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Bonbons et tendres démons, l’univers de Nicoletta Ceccoli

Après le remarqué et remarquable Beautiful nightmares déjà publié chez Soleil dans la luxueuse collection Venusdea en 2011, l’artiste saint-marinaise Nicoletta Ceccoli nous présente aujourd’hui une partie de ses travaux réalisés principalement en 2012. Regroupés en quatre chapitres (Toy Stories, Eat me Drink me, Heavenly Nightmares et Almost Alice), les œuvres reviennent sur la thématique de la jeune fille et de la perception des changements, de la perte de l’innocence et de cette idée force que notre monde navigue dans un entre-deux difficile à saisir…

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DaydreamsLe regard perdu vers un/des ailleurs assurément mystérieux angoissants voire anxiogènes. La jeune fille joue dans des lieux surdimensionnés pour elle. Si son territoire semble vaste ses envies sont bien moins affirmées. L’évident ne transparait pas des scènes dépeintes. Pas de joie ou de tristesse apparente mais un entre-deux bien plus complexe. Cet entre-deux fonde l’univers construit patiemment par Nicoletta Ceccoli qui explique qu’elle compose ses œuvres comme dans un rêve : J’ignore l’endroit où je suis en train d’aller, sinon je pourrais perdre le fil. Mes œuvres sont enfantines, poétiques et dérangeantes, elles jouent avec les contradictions, comme le pendant sombre d’une comptine ou d’un rêve paisible où pointe l’obscurité. La culpabilité répond ainsi au plaisir, l’assurance au doute, la joie au chagrin, comme une bascule nécessaire, comme si de chaque situation du quotidien devait naitre une forme d’apprentissage de la vie avec deux pôles bien distincts. La petite fille grandit. Elle change et découvre l’univers dans lequel son rôle et sa physionomie mutent dans des proportions mal définies. Le passé reste au passé, l’avenir, lui, paraît encore trouble ou troublé par on ne sait quelle affection qui devient, pour la jeune fille, une montagne quasi infranchissable dont les rares chemins pentus mènent vers des no man’s land tout aussi touffus, embrouillardés et inquiétants. Seule dans son univers, accompagnée uniquement de ses jouets, de ses sucreries et de monstres tentaculaires aux formes peu avenantes, la jeune fille développe des volutes de sensualité presque imperceptibles dont elle n’a pas conscience mais qui démontrent que la vie suit malgré tout son cours. Un cours semé d’embûches d’angoisses, de nostalgie, de mélancolie qui soutient en permanence cet entre-deux, cette bascule de la jeune fille pas encore adulte mais plus tout à fait enfant.

Le travail de Nicoletta Ceccoli conserve une grande homogénéité qui en fait sa force. Chaque œuvre prise individuellement renforce la suggestion qui se développe dans chacune des autres. A nous de saisir les éléments qui fondent l’univers et qui, de manière fine et délicate, telle une dentelle graphique, nous permettent de mieux l’appréhender. La lecture de chaque œuvre de Nicoletta Ceccoli se fait en plusieurs vagues. Par reprises successives, en laissant le temps mûrir chaque scène et développer en nous sa fantasmagorie. Cette lecture ne laisse pas indifférent en ce sens que l’artiste touche au sensible, à ce qui est enfoui au plus profond de lui mais aussi de nous. Cela peut déplaire à celui qui attend sagement des réponses toutes faites, cela peut captiver au contraire celui qui aime doper de stimuli son imaginaire, pour l’aider à construire, voire à enrichir, son propre univers, ses propres craintes, ses doutes et ses nécessaires espoirs…

Nicoletta Cecolli – Daydreams – Soleil/Venusdea – 2013 – 27,50 euros


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