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Sélection MaXoël de Julie : De la consommation certes… mais pour éveiller votre esprit critique !
"Quand te reverraaaaaaiiiiiiiii-jeeeeeee, pays merveilleeeeeeuuuuuuux ?"

« Où ceux qui s’aiment, vivent à deeeeuuuux ? » C’est un peu la question que tout le monde se pose, une dissolution et une censure plus tard. Allez, un mois ? Trois mois ? Six mois ? Les paris sont ouverts ! C’est d’ailleurs ce contexte politique inédit qui a inspiré une partie de cette sélection de fin d’année. Une sélection qui – bien évidemment – est placée sous le signe de l’entertainment (« comme on dit chez nos frères d’outre-Atlantique et toc ! »), mais dont le but est également de prendre du recul sur notre société consumériste en poussant à la réflexion. Oh là là, que de sérieux en cette fin d’année me direz-vous ? Eh bien, lisez avant de juger ! Sinon, mes copains dragons risquent de ne pas apprécier !

Le 9e art

Et pour commencer cette sélection, point de 7e ou de 8e art, mais un petit détour par le 9e art. Ne vous inquiétez pas, loin de moi l’idée de voler la place de Seb ou tof sur le sujet ! Simplement l’envie de vous présenter une maison d’édition engagée et qui, comme annoncé dans mon titre, éveillera votre esprit critique.

Cette maison d’édition, c’est Bandes Détournées. Elle fonctionne grâce au principe du financement participatif et propose de beaux supports au contenu aussi humoristique que politique. Le dernier né s’intitule Le Royaume aux mille réformes et il s’agit d’une BD dont vous êtes le héros/l’héroïne. Rien que le pitch officiel donne le ton : « Parviendrez-vous à organiser la convergence des luttes, et à renverser le féodalisme ?! Votre quête vous mènera de la ZAD de Sherwood aux geôles de Castel Droiteausse, des banquets social-féodalistes aux réunions secrètes de la Guilde Du Travail… dans ce livre-bédé dont vous êtes le héros ou l’héroïne, vous devrez faire preuve de charisme/sagesse/radicalité pour faire éclater la révolution ! » Et cerise sur le gâteau, vous pouvez compléter cette BD avec le jeu de cartes qui lui est associé : La lutte des castes.

Le Royaume aux mille réformes, par Emile Bertier et Yann Girard. Bandes Détournées – 11 octobre 2024.

Pour vous faire une idée plus précise de ce que Bandes Détournées propose, je vous invite à aller visiter directement leur site. Vous ne tarderez pas à comprendre de quel côté de l’échiquier politique se situent les joyeux lurons derrière cette maison, tout comme les auteurs/illustrateurs qu’ils éditent ! Et si certaines oeuvres sont épuisées sur leur site officiel, pas de panique car elles sont notamment disponibles chez une célèbre chaîne de distribution dont le nom commence par F…

Si je vous ai donné suffisamment envie de leur filer un coup de pouce, sachez que deux campagnes Ulule sont actuellement en cours. L’une d’elle concerne le deuxième volet des aventures de la gorille Koko : Koko n’aime pas le capitalisme à la plage. Pour ma part, je n’ai pas hésité une seconde à participer, étant l’heureuse propriétaire d’un premier opus dédicacé par l’auteur tienstiens en direct-live du Festival de la BD d’Angoulême 2024 !

 

Le 8e art

Continuons notre promenade sur les chemins de la réflexion politique avec ce que nous propose le petit écran. D’un côté, une guerre fratricide où tous les coups sont permis. De l’autre, une société pas si éloignée de la notre au bord de la guerre civile.

À l’été 2022, HBO nous avait ravi en nous transportant de nouveau sur le continent de Westeros et surtout en nous offrant ce que l’univers de Game of Thrones sait faire de mieux : guerres intestines et intrigues politiques. La saison 1 d’House of the Dragon est, à ce titre, clairement une réussite, parvenant à poser les fondations de ce qui précipitera la chute de la maison Targaryen. Elle s’achève au moment exact où tout bascule. Ce point de non-retour franchi par Aemond Targaryen et qui déclenche la fameuse Guerre des Dragons : « C’est ainsi que la tempête éclata, que le ciel s’embrasa et que les dragons se mirent à danser. »

La saison 2 débute exactement là où s’est achevée la précédente. Et si cette dernière était obligée d’user de l’ellipse pour faire avancer suffisamment son intrigue, la saison 2 n’en connaîtra aucune au regard de l’accélération des événements. Les Verts et les Noirs sont en guerre, cela ne fait à présent aucun doute malgré les (vaines) tentatives de temporisation. Cette nouvelle saison est incontestablement à la hauteur de la précédente, même si pour certains le spectaculaire se fait encore attendre. Pour ma part, je l’ai trouvé justement dosé : suffisamment distillé pour susciter l’intérêt pour la suite, sans qu’il soit pour autant excessif. Quant à la réflexion politique, pierre angulaire de cet univers, elle se déploie ici avec une telle finesse que certains de nos dirigeants actuels devraient en prendre de la graine. Enfin, d’un point de vue dramaturgique, le face à face entre Alicent Hightower et Rhaenyra Targaryen est un bijou de mise en scène, notamment dans le dernier épisode.

House of the Dragon (saison 2). Créée par George R.R. Martin et Ryan J. Condal. Avec Emma D’Arcy, Olivia Cooke, Matt Smith, Eve Best, Steve Toussaint, Rhys Ifans, Fabien Frankel, … Diffusée sur HBO Max du 16 juin au 4 août 2024 et sortie en DVD & Blu-ray le 20 novembre 2024.

