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La BD du Jour : Un peu de bois et d’acier de Chabouté (+ Interview)

Avec son titre en trompe l’œil, le dernier album de Chabouté, Un peu de bois et d’acier, renferme bien des messages à lire au regard de nos expériences respectives. Le futile y devient cette sève nourricière capable de nous redonner la vue sur un passé pas si lointain où prendre son temps et observer ce qui se passe autour de nous demeurait la meilleure chance de comprendre le monde…

Un banc posé dans un parc. Un simple banc pour beaucoup dont la signification ne dépasse pas les limites de sa fonction. Et pourtant ce qui n’est au premier regard qu’un simple mobilier urbain devient, si nous prenons le temps de l’observer, un véritable négatif de notre société, un point d’attache, un générateur d’histoires du quotidien. Certains d’entre nous passeront leur chemin en arrivant à sa hauteur, d’autres pourtant retrouveront leurs habitudes et ils sont nombreux : le clochard à la recherche d’un lieu de repos, la retraitée venue y lire son roman, le joggeur qui a besoin d’un point d’appuis pour ses étirements salvateurs en fin d’exercice, tout autre personne y parcourant le journal du jour, ce chien aussi qui a prit ses habitudes sur ce pied et les enfants qui y découvrent la vie et la grave parfois à jamais dans le bois.

Un peu de bois et d’acier. Presque rien. Si peu. Le titre possède la modestie qui sied à son sujet. Notre regard devra réapprendre à observer la vie, prendre le temps de pose, défier l’écoulement de cette clepsydre qui s’assèche si vite. A l’heure du développement exponentiel des réseaux à grande vitesse, à une époque qui érige l’instant présent en monnaie de référence de l’organisation de nos vies respectives, le banc public devient cet objet un tantinet anachronique, sans utilité ou si peu. Pourtant il est bel et bien là, souffre l’hiver de la neige venu le défier et des rayons acérés du soleil en plein été. Il défie le temps.

Chabouté a pris l’habitude de nous surprendre dans ses projets. Par les sujets, la remise en question permanente qui s’érige chez lui en stimuli pour sa création, par cette envie parfois de s’inscrire à contre-courant, de venir sur les chemins où on ne l’attend pas. Avec Un peu de bois et d’acier il réaffirme haut et fort son double besoin de simplicité et d’humanité. Le banc devient donc le moyen d’inscrire ses préoccupations du moment dans le temps, de poser une balise, de surprendre voire de faire réagir. L’absence de dialogue participe à la mise en ambiance. Notre lecture viendra suivre les traits du dessin pour y puiser nos propres histoires construites aux forceps de nos imaginaires. Des personnages passent, d’autres reviennent et construisent l’histoire d’un lieu. A nous d’y chercher les clefs, les petites choses insignifiantes qui forment, une fois assemblées, un sens ou une piste vers laquelle nous pourrions tendre. Un peu de bois et d’acier. Presque rien. Si peu. Pas si sûr…

Chabouté – Un peu de bois et d’acier – Vent d’ouest – 2012 – 30 euros

 

Interview de Chabouté


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