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MaXoE Festival 2023 : La Sélection BD Européenne

Cette année la création de récits franco-belges a mis en avant quelques projets qui feront date. Des œuvres marquantes qui restent gravées dans les mémoires, si bien qu’il n’a pas été si difficile de les isoler en ce début d’été 2023 pour le MaXoE Festival !

 

Pour commencer, que dire du poétique et (légèrement) fantastique La Petite Lumière de Grégory Panaccione. L’auteur, comme à son habitude, aime développer des récits à forte pagination qui laissent s’imposer une atmosphère toute particulière. Il y parvient une nouvelle fois avec cette petite lumière aperçue au loin par un homme qui va tenter d’en savoir plus…

 

Projet pharaonique débuté il y a près de dix ans maintenant, Révolution de Grouazel et Locard accouche d’un second tome. En deux volets cette fresque immersive qui se place au près d’un peuple déterminé, en est déjà à plus de 600 planches et le parcours est encore long…

 

Xavier Dorison produit toujours son lot de projets annuels, avec cette faculté de ne jamais baisser en qualité. Dans 1629 ou l’Effrayante Histoire des Naufragés du Jakarta, il revient sur un épisode tragique survenu au dix-septième siècle à bord du Jakarta affrété par la puissante Compagnie hollandaise des Indes orientales. Mais ce qui devait n’être qu’un trajet maritime comme tant d’autres va très vite virer au cauchemar alimenté par une mutinerie, des tortures et assassinats avec pour point d’orgue un naufrage comme le révèle le titre de l’album. Le tout présenté dans un livre somptueux que l’on aime prendre en main. 

 

Après la parution début 2022 d’un premier opus volumineux (Stigma, 736 pages chez Casterman), Quentin Rigaud nous propose avec Mortesève un nouveau récit décomposé en série dont le premier volet pose le cadre. Par le regard d’Avine, l’héroïne du récit, le lecteur se voit invité à saisir le fonctionnement de cet univers singulier proche de la fantasy, très poétique, dans lequel les dieux baptisés « instruments » semblent dévisser. Dans ce cadre foisonnant, Quentin Rigaud place quelques-unes de ses préoccupations du moment, notamment environnementales.

 

Antonio Zurera Aragón n’est pas franchement connu dans la sphère du neuvième art puisque le vétéran espagnol a surtout œuvré dans l’animation avant de s’atteler à écrire Marécage. Pour être honnête, la proposition qu’il nous fait laisse sans voix. Le graphisme d’une luxuriance extrême se complète d’un découpage dynamique dans lequel les personnages anthropomorphes à têtes de boucs, de rats, de renards se font hyper expressifs. On y découvre une histoire sombre de succession royale qui tourne au vinaigre et dans laquelle une jeune fille de sang royal, encore bébé, menacée de mort, se voit protégée par un homme qui se réfugie avec elle dans un marécage habité d’êtres étranges… Somptueux !

 

Les Humanoïdes Associés ont eu la meilleure idée de la décennie en rééditant l’intégrale d’un auteur oublié du plus grand nombre et sûrement sous-estimé, à savoir Michel Crespin. « Dans le livre Marseil il y a des hommes de bonne volonté qui essaient de refaire le monde, et l’odeur du foin fraîchement coupé ». Le texte qui accompagne la 4ème de couverture de la première édition en couleurs de Marseil en 1982 dit beaucoup en une seule phrase. Ce qui formera au final une saga inachevée parlera de refaire le/un monde. Un monde frappé par une apocalypse nucléaire comme d’autres univers fictifs avant lui. Un monde fait de ruines mais aussi d’espoirs, dominé par des hommes et des femmes forts, habités d’une capacité de résilience hors norme, d’une propension à l’oubli aussi, à l’image des noms des villes écorchés à vif. Dans une conscience d’un monde changeant, d’une nécessité de se reconnecter, aux hommes et à cette nature égratignée, cette série connue sous le titre Marseil Armalite 16 mérite lecture et relecture…

 

Les Chasseurs de sève a été écrit il y a une trentaine d’années par Laurent Genefort avec l’idée de composer un récit de SF dépouillé de technologie. Alexandre Ristorcelli s’approprie cette histoire dans laquelle la nature est au cœur de l’univers, au travers d’un arbre-monde qui se suffit à lui-même et ne laisse apparaître rien d’autre que sa végétation généreuse : ni ciel, ni horizon lointain. En partant de cette matière, le dessinateur revisite l’œuvre originale en restant proche de l’idée de départ tout en composant avec les contraintes notamment un huis-clos qui, graphiquement, pose des soucis de perspective, tout comme il oblige à densifier le cadre végétal. Une superbe découverte !

