Cela fait maintenant plusieurs années que les spectateurs français attendent avec impatience l’arrivée d’un nouveau long métrage du célèbre Martin Scorsese. Aujourd’hui, le dernier né du réalisateur américain, intitulé Shutter Island, s’invite dans toutes les salles obscures de l’Hexagone pour le plus grand bonheur des cinéphiles. Shutter Island s’avère en effet être un film particulièrement intéressant qui mélange habilement plusieurs genres, à mi-chemin entre thriller gothique et drame psychologique, doté d’un scénario prenant et d’une réalisation qui parvient à véritablement captiver le spectateur.
L’histoire se déroule en 1954, alors que les marshals américains Teddy Daniels (Leonardo DiCaprio) et Chuck Aule (Mark Ruffalo) sont chargés d’enquêter sur la disparition mystérieuse d’une patiente échappée d’un hôpital psychiatrique pour criminels dangereux. L’institution est située sur Shutter Island, un lugubre affleurement rocheux uniquement accessible en Ferry depuis Boston. Dès leur arrivée sur l’île, Daniels et Aule s’aperçoivent rapidement que le personnel de l’établissement ne leur facilitera pas la tâche. Ils doivent se débarrasser de leurs armes, ne peuvent accéder aux archives ni visiter le pavillon des criminels les plus dangereux. L’histoire de la patiente échappée apparait rapidement comme étant incohérente et les deux marshals se rendent rapidement compte que la vérité est beaucoup plus sinistre.
Shutter Island est sans aucun doute l’endroit idéal pour un thriller gothique. Une fois sur place, les deux flics deviennent en effet totalement dépendants des personnes en charge de l’établissement, et s’ils ne sont pas d’accord avec leur version des évènements, les options se trouvent très vite limitées. L’hôpital psychiatrique apparait également comme un lieu naturellement angoissant, avec ses murs en brique et ses labyrinthes de couloirs interminables. Et pour noircir encore un peu le tableau, un ouragan s’abat sur l’île peu après l’arrivée de Daniels et Aule, coupant tout accès à la terre ferme et provoquant un black out au sein des installations.
L’hôpital psychiatrique de Shutter Island est dirigé par le Dr John Cawley (Ben Kingsley, dans un rôle sinistre qui rappelle le psychopathe Don Logan du film Sexy Beast) et par son assistant le Dr Jeremiah Naering (Max Von Sydow) un émigré Allemand. Ce détail met d’ailleurs la puce à l’oreille de Daniels, influencé par son passé de GI américain ayant participé la libération du camp Nazi de Dachau dont il conserve un souvenir plutôt traumatisant. Teddy Daniels est d’ailleurs sujet à des flashbacks réguliers, de son passé militaire mais aussi de sa femme Dolores (Michelle Williams) tuée tragiquement dans l’incendie de leur ancien logement.
Shutter Island parvient à captiver le spectateur grâce à une atmosphère toute particulière créée par le véritable travail visuel effectué par Robert Richardson et la bande-son très immersive de Robbie Robertson. Et même si DiCaprio n’est pas forcément très à l’aise dans ce genre de rôle, Scorsese sait en tirer le meilleur, comme il sait le faire avec les autres membres du casting. Ainsi, Jackie Earle Haley campe un patient saisissant et Ted Levine (Buffalo Bill dans Le Silence des Agneaux) s’avère être un gardien d’hôpital très crédible. Au final, Shutter Island s’avère être un très bon film, qui peut perturber par son mélange des genres, mais qui doit être regardé dans son ensemble. Encore un succès du grand Scorsese.
Initialement publié le 24.02.10