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Calendrier de l’Avent ‘Lectures’ : Les Yeux Doux de Corbeyran et Michel Colline (Glénat)

Corbeyran œuvre à nous conter des histoires depuis le début des années 90. Des travaux de commandes parfois, des récits mainstreams mais aussi, et peut-être de plus en plus ces derniers mois, de véritables projets personnels dans lesquels il réconcilie avec la culture populaire. Les Yeux Doux est de ceux-là !

 

Lorsqu’on pense aux sociétés dystopiques, quelques œuvres de fiction viennent tout de suite en tête : 1984 d’Orwell, Métropolis de Fritz Lang, Nous autres de Zamiatine, Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, Ravage de Barjavel ou encore le Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. La dystopie peut se voir comme le contraire, le pendant de l’utopie. Dans les récits qui s’inscrivent dans ce sous-genre de la SF/anticipation (principalement), les sociétés qui, sur le papier, veulent le bonheur des membres qui la composent sont organisées de telle façon à parvenir à l’effet inverse. Privés de libertés, les hommes et les femmes qui y évoluent sont placés en permanence sous le regard inquisiteur d’une gouvernance bien plus adepte de la terreur que d’une volonté de proposer bonheur et quiétude à ses sujets.

Dans Les yeux doux, les hommes et les femmes se résument en de simples rouages interchangeables d’une machinerie inarrêtable. Produire, ne jamais contester l’autorité, surveiller et dénoncer les déviants, autant de valeurs qui forment le socle de valeurs de ce monde fermé sur lui-même. Un monde recroquevillé dont la perspective, la ligne de vue, se résume à peu de choses. Un jour Arsène commet l’irréparable. Alors que la chaine de montage tentaculaire de L’atelier universel sur laquelle il travaille s’enraye, le jeune homme décide d’appuyer sur le bouton rouge de sécurité. Stopper les machines, une faute grave passible d’un renvoi immédiat, plus que cela, d’un effacement pur et simple du système… Sa sœur Annabelle avec qui il partage un petit appartement va bien tenter de prendre le relai et de subvenir aux besoins de la fratrie mais son premier essai ne sera pas des plus concluants. Prise la main dans le sac d’un vol de pomme à l’étalage par les yeux doux, ce système de caméras de surveillance caché derrière des panneaux de pin-up aux formes généreuses, placardés sur chaque façade d’immeuble, elle ne devra son salut qu’à Anatole, employé à surveiller la ville et à dénicher les menus larcins…

Si le sentiment d’enfermement se fait très prégnant voire oppressant dans les premières pages du récit, dont les cases sont posées sur un fond noir, l’histoire devient au fil de son avancée, toujours plus lumineuse. En partie car une empathie se crée réellement autour de personnages malmenés qui ne demandent qu’à vivre dans le respect de ce qu’ils sont. Poussés dans leurs derniers retranchements, ils découvriront qu’une autre alternative à cette société cauchemardesque existe, mais, pour qu’elle prenne corps et se renforce, ils vont devoir la défendre. Quitte à mourir, autant le faire pour ses convictions…

Avec Les Yeux Doux, Corbeyran démontre une nouvelle fois qu’il sait (aussi) proposer des récits très personnels, qui parlent à beaucoup d’entre nous, le tout avec simplicité et un amour profond du neuvième art dont il exploite toutes les possibilités. Dans ce contexte le dessin de Michel Colline fait merveille, avec un trait et des couleurs qui densifient et humanisent un monde qui ne demande qu’à éclore… Un livre à lire, relire et partager !

Scénario : Corbeyran – Dessin : Michel Colline – Les Yeux Doux – Romans graphiques – Glénat – Août 2024


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