Et voici notre premier dossier musique. Alors comme d’habitude, je ne suis pas à l’aise à l’idée de mettre la musique dans des catégories mais j’ai essayé de regrouper les choses du mieux que j’ai pu.
Toutes les chroniques ci-dessous sont tirées de notre rendez-vous hebdomadaire La Playlist de MaXoE que nous vous proposons chaque mardi et dans laquelle nous sélectionnons les artistes qui ont attiré notre attention.
Les artistes sélectionnés seront soumis aux votes du Grand Prix des Lecteurs du MaXoE Festival 2023 !
Rock/Blues Rock
Lost In Confusion – Amy Lee & The Loco Project Band
Il y a un début d’album assez sage. Attention, j’ai pas dit qu’il n’était pas plaisant, non j’ai dit sage, du bon rock bien foutu, du rock qui fait plaisir. Et puis on arrive sur Chemical Love et là les artistes nous livrent une face obscure de leur rock : c’est sombre, c’est progressif, c’est vraiment bien. Ils savent aussi manier les mélodies avec une habilité diabolique. Je pense ainsi à The Stalemate. Et puis il y a ce sens du riff, du flow avec Messiah. C’est un savant mélange qui est très souvent rock et empreint de pop, avec ce qu’il faut de savoir-faire. En bref, on se laisse embarquer par cette galette très surprenante portée par des arrangements aux petits oignons et par une direction artistique de feu. J’en veux pour preuve Losing You Again qui nous emmène sur des routes plus apaisées, dans une ambiance de funky jazz.
Chrysalis – Tilmann
Première piste. The Cherry Tree. Le ton est donné : une guitare, seule, légèrement effleurée avec ce qu’il faut de notes habiles, juste posées, délicates. C’est un EP de folk qui nous est servi ici. Cette folk est bien agréable à écouter. On connaît la recette, des instruments plutôt discrets, des basses profondes et des mélodies apaisées. En lisant ça comme cela, vous pourriez vous dire que je trouve cela convenu. Il n’en est rien du tout. Certes les ingrédients sont classiques mais l’artiste, tel un grand chef, arrive à nous concocter un délice de folk aux petits oignons. Et cela tient pour beaucoup à sa voix. Son timbre est magnifique et son phrasé donne du peps à ces partitions. C’est particulièrement vrai sur Fall. Merci pour cette belle galette.
Force Majeure – H.E.A.T
H.E.A.T est un groupe Suédois d’Hard FM. Attention, quand je dis Hard FM n’y voyez aucune connotation péjorative. Non, c’est un Hard mélodique et moi j’aime cela. Quand j’écoute ce 7ème album, j’y retrouve l’ADN de Bon Jovi, c’est à dire des morceaux bien foutus, certes un peu mainstream mais carrément agréables à écouter et surtout bourrés d’une belle énergie. Et puis le groupe a sa propre patte, que je ne saurais expliquer mais c’est manifeste à chaque piste. Cette galette me donne la pêche, sans prise de tête, juste à apprécier les rythmes, les instruments et la voix de Kenny Leckremo qui remplace désormais Erik Grönwall. A noter qu’il est de retour car il était le chanteur d’origine du groupe. Je ne le connaissais pas mais il m’a convaincu par sa technique et son engagement vocal. Les instruments ne sont pas en reste, c’est parfaitement en place et les fans d’envolées de guitares seront aux anges. En Bref, si vous aimez ce type de musique, vous serez conquis.
Mass – Gliz
Le rock autrement mais vraiment autrement. Remplacez la guitare par un banjo, la basse par un tuba, ajoutez une batterie et vous aurez Gliz. Les artistes ajoutent des effets bien sentis, quelques claviers et puis une voix très émouvante pour finir de nous séduire. Ecoutez simplement Not The End pour vous en rendre compte. La voix nous livre un timbre captivant et la rythmique se veut presque funky avec des choeurs un rien datés mais l’ensemble fait terriblement moderne. Les morceaux s’enchaînent et ils nous surprennent tous. Ici vous avez des riffs rageurs juchés sur des sons électro, là vous avez quelque chose de plus bondissant comme sur Shadow. Gliz fait souffler un vent de fraîcheur incroyable sur le rock, ils ne marchent pas dans les traces des autres, non ils avancent en terre inconnue, une terre bourrée d’inspiration.
La Naissance – Vénus D’Argent
Difficile de classer cet EP dans un genre particulier tellement il est polymorphe. Mais je dirais qu’on est plutôt du côté du rock. Cela me fait penser à ce rock progressif des années 70, vous savez avec ces morceaux qui surprennent par leur structure originale, par le mélange des genres, par les envolées instrumentales. C’est notamment le cas sur L’Accident. Je l’aurais bien vu en bande originale d’un film de gangsters de ces années-là. Il y a aussi La Poursuite que j’adore. La ligne de basse entêtante est parfaite, couplée à ces sonorités électro et là j’ai des flashs sur les bandes originales de dessins animés japonais de science-fiction du début des années 80 qui savaient, à l’époque, créer des ambiances incroyables. L’artiste, Alexandre Geoffrion, joue avec nos esgourdes, nous bouscule dans nos habitudes, nous prend par la main pour un voyage un rien psyché. Très original, cela pourrait ne pas plaire à tout le monde mais moi j’ai adoré.
