Monique (Yolande Moreau) dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Un jour elle voit débarquer en peignoir son frère Jacques (Jean Dujardin) venant de s’échapper sans payer d’un centre de Thalasso. Elle lui propose de travailler mais lui n’a qu’une idée en tête : devenir riche, très riche.
Comme souvent dans les films de Gustave Kervern et Benoît Delépine, on retrouve une tête d’affiche dans des situations inattendues. On a vu Gérard Depardieu en motard à cheveux longs dans l’excellent Mammuth, Benoît Poelvoorde en punk à chien dans Le Grand soir ou encore Michel Houellebecq en homme suicidaire dans Near Death Experience. Cette fois-ci c’est Jean Dujardin qui incarne Jacques, un homme fauché et un peu perdu, s’incrustant dans le centre Emmaüs. On le découvre en être abject égocentrique, se croyant au-dessus de tous, critiquant et rabaissant plus bas que terre toutes les personnes qu’il croise. Sauf quand il retrouve sur le quai d’une gare un ancien ami, Poutrain (incarné par Xavier Mathieu), devenu PDG et possédant une grosse villa avec piscine. « Si lui a réussi, pourquoi pas moi ? Suffit d’avoir la super idée qui me permettra de devenir riche et d’oublier les combines minables, non ?«
Et Jacques a trouvé sa super idée : monter une start-up de chirurgie esthétique « super low Cost » via une clinique en Bulgarie (du cent pour cent humour Kervern et Delépine !). En plus c’est simple de trouver des clients faciles quand on se trouve dans un centre Emmaüs. Des clients ? Plutôt des victimes car plus le film avance, plus Jacques va devenir sans scrupules pour empocher les chèques. A ce sujet, Jean Dujardin est troublant en être ignoble face aux compagnons du centre Emmaüs et c’est l’une des réussites du film. Son personnage, Jacques, incarne l’ensemble des défauts de notre société face à ces ouvriers solidaires qui pour la plupart ont tout perdu et ont pour seul salut leur activité au sein du centre. Chaque ouvrier y joue un rôle important.
Autre point fort du film, le choix d’acteurs non professionnels pour jouer les personnages principaux, les comédiens amateurs et amis des réalisateurs viennent se mélanger aux « stars du film » et cela ajoute de la crédibilité et une grande valeur à ce film.
Voir Jacques, qui n’a quasiment jamais travaillé et vivant aux crochets de sa sœur, parler de manière arrogante du monde du patronat au cuisinier du centre, ou à Manu le menuisier, cela nous fait rire parce que ce décalage est drôle. Mais cela peut aussi nous gêner car on se demande jusqu’où va aller Jacques et son idée fixe.
Sa Sœur Monique, interprétée avec brio par Yolande Moreau, incarne la raison et la douceur, voulant freiner les délires de son frère qu’elle croit sûrement un peu fou. Et nous, on pense un peu pareil en voyant Jacques dans ses délires, tantôt arrogant et déshumanisé, et on se demande s’il n’a pas simplement besoin d’écoute.
I feel good nous fait réfléchir et c’est sans doute aussi l’un des objectifs des réalisateurs.
Bien sûr on rit car comme à chaque fois dans leurs films, Gustave Kervern et Benoît Delépine, parlent de sujets importants avec une grosse part d’humour, de tendresse et une pointe de burlesque.
Découvrir Jean Dujardin analysant au feutre fluo la biographie de Bill Gates, ou jouant les hôtesses de l’air dans un camion de transport de marchandises vaut le détour. La visite de la Bulgarie en limousine Logan aussi est à voir !