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L’Homme qui tua Don Quichotte – Quand l’histoire du film inspirée de Cervantès rencontre celle de son cinéaste
Film de clôture de la 71e édition du Festival de Cannes, hors-compétition

NOTE DE MaXoE
8
VOTE DES LECTEURS
1 / 52 / 53 / 54 / 55 / 5
Trente ans que l'on espère ce film. Vous pensez vraiment que l'on compte vous faire attendre une seconde de plus inutilement avec une introduction superflue ?

Un chevalier errant et son fidèle écuyer avancent sur leur monture dans le désert espagnol. Le chevalier aperçoit au loin ce qui semble être des géants. Il part au galop. Son fidèle écuyer tente de le stopper. Aucun géant à l’horizon, seulement des moulins à vent contre lesquels se bat vainement l’homme qui se fait alors emporter par une aile de l’un des moulins et… Coupez !

Toby, le réalisateur de la publicité, stoppe la scène. Aujourd’hui cynique, capricieux et légèrement narcissique, il était il y a dix ans un jeune cinéaste ambitieux et idéaliste qui rêvait de 7e art mais se retrouve à travailler pour le compte d’un publicitaire peu commode. Le soir même, lors du dîner avec son équipe, un événement lui rappelle cette époque insouciante : il retombe par hasard sur son film de fin d’études, une adaptation du Don Quichotte de Cervantès. En visionnant le DVD, il réalise que l’endroit choisi pour sa publicité se trouve être très proche du lieu de tournage de son premier film. Il décide de s’y rendre, afin d’y retrouver l’ambiance de l’époque, et surtout ses acteurs. En particulier son Don Quichotte. Il finit par recroiser sa route et se rend compte que l’homme, cordonnier de son état, se prend toujours pour le chevalier errant de Cervantès, confondant fiction et réalité. A tel point qu’il prend Toby pour son fidèle écuyer Sancho Panza, et l’emmène dans un périple des plus épiques.

Lorsque Terry Gilliam a débuté ce projet il y a bientôt trente ans, son idée première était d’adapter le plus fidèlement possible l’œuvre de Cervantès. Se rendant rapidement compte que l’œuvre en question est inadaptable – et surtout infilmable – tant elle est fleuve, il décide de mêler le personnage de Don Quichotte au monde moderne. Quelques décennies plus tard, L’Homme qui tua Don Quichotte s’est nourri des déboires de son réalisateur, du temps qui a passé, de l’actualité récente, … et devient le miroir du périple du cinéaste.

Le film est ainsi une mise en abyme aussi douce que cruelle. Douce par le regard qu’elle pose sur ce monde de tous les possibles qu’est le 7e art, réussissant à imprimer sur la pellicule les fantasmes les plus fous de son réalisateur. Et cruelle par l’évocation du parcours semé d’embûches que peuvent parfois rencontrer certains artistes. Et les marques indélébiles que cela peut laisser. Convaincu d’avoir aidé les habitants du petit village espagnol dont il avait choisi le décor pour son film de fin d’études en en faisant un lieu touristique, voire même en lançant la carrière de certains, le personnage de Toby (Adam Driver) se rend compte dix ans plus tard que la réalité est bien éloignée de ce qu’il avait idéalisé. Le village est désert. Son Sancho est mort à cause d’un penchant trop prononcé pour la bouteille. Sa Dulcinée (Joana Ribeiro), rêvant d’Eldorado, est devenue « l’escort » d’un homme de pouvoir peu recommandable. Et son Don Quichotte (Jonathan Pryce) est resté coincé dans son rôle, l’histoire du « chevalier à la triste figure » étant devenue sa réalité.

Cet état dans lequel Toby retrouve son Don Quichotte, qui ne discerne plus la réalité de la fiction, vient envahir le film lui-même. Un film où la réalité et l’oeuvre de Cervantès se confondent dans des scènes fantasques et démesurées, avec une fluidité qui n’est pas sans rappeler celle du Looking for Richard d’Al Pacino (dans lequel le spectateur passait du quasi-documentaire des scènes de lecture de la pièce de Shakespeare à la folie dans laquelle plongeait peu à peu Richard III). Si l’on retrouve grâce à ces scènes épiques l’univers si particulier de l’ex-membre des Monty Python, il peut leur être reproché un côté parfois un peu trop décousu et même certains développements inutiles.

Malgré ces quelques longueurs, il est difficile de ne pas se laisser embarquer dans la folie de cette épopée, et surtout par la performance d’équilibriste de Jonathan Pryce (immense) – et du duo très théâtral qu’il forme avec Adam Driver – qui réussit à nous convaincre (autant qu’il en est convaincu lui-même) qu’il est réellement Don Quichotte.

NOTE MaXoE
8
VOTE DES LECTEURS
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Trente ans après, Terry Gilliam vient de prouver à tous que – contrairement au titre de son film – personne ne peut tuer Don Quichotte.
ON A AIMÉ !
- La confrontation de la réalité à l’œuvre de Cervantès
- La créativité de Terry Gilliam
- La dimension comique
- L'immense Jonathan Pryce
- Et son fidèle « écureuil » Adam Driver
- L'hommage à John Hurt et à Jean Rochefort
ON A MOINS AIMÉ...
- Quelques longueurs
- Une épopée partant parfois un peu dans tous les sens
L’Homme qui tua Don Quichotte – Quand l’histoire du film inspirée de Cervantès rencontre celle de son cinéaste
L'Homme qui tua Don Quichotte
Support(s) : Cinéma / DVD
Réalisation : Terry Gilliam
Scénario : Terry Gilliam et Tony Grisoni d’après l’œuvre de Miguel de Cervantes
Casting : Jonathan Pryce, Adam Driver, Olga Kurylenko, Stellan Skarsgård, Rossy de Palma, Sergi López, …
Durée : 2h 12min
Genre : Aventure
Sortie en France : 19/05/2018
Musique : Roque Baños
Production : Recorded Picture Company, Tornasol Films, Entre chien et loup, ...

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