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Une couverture, un récit : Chroniques de Francine R. de Boris Golzio (Glénat)

Le vendredi nous vous proposons de découvrir un album à partir de sa couverture qui, en tant que premier visuel du projet, donne souvent pas mal d’informations qu’il faut savoir interpréter !

Une femme en bordure de voies ferrées dans une gare où un train semble stationné. Rien de particulier a priori si ce n’est que ses habits en disent long sur la situation et le contexte. La femme est vêtue d’une jupe longue et d’une veste rayées et arbore une marque rouge sur l’épaule gauche. De l’autre côté de la voie éclairées par les lumières de la gare d’autres personnes aux habits rayés sont surveillées de près par deux soldats dont l’un est armé d’un fusil et l’autre tente de maintenir un chien surexcité en laisse. Assez d’éléments pour nous faire comprendre la scène, déjà vue, hélas, maintes et maintes fois. Images terribles d’une seconde guerre mondiale qui n’a pas épargné les minorités, les soldats, les opposants politiques et aussi les femmes.

Chronique de Francine R est l’une de ses femmes qui, engagée dans la résistance, va connaitre la déportation dans les camps de travaux forcés. C’est sur le tard, en avril 1944, que Francine est arrêté par la Gestapo informée par quatre hommes du maquis qui étaient venus se faire couper les cheveux chez un coiffeur collabo et qui, sous la torture ont donné des noms, dont le sien, pour abréger leur souffrances : Ils ont été torturés à Roanne. On leur a passé les doigts à la moulinette… Les doigts dans un appareil, on tournait, on tournait, ça écrasait les doigts. Ils ont fini par parler sous la torture. Ce qui suit ressemble à pas mal de parcours connus durant la guerre. La déportation dans les camps, le travail harassant effectué douze heures durant dans des conditions extrêmes et le peu de nourriture pour maintenir les corps dans un état de santé correct. Francine, au moment de sa libération, pesait 33 kilos. Entre temps elle a dû échapper aux maltraitances, à la lutte qui était plus que palpable entre femmes déportées de nationalités différentes, au choix parfois arbitraire d’envoyer certaines sous les douches dont on ne revient pas. Francine, dans son malheur, pointe la chance de sa jeunesse pour expliquer sa capacité à traverser l’épreuve. Elle en garde des souvenirs très précis, des images qui vont la hanter des années durant.

Chroniques de Francine R. de Boris Glozio est le résultat d’un échange nourrit entre la vieille femme qu’elle était devenue et le jeune dessinateur d’alors, au début des années 2000. Boris Golzio va enregistrer Francine durant des heures sur un dictaphone à cassettes. Cela donnera une matière brute qu’il complétera d’une documentation minutieuse qui reliera les parties entre elles et comblera les vides. Le projet sort donc près de 18 ans après avoir été amorcé, même si, à l’époque, le dessinateur n’était pas assuré d’en offrir une version séquencée. Si l’horreur des camps est déjà connue, elle est ici vue du côté des femmes qui payèrent un lourd tribu à la guerre et dont les projets ne sont pas légion. La richesse des détails, l’empathie qui se crée au fil des planches pour Francine, permettent de faire de ce récit un témoignage réellement marquant.

Boris Golzio – Chroniques de Francine R. – Glénat – 2018


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