Le moyen-âge fut une époque trouble, marquée par des conflits sanglants entre seigneurs de riches provinces avides de pouvoir et de richesse, par le rôle d’une église toujours en prise avec des hérétiques de tous poils qu’elle envoi sur le bûcher mais aussi par des découvertes qui devaient faire basculer cette période dans les lumières de la Renaissance. Deux récits qui abordent deux destins singuliers, celui de François sans nom (Villon) poète banni et d’Erik le rouge lui aussi banni par son peuple qui deviendra l’un des premiers explorateurs de l’histoire. Récits documentés qui appellent à mieux appréhender cette époque charnière de notre histoire.
Nous savons tous que les vikings furent, en plein cœur du moyen-âge, des aventuriers des mers prêts à s’éloigner des côtes pour filer sur des étendues encore inexplorées. De ses voyages au long cours, ils ramenaient des vivres mais aussi des richesses pillées aux villageois côtiers qu’ils surprenaient par la rapidité de leurs embarcations. Erik le Rouge fût l’un de ces aventuriers, un explorateur qui fonda la première colonie européenne sur les rives du Groenland. Un homme dont les exploits lui valurent d’être narrés dans une saga nordique près de deux siècles plus tard.
Thorvald est un jeune chasseur au sang chaud. Après une partie de chasse, il revient vers le village et s’en prend à un marchand vendant des croix chrétiennes car selon lui il « offense nos dieux ». Sous les regards réprobateurs des villageois il décide d’aller boire un coup dans une auberge où le vin coule à flots et où les jeunes femmes déambulent dévêtues pour s’offrir aux clients qui en redemandent. Au petit matin, il rentre chez lui dans un état d’ébriété avancé et surprend un homme qui quitte le foyer. L’homme en question n’est autre qu’un médecin venu soigner sa femme mais aux yeux du chasseur l’évidence même veut qu’il soit l’amant de sa femme. Dans un accès de folie il tuera l’homme, ce qui lui vaudra d’être banni de son village et de Norvège. Muni d’un drakkar il prendra la direction du nord. Lors du voyage sur une mer mouvementée, la femme de Thorvald accouchera d’un garçon nommée Erik. Début de la saga…
Avec ce récit qui puise dans l’histoire nordique de notre continent, Di Giorgio et Sieurac explorent le destin d’un homme qui peut être considéré comme l’un des premiers explorateurs et colonisateurs. Dans ce premier volet nous verrons le jeune garçon grandir et s’aguerrir au combat rapproché sur des terres presque vierges situées sur l’actuelle Islande. L’histoire se construit donc patiemment avec le souci d’apporter au lecteur suffisamment de fond pour comprendre les enjeux et les coutumes de ce peuple. Le dessin de Sieurac s’accommode bien du récit auquel il donne dynamisme et tension notamment dans la scène de traversée en drakkar et dans les combats. Le mystère s’épaissira aussi autour d’un étrange cavalier qui devrait suivre nos hommes tout au long de cette série prometteuse. A suivre !
Di Giorgio/Sieurac – Erik le Rouge – Soleil – 2013 – 13,95 euros