La F1, l’autre religion dominicale. A chaque fois, des fans angoissés se placent devant leur écran, exigeant silence et tranquillité pour admirer ces joutes modernes, ces chevaux d’acier s’élançant chevauchés par des héros modernes. Et je peux vous assurer que je n’exagère en rien, renseignez-vous, vous en avez probablement un comme ça dans votre entourage. Et comme si cela ne suffisait pas, il s’en trouve pour refaire les courses, avec acharnement, sur leur jeu préféré, le plus souvent le dernier sorti de la série des F1, car Codemasters sait bichonner ses clients. Et cette année, du boulot, il y en a eu : nouveaux circuits, nouveaux règlements comme d’habitude, nouvelles boîtes de vitesse qui ne peuvent pas varier durant la saison, mais aussi et surtout ces nouveaux moteurs qui donnent aux bolides un bruit de pétrolette immonde. Bref. Tout cela, en attendant, suppose un énorme travail notamment sur le moteur physique, le comportement des voitures évoluant mécaniquement en proportion des modifications apportées. Et de ce point de vue-là, disons le tout de suite, le boulot a été fait. Codemasters connait son sujet, reconnaissons-le. Du coup, hélas, le bruit des moteurs est presque trop bien fait… A l’inverse, cela signifie aussi que la modélisation des circuits est toujours excellente, le sens du détail étant présent dans le moindre tracé.

En vérité, le gros souci, c’est surtout que le jeu, même avec toutes les aides désactivées, ce qui à l’époque était un cauchemar absolu pour le néophyte, est devenu subitement beaucoup trop arcade. Comme si des années à tendre vers l’excellence simulationniste s’étaient subitement perdues dans les limbes du développement ou de l’ouverture, quand bien même avec les aides désactivables les précédents opus avaient su offrir un challenge certes considérable mais abordable aux nouveau venus.

De même, et ce point chatouillera sans doute les puristes, les stocks limités d’essence ne sont pas vraiment conséquents dans le jeu. Pour tout vous dire, la F1 est un art dont j’ignore beaucoup de choses, mais il semble que les pros auxquels j’ai posé la question en ait conçu quelque déception.

Autre problème : à l’ouest, rien de nouveau. Le mode carrière est toujours là, mais a été, à mon humble avis, assassiné dans son sommeil, puisque l’on peut commencer dans l’écurie de son choix. Autant dire qu’en commençant chez MacLaren vous allez totalement vous promener. Où est la progression gratifiante d’antan ? Commencer chez Marussia ou Force India, tenter de grapiller des points à la sueur de son front et au mérite de ses réglages, puis être approché par des poissons de plus en plus gros ? Où est le plaisir de voir son talent reconnu, et l’émotion qui étreignait même le béotien que je suis au moment d’asseoir son auguste séant dans un baquet de la scuderia ? Encore un sacrifice au mainstream, et un sacrifice qui ne s’imposait pas. On parle d’un mode carrière ici… En gros, si vous voulez tuer ce mode, commencez chez des champions… Le test des nouveaux ? Disparu. Le mode légende ? Liquidé. Reste un mode scénario anecdotique et le multijoueur.