Cette semaine deux comics. Le premier est le 3ème volume de la série Masqué qui est une production française ! Pour le coup, nous vous proposons une double chronique avec Seb. Le deuxième est la suite de l’excellent Rising Stars que nous avions chroniqué ici.
Scénario : Serge LEHMAN
Dessin : Stéphane CRÉTY
Collection : NEOPOLIS
Format : couleurs, 48 pages
Editeur : Delcourt
ISBN : 978-2-7560-2985-6
Web : http://www.editions-delcourt.fr
L’histoire : on retrouve notre ami Braffort. Il est entré au service de Beauregard, le super préfet de Paris. Notre héros semble faire confiance à cet homme qui est louche par dessus-tout. Il est un politicien habile, on ne ne peut pas en douter. Braffort commence à douter justement et c’est au moment où Beauregard demande à Frank d’espionner les services de la mairie et de la police que tout bascule. Le masqué apprend que la foule se presse à Notre Dame, une belle surprise l’y attend…
L’avis de tof : Masqué continue à nous envoûter avec son ambiance parisienne. Les ficelles des complots se nouent pour notre plus grand plaisir. On aime aussi le cynisme des personnages, la manière dont les tromperies se multiplient. On peut d’ailleurs signaler que les auteurs misent plus sur ces personnages, sur cette ambiance que sur le scénario. Ainsi Braffort a vraiment des problèmes de conscience. Doit-il continuer à bosser pour le préfet dans le but de faire de Paris une vraie capitale ou doit-il écouter ses sentiments ? Ses pouvoirs ne doivent-ils pas être mis au service de la population d’abord ?
Celui-ci n’est effectivement pas un modèle de complexité, on sent comme une forme d’attente avant le dernier volume de la série. On a là un fort potentiel autour d’un dénouement probablement explosif. Concernant les graphismes, le travail sur le dessin est de très grande qualité. Le style est moderne et l’encrage participe pour beaucoup à l’ambiance sombre de la BD.
L’avis de Seb : avec le troisième volet de cette série originale qui évolue en lisière du comics et du franco-belge, Créty et Lehman décident d’introduire dans le récit un volet de réflexion sur les enjeux de l’engagement. Le Préfet mégalomane Beauregard demande à Frank Braffort, l’ancien soldat devenu son homme de main de reprendre du service pour essayer de contrecarrer les desseins de Michèle Caprice qui tient une réunion liée à un rapport mettant en cause ses agissements. Braffort de par sa formation militaire a toujours dû se contenter d’obéir aux ordres de ses supérieurs.
Dans cet opus, le retour de ses parents pour les fêtes de Noël va permettre d’amorcer une remise en cause profonde. Cela passera par une charge cinglante de son père qui ne comprend pas son engagement car, lui qui mène des actions humanitaires loin de France, ne peut concevoir que son fils travaille dans l’équipe d’un Préfet fascisant.
Braffort acceptera malgré tout la mission de Beauregard mais avec cette retenue qui se lit dans la façon même qu’il a de se mouvoir, d’appréhender son rôle. Car le simple pion qu’il est pourrait influer sur le sort de millions de personnes placées entre des mains tyranniques. Pourrait-il le supporter ? Ce troisième volet joue sur cette dualité classique entre le bien et le mal et surtout sur la possibilité de renverser les choses, de se remettre en question lorsqu’on s’aperçoit que nos agissements vont à l’encontre de nos valeurs. Il introduit aussi l’idée que les apparences sont parfois trompeuses et que ce qui est vu ou perçu d’une situation n’est pas foncièrement la situation mais ce que notre perception en garde, parasitée qu’elle est par notre background de valeurs. Ce n’est pas nouveau ou révolutionnaire mais cela se lit plutôt bien.
La description hivernale d’un Paris rétro-futuriste qui prend pour cadre le parvis et les travées de Notre Dame donne une portée plus émotionnelle à l’enjeu qui se noue dans ce troisième volet et permet d’attendre un dénouement qui devrait être à la hauteur des espérances des lecteurs assidus de cette série !
Appréciation :
Scénario : J. Michael STRACZYNSKI
Dessin : Christian ZANIER, Ken LASHLEY, Brent ANDERSON, Stuart IMMONEN
Collection : Contrebande
Format : couleurs, 197 pages
Editeur : Delcourt
ISBN : 978-2-7560-2942-9
Web : http://www.editions-delcourt.fr
L’histoire : les spéciaux, autrefois protégés par les états se retrouvent dans une situation peu enviable. Ils ne sont pas pourchassés, ça non, simplement on les craint, on les envie, on les jalouse… Les sentiments sont mitigés en quelque sorte. Il y a ceux qui se cachent aussi, ceux qui luttent politiquement pour retrouver la paix avec les normaux et ceux qui bossent dans les services de sécurités de différentes firmes. Et puis il y a Maas Critique qui a pris possession de Chicago avec ses mercenaires. Elle est redoutable et personne n’a de nouvelles de la belle cité. Le dénouement de la situation va passer par la mort du doc, celui-là même qui s’est occupé des spéciaux depuis leur tendre enfance. Cette mort va pousser John à unir ces spéciaux pour que leur pouvoir ne soit pas le gâchis égoïste qu’il est aujourd’hui.
Notre avis : il faut bien avouer que l’effet de surprise est un peu passé. Le premier tome nous avait charmé par la découverte des spéciaux, par leur intégration dans la société et par l’approche non conventionnelle du mythe des super-héros. Cela dit, l’intrigue nous implique toujours autant avec un discours mature sur la différence, sur la responsabilité associée aux pouvoirs et sur la crainte que chacun nourrit envers l’autre. Au moment où les héros décident d’unir leurs forces pour aider le monde, on peut aussi se poser la question de la pertinence de cette décision. Ce questionnement implique le lecteur et on aime ça. Le rythme vous prend à la gorge et les morts et sacrifices ne sauraient vous laisser indifférents. Les personnages gagnent aussi en profondeur, on aime les dilemmes et autres prises de conscience. Le dessin est classique au possible mais il sert plutôt bien le récit. Il semblerait que l’opposition entre spéciaux et normaux ne fasse que commencer et ce n’est pas pour nous déplaire … Voilà donc une bien belle suite même si le tome 1 nous avait laissé une plus forte impression.
Appréciation :