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La BD du jour : La faute de Sztanke & Chabert

Hier encore la Corée du Nord ne laissait personne pénétrer sur son territoire, de peur que le choc des cultures ne perturbe une population qui se devait d’être sous contrôle. Aujourd’hui les choses changent lentement même si le fond du problème, à savoir le totalitarisme, reste la règle. Voyage en Corée du nord, où l’improbable se fait pourtant bien réel…

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La fauteEntrer en République populaire démocratique de Corée relève du parcours du combattant pour celui qui désire s’y rendre. D’autant plus s’il revendique un métier jugé potentiellement dangereux pour le régime en place comme peut l’être celui de journaliste. Il est un fait néanmoins que la Corée du Nord tente de s’ouvrir au monde et, même si cette ouverture reste toute relative et sujette à caution quant à ses véritables intentions, pénétrer sur ces terres longtemps inaccessibles mérite bien d’en rendre compte. Michaël Sztanke, journaliste spécialiste de l’Asie en a fait l’expérience au tournant des années 2010 lors d’un séjour réalisé dans la capitale Pyongyang. Ce documentaire graphique se fonde sur ce que le journaliste a véritablement vécu en Corée du Nord sur une dizaine de jours. Seul l’élément qui trace la trame de cet album – à savoir la perte d’un badge à l’effigie du leader du parti par le guide officiel de Michaël Sztanke délégué par le Ministère des Affaires Etrangères – relève de la pure fiction. Cet élément qui permet de lier certaines parties entre elles ne change en rien le fond du propos porté par le scénariste.

L’album s’ouvre sur les funérailles de Kim Jong-Il, mort en décembre 2011. Funérailles nationales. Intronisation de Kim Jong-Un. Le cadre politique est posé. Puis s’affiche en gros caractères sur fond rouge une des règles incontournables du régime en place : Chaque citoyen Nord-Coréen a l’obligation de porter le badge des leaders à son veston. Chol Il, le guide attaché à Michaël Sztanke ne retrouve pas le sien alors que son employeur l’invite à le rejoindre. Cette faute impardonnable le suivra dès lors comme une tare, chacune de ses actions devenant sujette à caution. L’homme acculé continuera son job et prendra en charge les hôtes européens dans la ligne imposée par le Ministère des Affaires étrangères, c’est-à-dire en présentant uniquement la face montrable de la capitale. Rien n’est laissé au hasard et le guide s’exécute de manière honorable mais sous la pression permanente de ses supérieurs parviendra-t-il à regagner leur confiance ?

Dans La Faute Michaël Sztanke présente sans porter de jugement hâtif les travers du régime nord-coréen. Un pays qui, tout en voulant s’ouvrir au monde pour prouver les progrès de sa démocratie, expose au contraire ses tendances les plus radicales. Les libertés sont en permanence bafouées et le totalitarisme gagne du terrain chaque jour dopé par les mégalomanies de son dirigeant. La population qui vit dans la peur permanente a depuis longtemps basculé dans la paranoïa aiguë, une paranoïa qui semble ne pas pouvoir libérer un peuple dont l’avenir parait bien sombre. Le dessin d’Alexis Chabert se mêle parfaitement au ton du récit. Simple, sans fioritures, il s’autorise quelques glissandos graphiques qui rompent le thème général. Des ouvertures de chapitre en pleine page qui laissent se tisser des histoires parallèles, des échappatoires qui démontrent aussi que le dessinateur peut alterner les techniques et les approches. Un album qui arrive à ses fins.

Sztanke/Chabert – La faute, une vie en Corée du nord – Delcourt/Mirages – 2014 – 15,95 euros


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