Tout a commencé en 2002, 12 anciens employés de Kalisto Entertainment (le studio de développement connaissait quelques déboires à ce moment-là), ont fondés Asobo Studio à Bordeaux. Mais à l’origine pour David Dedeine, directeur créatif et co-gérant du studio, Asobo devait juste être une création éphémère.
Ce studio a finalement grandi avec le temps, mais aussi avec les divers travaux de jeux vidéo. Ils ont par exemple eu un partenariat avec Disney pour Disneyland Adventures et Rush Pixar, Pixar pour Ratatouille, ils ont même collaboré avec Ubisoft pour The Crew et ont acquis des expériences depuis la technologie Hololens. Depuis la fine équipe a grandi, passant des 12 « fondateurs » à maintenant 160 employés.
Leur dernier jeu sorti en date n’est autre que A Plague Tale – Innocence, un titre qui a tout de suite su captiver notre attention lors des différentes présentations. Il n’y a pas simplement une chose qui nous a plu, mais sa globalité, l’ambiance générale, les sonorités mais aussi le gameplay et encore mieux, le principal pour un jeu de ce genre : son récit. Autant dire que le studio a placé la barre très haut.
Un récit touchant et prenant
Distillé petit à petit au cours de l’aventure, le récit constitue l’un des réels gros points forts du soft. Novembre 1348, Royaume de France – la famille De Rune est une petite famille bourgeoise n’étant pas dans le besoin, ils vivent dans une belle maison à l’écart des grandes villes, en compagnie de leurs servants.
Amicia, l’aînée des enfants de la famille, aime bien faire des balades avec son père et lui démontrer par la même occasion, qu’elle n’est plus une petite fille. Mais ce bonheur apparent cache aussi une part d’ombre, le manque de sa mère. Non pas qu’il lui soit arrivé quelque chose, mais Amicia n’a pas le droit de la voir.
Il ne s’agit pourtant pas d’une punition, en fait sa mère, alias Béatrice, avec le Docteur Laurentius, s’évertue à soigner le petit frère d’Amicia, Hugo. Ce dernier, qu’elle n’a pas non plus le droit de voir, a contracté une maladie depuis sa plus tendre enfance.
Malgré ce manque, tout va pour le mieux jusqu’au jour où une attaque de l’Inquisition a lieu dans leur contrée et leur bâtisse. Un à un, tous les domestiques se font tuer. Amicia voit aussi son père se faire assassiner sous ses yeux. Et un peu plus tard, elle est impuissante face à la disparition de sa mère. La voilà désormais seule en compagnie de son petit frère Hugo, tous deux partent à la recherche du Docteur Laurentius. Mais devant eux se dressent de véritables obstacles : l’Inquisition et les rats, porteur de la Peste Noire.
Sans en dévoiler davantage sur les tenants et aboutissants, on découvre l’Histoire fantasmée (dixit Kevin Choteau, lead-designer du soft) des développeurs. Une vision faisant découvrir l’horreur glauque de la guerre menée, et l’envahissement des rats porteurs de la Peste Noire, pendant la période de la Guerre de 100 ans.
Mais ce contexte nous amène encore plus loin, les scénaristes ont réussi à mêler ce pan d’Histoire, avec la relation fragile naissant entre Amicia et Hugo, qui évolue au fil de l’aventure. On ne peut que penser à The Last of Us pour cette complicité naissante, d’ailleurs le studio bordelais ne s’en cache pas, TLOU fait clairement partie de leur inspiration. Mais grâce à l’écriture rondement menée, on s’éloigne de cette référence et on arrive à s’attacher aux personnages qui restent humains.
Surtout que les intonations des voix françaises sont excellentes pour nous immerger pleinement dans cette atmosphère particulière. On a donc envie d’en savoir toujours plus jusqu’au dénouement final. Par contre on a deux petits regrets qui viennent entacher ces moments : les expressions faciales et les animations ne reflètent presque pas les situations vécues, ce qui est bien dommage.
