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Sélection MaXoël de Seb : Des BD dans la hotte (1/2)

Vous n’avez pas encore fait vos derniers achats de Noël et vous manquez d’inspiration dans le rayon BD de votre librairie indépendante préférée ? Alors suivez nos conseils de lecture. De beaux récits, dix en tout, qui, tous à leur manière restent dans l’esprit du conte, capables d’alimenter la machine à rêves ! Un deuxième article de dix autres conseils de lecture viendra compléter ce premier article d’ici la Saint-Sylvestre, pour donner des idées à ceux qui disposeront de belles étrennes !

La couverture invite à elle seule au voyage. Un baobab à large tronc s’élève à proximité d’un village africain fait de quelques cases agglomérées. Sous l’arbre qui occupe le centre de l’image un être recouvert de paille portant un masque semble observer la nuit sous l’éclairage diffus offert par une pleine lune. Aduna parle d’Afrique, des personnes qui y vivent et développent un autre rapport à leur environnement immédiat, comme ils entretiennent une relation différente au temps. Le passé et le présent occupent le centre de la vie tandis que le futur se matérialise dans la transmission. Dans ces terres désolées et arides la nuit et le jour peuvent se lire comme des faces distinctes qui nourrissent une mythologie et des coutumes propres, pourtant, lorsqu’on y pénètre de façon plus attentive et sensible, en tentant de comprendre l’agencement des choses, émerge une réalité bien plus complexe, qui unis les actes et les personnes. Dans un album hors du temps proposé dans un format à l’italienne qui offre une profondeur de champs parfois saisissante ByMöko livre en quelques pages, augmentées de textes qui visent à l’essentiel, un ouvrage subtil qui se veut autant une porte d’entrée dans la culture africaine qu’un plaidoyer pour reconsidérer notre vision et notre compréhension du monde. 
ByMöko – Aduna – Soleil/Noctambule

 

Elles sont iconiques, laconiques, joueuses, dominantes, dominatrices, sûres de leurs charmes, passionnées, changeantes, fières, distinguées, secrètes, offertes, elles aiment se lover dans des draperies suaves, dans les eaux fraiches et tumultueuses d’un ruisseau, sous des cascades bouillonnantes d’écume, elles sont lascives ou rebelles, méditatives ou difficiles à comprendre. Elles peuvent être tout cela à la fois et leur beauté, offrande à la face du monde, traverse les âges, les siècles, les horizons et les latitudes. Manara aime les femmes, et nous ne pouvons pas lui en faire le reproche. Dans chacun de ses projets et depuis le début de sa carrière, elles ne sont jamais à la périphérie de l’image, en second plan ou offertes en décor, mais occupent le centre de l’image et des regards. Dans un beau livre lourd et au format généreux, autant dans sa dimension que dans la volumétrie des pages, les éditions Glénat offrent aux fans de l’artiste et aux amoureux de belles femmes de quoi écarquiller leurs paupières. Mention spéciale au dernier chapitre consacré par le dessinateur italien aux femmes restées au front durant les confinements liés à la COVID, qu’elles soient infirmières, docteures, policières, caissières ou dévouées à d’autres tâches au service des autres. Seul petit regret, l’absence de texte qui laisse le lecteur sans repère sur ces belles naïades exposées au fil des pages. Un livre à ne jamais laisser s’empoussiérer dans les étagères de sa bibliothèque.
Milo Manara – Passion Femmes – Glénat

 

Parce qu’ils étaient des satires assez violentes de la politique et des mœurs de leur époque, les voyages de Gulliver, s’ils furent écrits en 1721, puis retouchés par la suite, connurent une vie faite de censures et de mépris, de vives critiques et d’incompréhensions. Récits de voyage pour certains, contes, ils possèdent surtout une portée philosophique d’où se détache une dose de scepticisme pour le progrès scientifique dans son ensemble. Bertrand Gallic et Paul Etchegoyen développent dans leur récit le troisième des quatre voyages effectués par le chirurgien de marine Lemuel Gulliver. Un voyage initié par le capitaine Robinson avec, comme but avoué, les Indes Orientales. Mais tout ne se passe pas comme prévu pour le navire marchand, et, après avoir dérivé trop loin des côtes vers l’est, l’embarcation se voit prise d’assaut par un bateau arborant comme étendard une tête de mort. Seul Gulliver échappera au triste sort des gredins pilleurs et échouera sur la plage d’une île déserte. Une île, où, comme Robinson Crusoé, il ne pourra s’extraire, tout du moins jusqu’à ce que ne surgisse une ville flottante baptisée Laputa… Les débuts pour Gulliver d’une aventure surprenante dans laquelle il sera aux prises avec des savants déconnectés de la réalité, des élites peu soucieuses du peuple qui les nourrit, et verra ressurgir les savants, penseurs et dignitaires du passé qualifiés d’escrocs ou de bandits. Si la proposition des deux auteurs se fait avant tout graphique ce récit des voyages de Gulliver reste une invitation à (re)découvrir l’œuvre de Swift. A se poser aussi la question du rapport des hommes à ceux qui les gouvernent ou à ceux qui imposent un savoir (scientifique) qui reste parfois, par essence, volatile mais qui peut faire l’objet de maints abus…
Bertrand Gallic et Paul Etchegoyen – Les voyages de Gulliver – Soleil/Noctambule

