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Men, Women & Children

NOTE DE MaXoE
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VOTE DES LECTEURS
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Ce film choral dresse le portrait de plusieurs personnages différents mais avec un thème commun à tous : le bouleversement culturel lié à l'expansion des nouvelles technologies dans nos vies.
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Avec Men, Women & Children, Jason Reitman achève son sixième film. Adepte d’un nouveau genre de cinéma américain qu’on appelle le « Feel good movie », le réalisateur américain avait pris ses marques avec l’excellent Thank you for smoking, ou encore Up in the air mais surtout avec Juno en 2007. A première vue, ce nouveau film, adapté du roman de Chad Kultgen, se veut audacieux, acide, et comme à son habitude chez Reitman, assez critique sur les moeurs contemporaines. La bande-annonce, atypique et silencieuse, laissait entendre qu’un véritable film d’anticipation arrivait sur nos écrans. Un mélange d’enthousiasme et de mystère entourait ce nouveau projet qui pouvait bel et bien être une nouvelle oeuvre subversive sur notre société de consommation.

Dommage, après deux longues heures caricaturales au ton moralisateur presque gênant et rabâché par une narratrice froide et condescendante, on quitte la salle exaspéré par cette prise de conscience insipide qu’on a tenté de nous faire avaler de force.

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Men, Women & Children, en plus d’être relativement mauvais sur beaucoup de points, est simplement détestable par ce petit air supérieur qu’il se donne. Oui, les mots sont durs mais c’est sincèrement la sensation qu’on peut avoir pendant le film. Pour illustrer le propos, imaginez simplement la voix de votre ancien professeur d’anglais du lycée -détestable de préférence- en train de commenter chaque scène que vous êtes en train de regarder. Ce sentiment insupportable d’une voix off qui vient vous décrire exactement ce que vous voyez à l’écran. Comme si vous n’étiez pas assez apte mentalement pour comprendre le sujet qu’on essaye de vous développer.

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Mais quel est le sujet de ce film dit « choral », c’est-à-dire où l’on suit non pas un mais plusieurs protagonistes en même temps et qui sont intimement liés les uns aux autres. Attention, c’est parti pour les clichés, et pas des moindres, là on envoie du lourd, du vrai. Les thèmes abordés seront mis en majuscules pour vous donner cette même sensation de condescendance présente tout le long du film : ce couple ne se désire plus, lui va sur un site d’escort-girls et elle sur un site de rencontres [INFIDELITE]. Ce jeune homme aimait le sport collectif mais est devenu addict aux jeux en ligne [JEUX VIDEO]. Cette jeune fille veut devenir une star de télé et sa mère met des photos sexy d’elle sur son blog pour l’aider [TELE REALITE]. Ce garçon aimerait coucher avec sa copine mais il ne sait pas comment s’y prendre en réalité, car il a regardé trop de contenus illicites sur le web [PORNOGRAPHIE]. Cette mère de famille veut protéger à l’excès sa fille des dangers d’internet, mais cela ne fait qu’aggraver la situation [RESEAUX SOCIAUX]. Tout l’entourage de cette fille trouve qu’elle est plus jolie en étant toujours plus maigre, comme les mannequins dans les magazines [ANOREXIE]…

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A aucun moment le scénario ne prend le moindre risque. On y critique les réseaux sociaux, les écrans et leurs contenus, mais pas trop quand même. On y critique les parents trop laxistes ou trop répressifs, mais pas trop quand même. Toujours dans la retenue, toujours soft, même dans les issues dramatiques ou joyeuses, les scènes restent plates et grossières en même temps. Chaque cliché est exploité jusqu’au dernier souffle, chaque thème est expliqué comme si vous étiez devenu attardé après un choc à la tête. On enchaîne les scènes et les personnages, avec cette voix off qui s’éloigne un peu plus dans votre esprit, un peu comme si on vous parlait dans un semi-coma, comme si vous étiez amorphe, sous perfusion. Chaque personnage est pourtant fabriqué sur mesure pour que chacun puisse s’identifier, mais la caricature est tellement poussée que ça produit l’effet inverse. 

Pour illustrer ces différents thèmes, on y ajoutera à outrance une nouvelle sorte de mise en scène, propre à notre époque connectée -que vous avez déjà pu voir et que vous allez voir de plus en plus- qui consiste à afficher instantanément à l’écran texto, fil de discussion, page internet, etc… Seul problème, même en VOSTFR, le contenu anglophone est traduit en français et là ça devient bien souvent risible. Rien de grave mais au point où on en est, ça devient vraiment lassant.

Du côté du casting, deux poids lourds de la comédie dramatique : Jennifer Garner, insupportable en mère paranoïaque et étouffante. Adam Sandler, éteint et mou dans le rôle du mari désabusé par sa vie de couple en perdition. Seul le jeune Ansel Elgort livre une prestation honorable dans le rôle de l’ado accro aux jeux vidéo.

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Derrière les écrans qui masquent et embrument de plus en plus nos relations avec autrui, chacun de nous possède un double numérique superposé à son existence humaine. Jamais le sujet de l’image de soi n’a eu autant de sens qu’aujourd’hui. Le Terrien moderne aisé est connecté au monde entier grâce aux nouvelles technologies, et pourtant n’a paradoxalement jamais été aussi rongé par la solitude. Pas encore beaucoup abordé au cinéma, ce thème d’actualité est absolument passionnant à développer. Il est tellement dommage de le voir disséqué ici avec si peu de subtilité et de recul.

NOTE MaXoE
3
VOTE DES LECTEURS
1 / 52 / 53 / 54 / 55 / 5

Un véritable coup manqué de la part d'un réalisateur qui avait pourtant fait ses preuves pour prétendre à une oeuvre originale qui donne matière à réfléchir sur un des enjeux sociaux majeurs du XXIème siècle. Vous souhaitez voir un chef-d'oeuvre d'anticipation sur notre société et les nouvelles technologies, passez votre chemin et regardez la série Black Mirror, six épisodes d'une heure qui ne vous laisseront pas, eux, indifférent sur le sujet.
ON A AIMÉ !
- Bande son sympatique
ON A MOINS AIMÉ...
- Moralisateur, condescendant
- Sans rythme
- Thème mal abordé et surabondance de clichés
Men, Women & Children
Support(s) : Cinéma / DVD
Réalisation : Jason Reitman
Scénario : Jason Reitman et Erin Cressida Wilson
Casting : Jennifer Garner, Adam Sandler, Ansel Elgort
Durée : 116 minutes
Genre : Comédie dramatique
Sortie en France : 10/12/2014
Sortie aux Etats-Unis : 17/10/2014
Distribution : Paramount Pictures
Production : Paramount Pictures, Right of Way Films

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