Malgré ses inspirations, le soft garde sa propre identité avec différentes phases de jeu
A Plague Tale – Innocence est un jeu d’Aventure, Action où l’on évolue dans un univers 3D aux environnements semi-ouverts. Loin de révolutionner le genre auquel il appartient, le soft est d’une accessibilité sans pareil. En y jouant, avec ce duo dans lequel Amicia doit protéger son petit frère, on peut facilement penser à des jeux comme Ico, Brothers – A Tale of Two Sons (dans une autre mesure), et bien évidemment The Last of Us.
Mais même si le titre d’Asobo Studio reprend les meilleures parties des mécaniques de jeux déjà citées et en particulier TLOU, il arrive à s’en démarquer avec suffisamment d’éléments pour ne pas rester dans l’ombre, même des plus grands et devenir un voyage que l’on ne peut pas oublier.
Sans en dire trop pour ne pas gâcher l’effet de découverte, A Plague Tale – Innocence étant pour nous une oeuvre à découvrir absolument par soi-même, on peut dire que la recette mêlant action aux moments plus calmes liés à l’exploration est bien orchestrée. Pour vous en dire un peu sur le gameplay, pendant une partie de l’aventure, seule la discrétion peut permettre d’avancer. L’IA des gardes est assez réactive, en étant calibrée pour ne pas être de l’ordre du gardien « surhumain », ni être d’une catastrophe affligeante, elle est calibrée comme il faut, bien dosée, un peu comme les claqueurs de TLOU (oui, encore lui) si vous avez besoin d’une référence.
Mais attention tout de même, une seule erreur de votre part peut vous mener tout droit à un Game Over, et dans ce cas ce n’est pas l’IA à blâmer puisque l’erreur est bien humaine. On vous rassure, le soft n’est pas punitif, chaque chargement vous ramenant au dernier point de sauvegarde automatique passé. Outre les gardes, on rencontre aussi une entité : des hordes de rats prêts à nous bondir dessus. Ils se terrent dans l’obscurité en attendant de pouvoir dévorer leur proie, mais ils détestent toutes les sources de luminosité possible, c’est donc en observant l’environnement et en agissant que l’on peut progresser.
Il y a plusieurs manières de résoudre les difficultés rencontrées, soit en utilisant les facultés d’Amicia qu’elle connaît à l’origine, ou celles que vous lui apprenez dans son périple. Le studio a bien mené son oeuvre puisque tout a été fait pour ne jamais être bloqué, mais nous n’en dirons pas plus si ce n’est que l’environnement joue un rôle très important.
Une direction artistique de toute beauté
Et justement, en parlant d’environnement, ceux-ci sont vraiment mis en avant grâce à la puissance de la Xbox One X. Toute l’aventure se déroule en 30FPS sans saccade ni autre problème, les développeurs ont réussi à mettre la technologie de la console à contribution pour apporter du HDR mais aussi du 4K via un upscaling temporel développé par le studio.
Cette expérience couplée à une direction artistique finement réussie nous donne un rendu photo-réaliste moyenâgeux avec des teintes de couleurs très bien choisies. Ces dernières ne sont jamais dans l’excès pour ne pas dénaturer l’ensemble des environnements traversés, comme ceux d’une forêt. L’éclairage volumétrique est également mis à contribution avec notamment pour résultat des ombres fines. Par ailleurs le comportement des rats est très crédible, accentuant encore une fois l’ensemble de ce côté réaliste.
On termine par un mot sur la très belle OST, le compositeur Olivier Deriviere, déjà à l’oeuvre sur des titres comme Remember Me, 11-11 Memories Retold ou encore Vampyr, nous offre des compositions tantôt mélancoliques, mêlées à des passages plus angoissants et menaçants, nous rappelant certains titres et films de très bon acabit. En somme, du tout bon aussi pour cette partie sonore.
Testé sur Xbox One X