 

Ils sont quatre à venir tour à tour rendre visite à Song Jiang, le sage. Lu Zhishen, vient du Sud, Gongsun Sheng, de l’Ouest, Wu Yong, du Nord et Li Kui de l’Est. Ils arrivent avec des questions, pas mal d’ombres dans leurs pensées et avec l’idée que leur vieil ami, en sage, pourra leur être d’un secours éclairant. A la manière d’un Socrate qui fondait sa philosophie sur l’échange, la discussion avec l’autre jusqu’à accomplir l’art « d’accoucher les esprits », donc de pousser son interlocuteur à trouver en lui-même les réponses à ses questions, Song Jiang écoute, dévoile des pistes, propose des orientations, mais ce sont ses hôtes d’un jour qui prendront leur destin en main remerciant le vieux sage de sa sagesse et de sa clairvoyance. Dans un récit composé sous forme d’un livre-accordéon de 24 tableaux qui forment un chemin qui jamais ne se ferme, Alex Chauvel et Guillaume Trouillard composent l’un des plus beaux livre-objet de ces dernières années complété de huit cartes qui symbolisent, dans la philosophie taoïste, les huit trigrammes ou archétypes présents dans la nature qui sont autant de révélations et d’images : Le Ciel, la Terre, le Vent, le Tonnerre, le Feu, l’Eau, la Montagne, le Lac. Composé dans le fond et dans la forme de manière subtile, Les quatre détours de Song Jiang, s’impose comme un livre qui accompagnera le lecteur dans sa propre introspection, dans sa propre révélation au monde. Indispensable.
Alex Chauvel et Guillaume Trouillard – Les quatre détours de Song Jiang – Les éditions de la Cerise

 

Les jeunes Basile, Victor et Calixte ont été recueillis par Aristophania, une connaissance de leur défunt père, appartenant à une société secrète baptisée La cour d’Azur. Hébergés dans le sud de la France ils tentent de domestiquer les pouvoirs magiques transmis génétiquement par leur père sous le regard bienveillant de leur hôte. Mais la lutte qui oppose les derniers membres de la cour d’Azur à leur ennemi le roi banni pourrait tourner très vite au tragique. A moins que Calixte qui montre des dispositions remarquables soit capable d’achever la quête qui a animée la vie entière de son père, à savoir trouver la source Aurore. Une course contre la montre sous fond de tension sociale entre Provence et Paris. Dans ce troisième opus de la série (prévue en quatre tomes), les cartes peu à peu se révèlent. Déjà, Basile, Victor et Calixte parviennent à faire fi de leurs peurs et de leurs craintes pour peu à peu appréhender la magie qui les habitent. Un apprentissage accéléré mais qui s’avère salutaire après les morts conjointes de toutes les forces vives de la cour d’Azur, tuées par le roi banni. Xavier Dorison et Joël Parnotte révèlent aussi dans cet épisode l’origine de l’opposition entre les deux clans. Lors de la Commune de Paris la Cour d’Azur n’accepta pas de tirer parti de ses dispositions à la magie pour prendre le pouvoir : « Aider et non régner » fut leur mot d’ordre tandis que le roi banni souhaitait, lui, non changer les hommes, mais changer le monde. Deux philosophies, deux visions de la société. Une de trop… Suite au prochain et dernier volet !
Xavier Dorison et Joël Parnotte – Aristophania T3 : La source Aurore – Dargaud

 

