Une fois n’est pas coutume, un seul album cette semaine. Oui mais un album et deux avis, celui de Julie, notre spécialiste ciné, et celui de votre serviteur. Et puis du coup le bonhomme, on lui doit bien une playlist à lui tout seul depuis le temps qu’il adoucit les ondes avec ses partitions mesurées…
In Extremis – Francis Cabrel
L’avis de Tof
Il y a 7 ans, Des Roses et Des Orties avait enfoncé le clou. Francis confirmait son statut de chanteur de premier plan, patron de la musique effleurée, retenue, des textes inspirés. Il y a eu un virage à partir de Samedi Soir Sur La Terre. Des morceaux à l’acoustique noble, s’éloignant des artifices des années 80, des morceaux allant à l’essentiel, retour à la nature. La ligne reste la même aujourd’hui, pour notre plus grand plaisir.
Le savoir-faire est là, indéniable. Dur Comme Fer nous remet sur des routes connues mais elles sont toujours aussi agréables. Un riff guitare tout en légèreté, une basse profonde, une rythmique bien en place, une plume toujours aussi fine entre acide et espoir. Et puis ces choeurs que l’on retrouve sur quelques pistes. Voix magnifiques, retenues, nous rappelant le travail d’orfèvre effectué sur Hors Saison. Alors oui on pourrait me dire qu’on connaît ces partitions mais les mélomanes ne peuvent pas contester un travail tout en finesse, une approche subtile de l’art musical.
Ecoutez un peu Le Pays d’à Côté. Il y réussit un beau mariage, celui de sa musique acoustique et des inspirations africaines. il en naît un petit bijou, précieux à nos oreilles. Evidemment, la force de l’homme, ce sont aussi ses textes. Les thèmes ? On les connaît, l’amour, la tolérance, le temps qui passe, … Tout cela se cache derrière un hommage à Mandela ou encore derrière une bien belle prose sur la fin du Christ.
Tout cela est magnifiquement mis en avant par des instruments au service du texte. Les quelques incartades solo guitare et cuivres donnent une teinte jazz parfaite en tous points, totalement complémentaire du reste.
Avec ce nouvel opus, Francis Cabrel prouve encore une fois qu’il est passé maître dans son art, celui ne nous emmener loin, à dos de mots doux et de notes belles.
L’avis de Julie
Sept ans depuis Des Roses et des Orties. Francis Cabrel est un perfectionniste. Il ne propose rien de novateur avec In extremis, il y parfait son style. Dès les premiers accords, on est en terrain connu, ce terrain familier du blues avec cette pointe de jazz et de rock. Ce terrain des guitares acoustiques, des orchestrations minimalistes, des textes inspirés et de l’accent qui chante. Oui, le dernier Cabrel est bien là, au niveau des précédents.
Avec Dur comme fer, le premier morceau, on retrouve la rythmique d’Encore et encore. La rupture amoureuse a été remplacée par une rupture entre la classe politique et ses promesses faites aux citoyens. Des textes engagés, il y en aura d’autres, sur différents sujets (la disparition de la langue occitane avec In extremis, une prise de conscience sur Le pays d’à côté, un hommage à Mandela). Engagés oui. Désenchantés parfois. Mais également emprunts d’espoir.
Sur fond de guitares blues-rock, le temps qui passe est également présent sur cet album avec le très beau Partis pour rester, morceau qui aborde également le thème de l’amour (et il n’est pas le seul ici), toujours présent.
Oui, le dernier Cabrel est bien là, au niveau des précédents. Mais par pur caprice, on aurait juste aimé qu’il les dépasse.
Chanson – Label : Sony Music Catalogue – avril 2015 – http://www.franciscabrel.com