 

Dans les deux premiers tomes de La Chute, Liam, un homme résidant dans la ville de Berne voyait son monde s’effondrer à la suite de la propagation rapide d’un virus ravageur pour lequel les autorités et l’armée, dépêchée d’urgence pour le contenir, ne parvenaient pas à assurer et à préserver la quarantaine tout comme ils ne parvenaient pas à endiguer les vagues de violences qui s’abattaient sur la ville. Avec ce troisième tome, Jared Muralt nous démontre que, quand tout va mal, la lueur d’espoir n’est pas forcément évidente à (re)trouver, mais qu’elle existe, encore faut-il regarder dans la bonne direction. Le dessinateur poursuit son sans faute en démontrant sa capacité à multiplier les cadres et les contextes avec aisance, crédibilisant son propos dans une série parvenue à mi-chemin.

 

Adeptes des adaptations littéraires (Boris Vian, Céline), les frères Brizzi nous démontrent avec leur relecture de L’Enfer de Dante toute leur capacité à faire croître la dramaturgie du récit, dans une composition que n’aurait pas renié Gustave Doré, qui peut se voir comme une proposition hybride, mi-BD mi gravure. Proposé en grand format (24 x 33,5 cm) les planches en gaufriers alternent avec des pleines planches somptueuses. Magnifique en tous points ! 

 

Dans un album à la pagination généreuse, Guillaume Singelin livre avec Frontier un univers d’une richesse sans fin. A partir d’un monde – terrien – qui dévisse, il met en scène l’exploration spatiale dans ce qu’elle a de plus vil, à savoir la recherche et le pillage des minerais issus des autres planètes. Il confirme surtout un talent exceptionnel qu’il place au service d’un récit qui pose ou évoque quelques-unes des thématiques phares de la SF contemporaine (terraformation, exploitation des ressources, mainmise des grandes sociétés qui se substituent aux Etats, pollution…) Un univers riche qui déborde d’inventivité et de promesses. Une des claques de l’année…

 

Après avoir travaillé sur la série Conan Le Cimmérien, Robin Recht livre un épais volume de 100 planches qui s’insère dans l’univers de Thorgal. On y découvre un héros au seuil de sa vie, meurtri par la mort de sa femme Aaricia. Tandis que le guerrier enflamme d’une flèche l’embarcation de son épouse, Nidhogg, le dieu serpent, lui apparait. Il lui propose de revenir dans le passé pour revoir une dernière fois Aaricia. Un voyage dans le temps qui ne s’annonce pas sans dangers, dont l’un d’eux serait de modifier l’histoire de la vie du héros… L’exigence et la richesse des détails, les changements de rythmes et les cadres nordiques somptueux immergent le lecteur dans une histoire qui plaira non seulement aux fans de Thorgal mais aussi aux lecteurs de récits épiques !

 

Midnight Tales a vu le jour il y a cinq ans maintenant sous la houlette d’un Mathieu Bablet qui voulait s’extraire de sa zone de confort pour travailler dans un domaine qui l’inspirait, mêlant ésotérisme et épouvante lovecraftienne. Dans ce nouvel album épais de 272 pages qui se pare de magnifiques enluminures dorées, Mathieu Bablet convie huit dessinateurs à le suivre sur des scénarii écrits par lui, avec toujours cette idée d’histoires d’une trentaine de planches séparées par des documents recontextualisant la sorcellerie dans l’histoire et dans différentes cultures. Pour lier les histoires entre elles, Mathieu Bablet opte pour un fil conducteur construit autour de deux sorcières déjà présentes dans Midnight Tales, à savoir Johnson et Sheridan dont la mission est de neutraliser leurs consœurs dont les pouvoirs deviennent trop puissants et qui pourraient représenter un danger pour le monde et pour elles-mêmes. Un must have !

 

Douze propositions fortes pour une année 2022/2023 inspirée. Faites votre choix !


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