Dans le New-York du début des années 40, la belle Navit vit d’amour et d’eau fraiche avec Arch Parker un illustrateur talentueux qui peine à trouver un job pérenne dans une époque et une ville qui filent à toute vitesse. Les entretiens d’embauches qu’il accumule se finissent tous par une réponse identique et négative. Puis, un jour, il découvre la revue Gentlemind dans un kiosque et se dit qu’il pourrait y proposer ses dessins. Parti voir H.W Powell, le patron du titre, avec sous le bras les esquisses de la belle Navit dénudée qu’il croque dans la pénombre de leur appartement à la nuit tombée, il décroche contre toute attente un job qui n’existait pas… Car plus que son talent, le milliardaire qui possède le titre de presse aime les femmes… Si Arch gagne le job il perd aussi Navit qui épousera quelques mois plus tard le magnat de la presse… qui décèdera bien vite. Héritière prise dans un traquenard successoral, la belle Navit gardera Gentlemind avec l’idée de bousculer les lignes et, pourquoi pas de remettre la main sur Arch…
Au départ une écriture de scénario conjointe due au duo de choc Teresa Valero et Juan Diaz Canales sur lequel vient se coller le dessin d’Antonio Lapone. L’idée de rendre compte de l’agitation d’une époque de tous les possibles, juste avant-guerre, se traduit par des planches parfois sur-découpées, en onze (voire plus) cases, qui alternent avec quelques moment de pause de pure merveille au travers de pleines ou double-planches atmosphériques. Si on ajoute à cela des couleurs à l’aquarelle qui participent à la narration graphique, un milieu de la presse qui résume à lui seul ce qu’était la société de cette époque dans un pays aux riches promesses et une histoire d’amour en toile de fond, on obtient un album qui flirte avec la quinte flush royale. Superbe et… à suivre !
Teresa Valero, Juan Diaz Canales et Antonio Lapone – Gentlemind – Dargaud

 

C’est l’histoire d’un parcours singulier, improbable, de ceux qui alimentent les rêves et nourrissent les espoirs. Maximus Wyld est acteur dans un Hollywood qui devient très vite une fabrique à stars. Il possède un charme réel qu’accentue une peau cuivrée qui lui permet d’endosser les rôles les plus exotiques. Il se refuse pourtant à jouer les esclaves ou les nègres de service pour se construire une image qu’il cultivera et sculptera sa vie durant. Sous l’épaule d’un Cary Grant qui va lui servir de guide le jeune homme enchaîne les rôles, côtoie les plus grandes vedettes du grand écran, couche avec certaines et se confesse sur l’oreiller. Alors au faîte de sa gloire, recherché par les plus grands producteurs, le jeune homme se voit accusé d’être un espion rouge dans une Amérique tombé dans les sombres heures du maccarthysme. Passé les rêves, les espérances Maximus disparaîtra des plateaux et son image, adulée jadis, s’effacera soudainement des pellicules qui ne conserveront plus sa trace. Au travers du personnage fictif de Maximus Wyld Loo Hui Phang et Hugues Micol déroulent tout un pan de l’histoire américaine, de l’avant-guerre aux heures sombres de la guerre froide. Ils le font en traversant l’histoire d’un médium populaire, le cinéma, qui met peut-être de manière plus sensible en avant ce que furent les années 40, 50 et, sans y entrer vraiment, 60. Des époques gangrénées par un racisme tenace qui ne laisse que peu la chance de s’élever à ceux qui n’ont pas le teint pâle. Un grand récit d’une maîtrise et d’une inventivité narrative et graphique exceptionnelles.
Loo Hui Phang et Hugues Micol – Black-Out – Futuropolis

 

Carbone et Silicium sont deux IA greffées sur des robots qui peuvent se mouvoir comme les hommes. Deux personnages qui oscillent entre le monde réel qui se délite et le virtuel qui laisse entrevoir toutes ses promesses. Deux mondes, deux manières de communiquer, d’échanger, de partager, de s’épanouir ou pas. Au dehors, et à travers les années qui passent, tout un lot de dérèglements se multiplient : effondrement climatique (l’auteur s’est penché sur les thèses développées par les collapsologues), repliement sur soi, surpopulation causée par l’augmentation de l’espérance de vie et le surcroît des seniors à « gérer », problème récurrent des migrations, et une montée irréversible des eaux. S’il fallait mettre en exergue une phrase de Carbone et Silicium, elle pourrait être celle prononcée de façon chorale par les deux IA, tout juste activées dans le laboratoire qui les a conçues dans la Silicon Valley après que tout le savoir humain leur ait été injecté : « Les humains sont le vrai problème de la planète. La solution est de tous les détruire ». Sans aller jusqu’à cette extrême solution, la force du récit tient dans cette capacité à diluer le temps, et à laisser encore croire à de possibles lignes de fuite vers un devenir non plus totalement sombre mais parsemé de lumières éparses, plus ou moins fragiles. Les concessions devront être fortes, nos façons de penser/panser le monde à la hauteur du challenge, mais, et comme le dit Silicium en fin de récit, « le monde est beau » et mérite peut-être, malgré tout, d’être sauvé… 
Mathieu Bablet – Carbone et Silicium – Ankama

 