 

« Peu à peu, il devint impossible d’échanger avec quiconque une parole raisonnable. Les plus pacifiques, les plus débonnaires étaient enivrés par les vapeurs de sang. Des amis que j’avais toujours connus comme des individualistes déterminés s’étaient transformés du jour au lendemain en patriotes fanatiques. Toutes les conversations se terminaient par de grossières accusations. Il ne restait dès lors qu’une chose à faire : se replier sur soi-même et se taire aussi longtemps que durerait la fièvre. » Le Monde d’hier, Stefan Zweig.

Une soirée de remise de trophées du football français. Un coup de tête. Une insulte : « Sale Toubab ». Et le monde médiatique s’embrase. Mise en place d’une stratégie de communication de crise pour les uns, instrumentalisation politique pour les autres. Tandis que les premiers cherchent à faire redescendre la fièvre, l’objectif des seconds est de l’alimenter.

Diffusée entre la mi-mars et la mi-avril, La Fièvre faisait figure de série politique d’anticipation. Depuis le soir du 9 juin 2024, la réalité a rejoint la fiction. Certes, le scénario diffère quelque peu. D’un côté l’agression d’un entraîneur d’une équipe de football par son joueur fétiche, de l’autre la dissolution par le Président de la République de l’Assemblée nationale. Les deux scénarios mènent pourtant à un seul et même résultat : l’embrasement de la société. Éric Benzekri, le scénariste de La Fièvre, expliquait d’ailleurs dans une interview à la sortie de la série que quand « on n’arrive plus à voir le réel, alors il faut de la fiction ». Notre réalité actuelle, mise en exergue très justement par La Fièvre, est que nous vivons dans une société au bord de la guerre civile. Une guerre civile en mesure d’être déclenchée à la moindre étincelle. Le milieu des communicants joue ici un rôle central, car il est tout aussi capable d’éteindre la naissance de l’incendie que de l’alimenter.

Tout comme Baron NoirLa Fièvre interroge les pratiques politiques d’hier et d’aujourd’hui, autant que la fabrique de l’opinion par les médias et la montée des mouvances identitaires. Surtout, elle met en avant un concept, celui de la « fenêtre d’Overton » dont le principe est qu’une idée, selon le contexte, peut devenir plus ou moins politiquement acceptable. Ou comment faire évoluer la question du droit du port d’armes en France de totalement impensable à radical, puis acceptable, raisonnable, populaire… et finir par en faire une politique publique.

Difficile de ne pas faire le parallèle avec l’idéologie d’un parti politique dont les initiales sont les 18e et 14e lettres de l’alphabet. Impossible de ne pas penser aux mots de Philippe Rickwaert venant conclure ces six épisodes : « On en est où ? Avant ? Juste avant ? Longtemps avant ? Ou alors ça a déjà commencé ? La guerre civile. Est-ce que vous pensez qu’on peut s’en sortir ? ». Réponse dans les urnes à la prochaine dissolution / au prochain référendum / à la prochaine présidentielle (rayez la mention inutile).

La Fièvre, créée par Éric Benzekri. Avec Nina Meurisse, Ana Girardot, Benjamin Biolay, Alassane Diong, Xavier Robic, Kad Merad, … Disponible depuis le 18 mars 2024 sur Canal+ et en DVD depuis le 24 avril 2024.

Et sinon, pour conclure sur le petit écran avant d’enchaîner avec le grand, deux séries dystopiques et éminemment politiques sont actuellement diffusées sur les plateformes de streaming : la saison 2 de Silo (Apple TV+) et Dune : Prophecy (HBO Max).

 

Le 7e art

Et j’ai ma transition toute trouvée pour vous parler DU film de 2024 à glisser sous le sapin, j’ai nommé Dune – Part Two, du nouveau maître incontesté de la S-F : Denis Villeneuve.

Sorti sur nos écrans noirs le 28 février 2024 et DVD & Blu-ray le 10 juillet 2024, le second volet de la fresque de Denis Villeneuve surpasse à mon sens le 1er, qui était déjà un immense film. Et quand on se souvient que Le Retour du Roi de Peter Jackson a égalé le record de Titanic en remportant à l’époque 11 Oscars, il paraît inimaginable que le talent de réalisateur de Denis Villeneuve ne soit pas récompensé, tant il parvient à effacer la frontière entre film à grand spectacle et film d’auteur, à allier la forme et le fond. Et c’est exactement ce que l’on attend du cinéma finalement : qu’il soit à la fois capable de nous divertir et de nous faire réfléchir.

Dune – Part Two, réalisé par Denis Villeneuve. Avec Timothée Chalamet, Zendaya, Rebecca Ferguson, Josh Brolin, Javier Bardem, Dave Bautista, Florence Pugh, Stellan Skarsgård, Christopher Walken, Léa Seydoux, Souheila Yacoub, Charlotte Rampling, Austin Butler, …

Quoi, c’est tout ? Pas de panique, je vous concocte d’ici la fin de l’année une petite sélection ciné de films à retrouver actuellement en salles, histoire de vous échapper de ces longs repas de famille qui jalonnent immanquablement cette période festive !

Et puis parce qu’il me paraissait inconcevable de ne pas rendre hommage au premier du Splendid à partir, le meilleur d’entre eux (pour paraphraser Chirac) :

Salut Michel ! Et bon bout d’An à tous les autres !


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