Sur la petite planète de Lah’mu, un homme voit un vaisseau arriver de l’espace. Il a juste le temps d’alerter sa femme Lyra et sa fille Jyn, qui prennent la fuite. L’homme semble rattrapé par son passé. Et par l’Empire. Cet homme, c’est Galen Erso, concepteur de l’Etoile de la Mort et qui a déserté avant que celle-ci ne soit opérationnelle. Sommé de venir achever son travail, Galen est contraint de suivre les agents impériaux sous les yeux de sa fille restée cachée.
Les années passent. Jyn, formée par un résistant et ami de son père – Saw Guerrera – est devenue résistante à son tour. Venant d’être capturée par l’Empire, elle est libérée par l’Alliance Rebelle et emmenée sur Yavin 4 où il lui est demandé d’entrer en contact avec son père.
L’avis de Julie
A l’image de son titre, Rogue One a tout de la mission suicide. Tenir en haleine deux heures durant une salle plongée dans le noir pleine de spectateurs avec une intrigue dont tous connaissent l’issue (le vol des plans de l’Etoile de la Mort à l’Empire par l’Alliance Rebelle) était un pari risqué. Deux heures plus tard, l’essai est transformé. Et le pari réussi.
Si le scénario est un brin classique – voler les plans d’une arme de destruction massive – il n’est pas pour autant ennuyeux. Mis à part la première demi-heure un peu brouillonne (surtout pour les profanes) où l’on voyage de planète en planète afin de planter le décors, l’histoire est riche. Riche en événements. Riche en action. Riche en personnages. Peu importe donc d’en connaître déjà la fin. Le but ici n’est pas d’offrir au spectateur un quelconque deus ex machina mais bien de montrer une chose. Et une seule. La guerre. Une guerre représentée de la façon la plus violente qui soit. Une guerre dans laquelle les protagonistes savent depuis longtemps déjà qu’ils n’ont plus d’avenir (et même bientôt plus de présent). Des protagonistes qui ne luttent plus pour leur propre vie, mais pour un idéal bien plus grand : l’espoir de retrouver la liberté.
Contrairement aux autres films de la saga où il était possible de développer les personnages au fil de l’intrigue, Rogue One n’a pas ce luxe puisque son format est différent. C’est un one shot où les principaux protagonistes passent. Le traitement n’est donc pas le même, leur passé est survolé et seul le présent compte. Un présent tragique, bien rendu par le jeu des acteurs habités par la désillusion et qui transcrit parfaitement l’ambiance générale de cet opus. Un opus sombre et désenchanté.
Sombre, le film l’est également visuellement. Avec ses images de guerre sans concession, ses scènes sous une pluie diluvienne, ses planètes annihilées, … Il y a du sang, de la crasse et de la sueur dans ces magnifiques décors naturels bien loin des effets spéciaux aseptisés de la Prélogie. La seule erreur (mais ceci est un point de vue tout à fait subjectif) est d’avoir modélisé certains personnages en image de synthèse afin de faire le lien entre les différents films. Mais heureusement, la qualité esthétique de Rogue One ne tient pas qu’à cela. Et quelle qualité ! Jamais combats aériens n’ont aussi bien rendu ! Jamais grands espaces n’ont été aussi beaux ! On se croirait plongé en plein cœur des meilleurs moments de la Trilogie.
Si Le Réveil de la Force était une jolie surprise, il n’est rien comparé à Rogue One qui se hisse sans peine parmi les meilleurs films de l’univers Star Wars. Et si beaucoup d’entre vous garderont en tête la toute dernière scène du film, une autre m’a bien plus marqué encore : celle sur la plage de Scarif et son coucher de soleil apocalyptique, d’une beauté visuelle sans précédent et qui rappellera sans doute aux plus puristes la fin d’un film d’un certain Lars Von Trier.
La note de Julie : 9/10
L’avis de Tof
Premières images, première satisfaction : le grain est magnifique. Les plans sont rapprochés, ils prennent le temps de capter les regards, de laisser les acteurs jouer sur les nuances. On peut voir les détails de la peau, de la crasse des vaisseaux et de chaque coin de nature que les images nous envoient. Ainsi les décors ont été soignés à l’extrême, on retrouve ici le retour voulu par l’épisode VII de tourner en décor naturel. Les premières séquences sont marquantes avec une lumière sombre qui insiste sur le côté dramatique des événements. Le ton est donné : tout est question d’ambiance ici.
Une ambiance pesante, propre à retranscrire la détresse palpable de cette rébellion qui ne croit plus vraiment en l’avenir. Le film se veut assez violent et sans concession sur les affres de la guerre. En cela, il est sombre, très sombre. Le réalisateur a compris qu’il fallait montrer cette guerre sans prendre de détour, dans sa crasse, dans son injustice. Ainsi, cet épisode est un peu différent du reste de la saga. Mais rassurez-vous, les classiques sont bien là : des combats aériens époustouflants, une montée en puissance progressive et une dernière partie qui multiplie les théâtres d’opérations pour nous en mettre plein la vue. Le scénario ? Oui ok, c’est classique, on cherche à récupérer des plans chez l’ennemi. Mais après tout, c’est un film de guerre !
Du côté des personnages, ils ont fait fort aussi. Des destins tragiques mais jamais caricaturaux s’offrent à nous. Les relations se font petit à petit sans jamais tomber dans le cliché hollywoodien. Les dialogues m’ont d’ailleurs surpris. Pas de choses trop convenues, pas de répliques grandiloquentes, juste des mots simples, sans prétention et souvent, le silence comme meilleure réponse. L’humour est présent aussi, subtilement.
Les effets spéciaux ne vous décevront pas non plus avec des petites surprises qu’on ne va pas vous dévoiler ici. En tout cas, pas de surenchère numérique, tout est fait pour servir les personnages et l’histoire. Justement, en parlant des personnages. Ne vous trompez pas, ici il n’est pas question de héros. C’est une équipe et un combat qui sont mis au premier plan, le combat vers la liberté, évidemment. Les acteurs l’ont compris aussi, le jeu est juste, sans chichis.
On pourrait tout de même reprocher une mise en place un peu longuette avec une première demi-heure qui pouvait laisser craindre une trop grande simplicité dans l’écriture. Mais tout est oublié rapidement et la fin vous scotchera, j’en suis sûr.La note de Tof : 9/10