le gameplay, Helvetii s’appuie sur deux genres connus et prisés : du Beat’em All en 2D (Streets of Rage, Golden Axe,…) s’apparentant aux productions Vanillaware (Muramasa, Odin Sphere,…), et une dimension Roguelite pour l’aléatoire. Le tout via une évolution en plusieurs zones, elles-mêmes scindées en deux actes.

Chaque lieu, peu nombreux au total, nous envoie dans plusieurs salles juxtaposées aux autres, ces dernières offrant des affrontements, des pièges, des coffres, une boutique et même des défis. Afin d’évoluer vers le boss de fin de chaque « acte », il suffit dans chaque salle, de se défaire des opposants, ni plus ni moins. Il s’agit donc là d’un retour de la formule traditionnelle des Beat’em All – Action.

Néanmoins par rapport à ces jeux Beat’em All – Action, le titre de la Team KwaKwa apporte une dose de Roguelite. Cela ne concerne pas la palette de mouvements des protagonistes (voir plus bas), mais bel et bien des éléments obtenus de façon aléatoire facilitant l’aventure pour de prochaines parties, et forcément une certaine rejouabilité. Parmi ces features aléatoires, nous avons logiquement la disposition des salles et ce qu’elles contiennent comme dit précédemment.

Il y a aussi les choix disponibles dans une boutique, à savoir des bonus de stats (PV max, agilité,…) parmi des plats, des bonus passifs ou encore des clés servant à l’ouverture de coffres. Ces derniers, fermés, comprennent d’autres objets / artéfacts. Nous avons aussi accès à divers types de défis, on doit par exemple, en un seul essai, terminer une salle sans prendre de dégâts ou vaincre un certain nombre d’ennemis par exemple. En réussissant, on peut ainsi prétendre au contenu du trésor y reposant (piécettes pour les boutiques, objets,…).

Même si elle s’avère légère dans les grandes lignes, cette dimension Roguelite ne s’arrête pas là, elle comprend aussi l’accès à des Dinivités. Sans spoiler leurs noms, afin d’obtenir l’aide de ces allié(e)s très utiles (et encore plus une fois les difficultés supérieures débloquées), il faut sacrifier une partie de ses PVs maximum. En échange, ce pacte permet l’obtention de deux types de pouvoirs, eux-mêmes soumis à restriction avec l’habituel effet Cooldown mais aussi la dépense de mana, voire de PVs jusqu’à la désactivation du bonus. En complément, lors d’un pacte d’autres effets bonus que nous vous laisserons découvrir, s’ajoutent. Vous l’aurez compris à la lecture de ces lignes, le pacte a toujours une dimension risquée, alors prendrez-vous le risque de ce sacrifice sans savoir sur lequel vous allez tomber ?

Enfin le dernier élément Roguelite concerne la Seed, comme déjà vu dans d’autres jeux (Neon Abyss,…), autrement dit si vous voulez rejouer sur des maps appréciées (même conception, disposition des salles,…) c’est possible, il suffit d’indiquer le numéro de la Seed dans le menu dédié. Toute cette dimension Roguelite, bien que sympathique, reste finalement un peu légère mais il faut garder à l’esprit que c’est aussi un souhait des développeurs. Dommage cependant que chaque acte se découpe de manière trop petite par rapport à d’autres jeux du style et autres Beat’em All, on en aurait évidemment aimé un peu plus.

Mentionnons également que chaque salle comprenant une joute bénéficie d’un système de notation, les meilleures notes (S) à l’issue d’une mission permettant l’obtention de « jetons cœur ». Ces derniers s’échangent entre chaque Stage (ou interlude) via un système d’amélioration simple et efficace, comprenant l’ensemble du trio ou déblocable séparément à force d’utilisation.

Et un gameplay dynamique

Beat’em All – Action, c’est l’autre genre mis en avant par Helvetii, et on peut vous dire qu’il est vraiment réussi avec un très bon feeling manette en main. D’ailleurs, les combos de chaque personnage font plaisir à voir et à enchaîner, il y a « peu d’enchaînements » certes mais le style de chacun diffère suffisamment de l’un à l’autre pour ne pas ressentir d’effet « copier/coller » ou de lassitude.

Facile à prendre en main mais plus complexe à maîtriser totalement, on prend l’habitude d’observer les patterns adverses (ennemis au sol, et volants) afin de placer certaines frappes, chaque style de combos équivalent à une palette d’attaques et des spécificités différentes.

Parlant de spécificités, parmi les trois combattants, Divico correspond en quelque sorte à un guerrier équilibré. Pour vaincre ses opposants, il peut alterner entre des attaques martiales (poings et pieds), frappes dans les airs mais aussi avec son épée (type coups puissant). De plus, il est capable de pulvériser les gardes ennemies, un combattant polyvalent en somme. Nammeios, druidesse, est à l’opposée préférant les frappes à distance avec l’aide de son faucon et à base de « magies ». Enfin, Renart, mi-bête, se bat avec davantage d’aisance, il est vif, réalise plus de « cabrioles » et arrive finalement bien à manier une faucille acquise récemment ; en outre, la parade est l’une de ses spécialités.

Agréable pour la rétine et les oreilles

Concernant sa partie graphique, Helvetii est très agréable pour la rétine, s’appuyant pour rappel sur une réimagination du folklore Celtique et Gaulois, combiné avec des légendes allemandes, françaises et suisses plus récentes. Si les développeurs n’atteignent pas l’excellence de leurs inspirations (des jeux Vanillaware comme Muramasa ou encore Odin Sphere), la petite équipe de la Team KwaKwa peut être fière de sa proposition.

Bien que les environnements soient peu nombreux, chacun d’eux profite d’un soin tout particulier. L’ensemble, allant de forêts à un village par exemple, dispose d’une patte artistique entièrement « dessinée à la main », avec des visuels donnant vraiment l’impression d’être en face de softs Vanillaware, comme dit plus haut. Les animations ne sont pas en reste, que ce soit pour les lieux visités que pour les personnages : Renart, Nammeios et Divico ont une palette de mouvements fluides, aussi bien au sol que dans les airs.

Musicalement, comme cela a été indiqué dans notre Unboxing dédié, les compositions d’Helvetii ont été réalisées par Dale North. En plus de Sword of the Necromancer – Revenant (actuellement en campagne Kickstarter), Dreamscaper ou encore Sparklite, l’homme à la baguette a également œuvré sur les jeux The Long Return, Wizard of Legend, Rakuen ou même Adventure POP. Pour se répéter l’ambiance globale, se mariant à merveille avec les thèmes du jeu, alterne avec des thèmes parfois discrets mais aussi plus rythmés face aux affrontements de boss, le tout sans oublier la présence d’Emi Evans (NieR, NieR Automata) pour les musiques chantées.

Testé sur PS5 via la rétrocompatibilité PS4