On retrouve notre duo Brubaker/Phillips et, encore une fois, il s’agit d’un polar bien bien sombre. 

Night Fever

Jonathan Webb est en voyage d’affaires. Nous sommes en 1978, à Paris. C’est là que se tient un salon littéraire et Jonathan a fait le voyage depuis les US. Il est là pour vendre les manuscrits qu’il estime avoir de l’avenir. Mais notre compère n’est pas vraiment heureux, malgré sa femme et ses enfants qu’il aime, il a le sentiment d’avoir tout raté. Et notamment, il voulait être écrivain et il n’a pas réussi. C’est sûrement pour cela qu’un soir il décide de suivre un couple masqué dans les rues sombres de la capitale. Cela débouche sur une sorte de club fermé et Jonathan arrive à entrer en se faisant passer pour quelqu’un d’autre. Il a envie d’aventure, c’est évident. Il va en avoir, le lieu est un endroit de luxure, de jeu, de dépassement des limites. Il se met à jouer au Poker et il gagne. Tout va bien pour lui jusqu’au moment où il se fait renverser pas une voiture dès qu’il met le pied dehors. 

Voilà une plongée dans une vie ordinaire, trop probablement, qui va basculer dans l’extraordinaire. Ed Brubaker arrive à nous tenir en haleine jusqu’au bout, il maintient une forme d’angoisse, celle de voir cet homme passer d’une vie tranquille à une descente aux enfers. On nous propose aussi de nous pencher sur la part d’ombre qui est en chacun de nous. C’est comme s’il s’agissait une démonstration qui nous montrerait à quel point la ligne est ténue entre une vie rangée et une vie de méfaits. J’ai beaucoup apprécié aussi cette immersion dans le Paris de la fin des années 70, c’est aussi cela le talent du duo Brubaker/Phillips. Le trait est encore une fois parfait pour nous plonger dans la pénombre de ce polar. 

Scénario : Ed Brubaker– Dessins : Sean Phillips – Delcourt – Contrebande – 112 pages – octobre 2023 – prix 16,95 €