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South of Midnight : Une fable envoûtante



Alors qu’ils étaient totalement indépendants depuis leur création en 2009, le studio Compulsion Games a été racheté par Xbox Game Studios en 2018, l’occasion pour la fine équipe d’être épaulée pour le développement de leur nouvelle expérience : South of Midnight.

Mais avant ce rachat, le studio que vous connaissez sans doute, nous a concocté We Happy Few ainsi que Contrast. Avec South of Midnight, les canadiens sortent de leur « zone de confort » et réussissent déjà par l’instauration d’un univers très crédible, réaliste et onirique.

Bien ficelé

Cette aventure nous emmène au sud des États-Unis, plus précisément au sein de cette Lousiane typique et réputée. Au cœur de cette région se trouve la ville fictive de Prospero, actuellement en proie à une lourde tempête. Alors qu’elle se prépare à évacuer, Hazel (que l’on incarne) est témoin de ce phénomène qui la sépare de sa mère ; dans le même temps, elle se découvre des pouvoirs de « tisseuse », c’est-à-dire qu’elle est capable de soigner les blessures de l’âme. Avec ce don, la jeune femme espère retrouver sa mère.

Nous n’en dirons pas plus pour vous laisser découvrir ce voyage arborant divers thèmes, dont celui de l’empathie. En fait, les développeurs de Compulsion Games ne nous délivrent pas juste une seule histoire liée à Hazel mais bien plusieurs et c’est là une très grande force. Car outre le passage à l’âge adulte de la demoiselle, c’est aussi l’occasion d’approfondir l’ensemble par un côté onirique et des créatures disposant de leur propre histoire étant généralement à dénicher au sein de divers collectibles. D’ailleurs, plutôt que d’avancer rapidement dans l’histoire, on prend vraiment le soin de tout fouiller pour ne rien rater de ces multiples récits tant ils sont bien ficelés et écrits en apportant de l’attachement et de l’émotion.

Efficace, classique mais on aurait aimé plus de profondeur

Ces différentes émotions, on les ressent lors des quatorze chapitres que l’on parcourt, que ce soit par le biais de l’histoire, des personnages mais aussi de l’ambiance visuelle et sonore. Cette ambiance on en reparlera dans la section dédiée mais franchement le cachet est bien là !

Avec Hazel que l’on incarne, on traverse ainsi plusieurs environnements aussi bien travaillés les uns que les autres, à l’instar de marécages par exemple pour ne pas tout citer. Cependant, à contrario de certaines normes actuelles, la structure du gameplay peut surprendre. Ce que l’on veut dire par là, c’est que l’ensemble fonctionne sur une base de tâches à accomplir afin de pouvoir progresser dans l’aventure, avant de répéter ce schéma dans les chapitres suivants. Un système que l’on trouvait dans des jeux d’Action, Aventure il y a encore une décennie.

Pour autant, si vous n’avez rien contre ce retour, South of Midnight est tout à fait dans vos cordes puisque le gameplay s’avère accessible sans en être compliqué ; en bref, le soft sent les bons jeux d’Action-Aventure d’antan.

C’est ainsi le cas pour la mise en avant d’une exploration récompensée par l’approfondissement du récit et la recherche de collectibles (servant même à upgrader un arbre de compétences), avec en plus quelques phases de plateformes où l’on se sert des pouvoirs de tisseuse de Hazel, ainsi que des « sauts » par exemple. Et malgré cet aspect que l’on peut considérer contemplatif et linéaire, on aime voyager au cœur de ce dépaysement total, l’ambiance étant encore une fois un point clé de l’aventure.

A force de progresser, on tombe aussi sur une autre facette du gameplay avec des affrontements exclusivement en arènes. Ces derniers alliant une palette offensive ou encore une esquive. Néanmoins, malgré toutes les bonnes intentions et le bon feeling que l’on a en jouant, il nous manque de la difficulté en plus (et ce même avec les quatre choix possibles et une autre plus personnalisable), ainsi qu’une touche de profondeur supplémentaire.

Magistrale

Pour sa partie technique et graphique générale, nous l’avons évoqué, les développeurs ont opté pour une retranscription du sud des États-Unis, plus particulièrement la Louisiane, pour un résultat réaliste à couper le souffle, combiné à un rendu Stop Motion pour les personnages. Clairement, ce mélange risque de ne pas plaire à tous puisque les mouvements des PNJs et de Hazel font saccadés par rapport au reste. Un parti pris osé que le studio assume pleinement, et qui nous a vraiment plu au final.

Au passage, si cela vous gêne vraiment, il est possible de désactiver cet effet « in-game » dans les options, rendant ainsi l’expérience plus conventionnelle. Pour rappel, cette technique de Stop Motion avec cet aspect personnages / décors en pâte à modeler a été réalisée sur des productions comme Wallace & Gromit, L’Étrange Noël de Monsieur Jack (années 1990), ou encore des titres style Armikrog, Skullmonkeys et Harold Halibut par exemple.

De son côté, le rendu de la Lousiane dépeinte est splendide, le studio de développement ayant réussi à capturer l’essence même des lieux. Les environnements visités sont riches en détails, que ce soit pour la végétation, les effets météorologiques que les objets et même les textures. Il n’y a pas à dire, le soft possède un véritable cachet, aussi bien sur son réalisme que ses mythes et éléments « surnaturels ».

Si ce mélange entre le folklore, les légendes et la Lousiane marche du tonnerre, les thèmes sonores sont également tout simplement excellents ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous ne sommes pas étonnés lorsque l’on sait que l’homme à la baguette n’est nul autre qu’Olivier Derivière ! Après les deux opus A Plague Tale (à retrouver en critique ici, et enfin par ici), Greedfall ou encore Dying Light 2 – Stay Human, cette fois l’ambiance prend une empreinte typique de la Louisiane entre des moments jazzy, country et même avec du blues, l’héritage est donc respecté mais on a aussi une part d’onirique, sans oublier des chants envoûtants.

D’ailleurs pour ces derniers, l’homme à la baguette et le directeur audio Chris Fox n’ont pas hésité à travailler avec des artistes locaux, et tenté d’en capturer l’essence. Très clairement, le pari très ambitieux là encore est une totale réussite puisque la bande-son du titre est simplement immersive et intense !

Pour accompagner le tout, South of Midnight est disponible en version française intégrale bien que la synchronisation labiale ne soit pas tout le temps à la hauteur, ou encore une VO très expressive. De quoi ravir les puristes.

Testé sur Xbox Series X avec un code fourni par l’éditeur