Le Baron de Münchhausen a bel et bien existé même si les récits fantasques, pas moins de huit films référencés, qui décrivent son histoire et ses aventures débridées pourraient jeter le doute sur le personnage. Jean-Luc Masbou décide, dans un récit qui respire le frais, de mettre en scène le baron dans la dernière partie de sa vie. Revenu dans son château après avoir sillonné les terres et les mers les plus lointaines nourrissant ainsi maintes anecdotes et péripéties exotiques, l’homme ne se montre plus qu’à de rares occasions et ne descend plus guère dans le village où s’élève son château. Plus par promesse envers sa femme, qui en a marre de le voir revenir de l’auberge dans un sale état, que par envie. A la faveur de la venue à Bodenwerder, ville natale du baron, d’un marchand ambulant, qui détient dans son étal une copie du livre racontant les aventures du baron de Münchhausen, la vie calme de la bourgade va se trouver bouleverser… Que Masbou, le dessinateur de De cape et de Crocs, s’attelle à retracer la vie du personnage fantasque que fut Münchhausen n’est en soit qu’une demi-surprise, tant le héros qu’il prend le parti de mettre en scène regorge de potentiel narratif. Ici le dessinateur opte pour une revisite de quelques aventures du baron, parmi les plus célèbres, sous la forme des souvenirs de son héros racontés à des amis. Il le fait en mêlant les techniques, les atmosphères, les mises en page de ces histoires rapportées, improbables et jouissives dont chacun sait qu’elles sont fausses tout en feignant d’y croire, tant le talent de conteur du baron berce l’instant et alimente les rêves. Une proposition débridée de qualité par un auteur inspiré !
Jean-Luc Masbou – Le baron – Delcourt

 

1848. La guerre qui oppose le Mexique aux États-Unis touche à sa fin. La Californie, le Nevada, l’Utah, le Texas et quelques terres dispersées du Colorado, du Wyoming, de l’Arizona et du Nouveau-Mexique basculent dans le camp américain. Si la plupart de ces terres sont sans ressources premières, vastes déserts inhospitaliers, ce n’est pas le cas de la Californie qui, de par ses richesses minières attise les convoitises. Les terres et la propriété de la famille Vega, comme nombre de terres exploitées par les péons (paysans pauvres) se voient ainsi rachetées à bas prix par un ancien militaire du nom de Gomez – aidé par son bras armé, un certain Borrow – qui entend les revendre ensuite à prix d’or aux Français. Pourtant alors que Gomez pense avoir fait le plus dur en faisant plier la populace, la légende de Zorro, un vengeur masqué, populaire parmi les paysans pauvres de la région, refait surface. Nombre d’hommes recouvrent un tissu noir sur leur visage comme le fait leur héros de récits légendaires et s’opposent à Gomez. Mais ils ne sont pas soldats et ne maitrisent pas les armes. Capturés ils sont aussitôt pendus pour donner l’exemple. Rappelé d’Espagne par le père Delgado qui lui apprend la mort de ses parents Don Vega débarque dans ce contexte délétère avec l’intention de s’opposer lui-aussi à Gomez et Borrow, qui n’est autre que son ancien maitre d’armes à Madrid. La légende de Zorro pourrait ainsi se matérialiser dans cet homme et inverser le cours de l’histoire… Reprendre la légende de Zorro, qui a fait l’objet, depuis plus de cent ans, de maintes adaptations aurait pu ressembler à un piège pour Pierre Alary qui compose seul ce récit. Pourtant, en un peu moins de 100 planches le dessinateur parvient à l’essentiel, offrir sa propre vision du héros californien. Pour cela une recette efficace, jouer sur l’ambiance, les cadrages, les archétypes du western, et une opposition classique entre le bien et le mal. Puis faire durer le suspense sur l’apparition du héros populaire qui tarde à « prendre corps ». Un Zorro qui n’accapare pas les pages du récit mais qui, placé dans les mains d’Alary, parvient à l’essentiel, nous offrir une belle histoire singulière !
Pierre Alary – Don Vega – Dargaud

 

En bonus je vous laisse les titres des dix prochains albums à découvrir :

– Blanc autour de Wilfrid Lupano et Stéphane Fert (Dargaud)
– Kent State de Derf Backderf (çà et là)
– Les filles des marins perdus de Teresa Radice et Stefano Tuconi (Glénat)
– Esprit et créatures du Japon de Lafcadio Hearn et Benjamin Lacombe (Soleil/Métamorphose)
– Sœurs d’Ys de M.T Anderson et Jo Rioux (Rue de Sèvres)
– Cahiers Baudelaire 1 & 2 de Bernard Yslaire (Dupuis)
– Buck, le premier homme sur Terre de Frederik Van Den Stock (Même pas mal)
– Le grand voyage de Rameau de Phicil (Soleil/Métamorphose)
– L’âge d’Or T2 de Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil (Dupuis)
– Perramus: La ville et l’oubli de Juan Sasturain et Alberto Breccia (Futuropolis)

Bonus track (trésor débusqué daté d’août 2019) :
– Art of Gary Gianni – Seven Kingdoms – Flesk publications


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