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Les Diables verts, Aragon si tu savais !

Spectacle hommage au poète mort il y a tout juste 30 ans, Les Diables verts offre le visage d’une performance unique dans laquelle toutes les approches, danse, texte, musique(s), arts visuels se mêlent pour accoucher d’un véritable ovni qui nous régale. Retour sur la représentation du 16 mars dernier…

 

Mêler les arts a souvent engendré une réflexion de fond sur la pratique de chacun. Dopés par la confrontation, le mélange d’expériences et l’envie de partage, les arts ainsi réunis peuvent faire ressortir ce qu’il y a de meilleur en eux. Et le meilleur, c’est souvent l’écoute de l’autre. Savoir intégrer la proposition faite par le partenaire d’un jour, savoir que son apport peut offrir autant de stimuli à notre force de proposition. Cela s’apparente à un voyage initiatique, un de ceux qui nous change et nous renforce pour dépasser le cadre parfois rigide de notre propre champ d’action et le pousser vers des no man’s land riches et fructueux.

Littérature, danse, musique jazz/improvisée/électro, dessin (live). Ces arts qui pris individuellement suscitent un intérêt manifeste ont été réunis par Julien Dérouault autour d’un projet phare, celui de redonner une profondeur, une nouvelle lecture et (peut-être) un nouveau sens  – grâce à notre perception – aux textes de Louis Aragon. Louis Aragon, le poète, le provocateur, l’homme qui parfois profitait de son statut d’Artiste, d’Auteur et de catalyseur pour exprimer sa vision d’un monde qui partait vers une déliquescence phagocytant les sens.

Le texte choisi par Julien Dérouault pour cette soirée n’est pas innocent : La nuit des gens (extrait des Poètes). Au travers de lui s’engage toute une réflexion sur une pratique, sur une manière de voir et de vivre dans le monde – dans son monde parfois, y adhère qui pourra ! Loin d’engendrer le conformisme, Aragon délivre la sève de sa pensée portée par cette envie de surprendre, de s’affranchir des formes par trop réductrices, d’offrir à nos sens des terrains d’expression sans limites propres. Sa poésie fascine car elle colle à la peau. Elle ne vit que par celui qui s’y immisce totalement, celui qui oublie le réel, ses prédispositions pour s’y jeter encore vierge d’a priori.

En construisant son spectacle, Julien Dérouault, a souhaité magnifier le poète, lui offrir un nouveau champ d’expression et donner à ses partenaires le soin de venir avec leur propre perception pour – il l’espérait du moins – dépasser le cadre, donner à entendre ce qui n’a jamais été perçu de ces textes, lire entre les lignes le sens subtil des mots et offrir en cela à nos oreilles, à nos yeux, à nos sens en éveil, quelque chose de neuf, quelque chose qui nous transporte pour le meilleur et pour le pire. Dans les Diables verts, le meilleur est à l’honneur. Le danseur (de la compagnie Pietragalla) se fait conteur/récitant. Sur scène il capte l’attention.

Le texte virevolte dans une fusion des mots et des gestes pour s’affranchir des postulats de départ. Mais l’instigateur de ce projet, et là réside sûrement sa force, ne se met pas en avant, ne surjoue pas, il offre à ses partenaires le soin de construire avec lui les fondations d’un magma de matières, de passion et de sens, sait s’effacer pour que les sons – piano, trompette, électronique – prennent le relais de cette construction charnelle. Le dessin lui – petite nouveauté avec les spectacles précédents –  se construit dans l’instant. Marcel Bataillard  se jette dans les brèches ouvertes et apporte sa perception avec le goût du risque de l’improvisation.

Julien Dérouault fait vivre le texte, l’éructe, le crache, le triture pour mieux le dominer et en garder la lie, celle qui, au final d’un spectacle étourdissant, nous prouve que l’approche pluridisciplinaire s’oriente dans le vrai, dans ce rapport au sens et à l’envie. Si nous sommes réceptifs à cette forme, le bonheur n’est pas très loin…

Les Diables verts : http://www.lesdiablesverts.com/

 

Ci-dessous une vidéo des Diables Verts, La nuit des jeunes gens / Fête de l’Huma 2011…


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