Born In Chaos – Absurd Heroes
Encore une belle surprise. Je suis pourtant pas forcément Indie Rock dans l’âme. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, sûrement mon âge, mon côté vieux c… qui aime mieux le rock de la veine classique, plus propre sur lui ce rock là. Mais voilà, au détour d’une galette, on remet en question nos convictions musicales. Ce trio a de l’avenir devant lui, il arrive justement à fédérer pas mal de choses, entre instants planants et moments plus enragés. Justement ces moments planants, juchés sur des guitares éthérées, c’est pas non plus mon trip mais ils ont un quelque chose d’indéfinissable qui rend ces moments captivants et pas mous pour un sou. C’est le cas de Calm qui nous capture du début à la fin. Plus énervé, on a Little Boy qui démarré lentement avant de se finir sur une guitare audacieuse. Musicalement, c’est sobre et élaboré avec une rythmique obsédante et inspirée, une guitare qui donne le la et une voix convaincue. Le tout pour servir des textes engagés pour la jeunesse et contre la guerre. Oui parmi les morceaux, il y a donc Little Boy et 8:15, vous voyez ce que je veux dire ?
Tout S’efface – Cancre
Cancre, vous connaissez forcément ! Mais si, cela fait déjà deux playlists que nous leur consacrons ici et là. J’avais espéré l’album et le voici, tout prêt à sortir ce 20 janvier. Celui-ci reprend pour partie des morceaux déjà sortis sur les EP, on les retrouve avec un plaisir rare et le plaisir n’est pas moindre sur les nouveaux titres. Mais avant de vous parler de cette petite perle, campons un peu le décor. Ce trio de Morlaix propose du rock mettant en valeur des textes ciselés. Certains de ceux-ci sont tirés d’un recueil de poèmes rédigés par le grand-oncle des frères Millasseau (le groupe est composé de Clet Beyer et des deux frères Robin et Mathias Millasseau). Cela donne une dimension incroyable à tous ces mots. Côté musique, on pourrait jouer au jeu des comparaisons faciles, je pense à Cabadzi mais aussi à Noir Désir dans le phrasé mais c’est avant tout une patte particulière, une couleur qui leur appartient. C’est rock mais aussi presque folk par moments, j’aime beaucoup. La voix est parfaite avec ce timbre si particulier, avec cette manière d’égrener les mots, il y a une forme de poésie dans cette façon de faire. Le tout forme un ensemble cohérent et enivrant ! Allez je cite seulement deux morceaux, parmi mes préférés. J’ai adoré Survivants en version acoustique. Absolument intimiste et rock. Et puis un de mes chouchoux : Vols de Nuit. Une merveille, un point c’est tout. Ne passez pas à côté de ce bijou. Pour la peine, deux vidéos.
Miscellanées Bissextiles – Matmatah
Les voici de retour 5 ans après leur dernier album. Cette galette porte très bien son nom, elle est nourrie au mélange des genres et elle nous propose une mosaïque d’inspirations diverses. Ce sont bien des miscellanées, il n’y a pas de doute possible. D’ailleurs cela pourrait en perturber certains mais moi j’ai adoré. Cela m’a fait penser aux albums des années 70, avec des morceaux à rallonge qui racontaient des histoires musicales, avec ces pistes qui prenaient le contre-pied de la précédente, tous ces albums qui nous surprenaient ! Et puis ils mettent le paquet, c’est un double-album avec 13 morceaux, rien que ça ! Ecoutez Trenkenn Fisel. Cette piste est dantesque, bourrée de rock avec des changements de rythme enthousiasmants. Ils arrivent à mélanger ce rock acéré et ces intonations plus traditionnelles, comme ils savent si bien le faire. Il y a aussi, dans un registre plus apaisé le morceau Let’s Say It’s Alright. Les notes sont magnifiques, parfaitement accordées à la voix. Tout l’album est comme cela, parfaitement en place, terriblement inspiré et outrageusement audacieux. Cette audace se traduit aussi par l’arrivée de l’électro qui se marrie très bien avec le rock. Bref, j’ai adoré.
Perfecto – Quasar of Love
D’entrée de jeu, j’adore la voix. Il y a un côté rauque qui charme immédiatement et me fait penser à ces chanteurs puissants qui officiaient dans les années 90 dans les groupes de hard rock. Vraiment cette voix donne le ton de cet album. Difficile de classer cette musique car les artistes nous proposent des morceaux qui oscillent entre le rock, le blues et la soul. Mais définitivement l’esprit qui domine c’est celui du rock. Un rock qui nous livre des morceaux au long cours qui nous racontent une histoire, qui changent de direction et qui surprennent. Il y a un côté lyrique dans tout cela, comme sur Little Man. J’adore ce côté mélodieux et cette puissance ! Il y a presque un côté musique de film parfois, comme sur Me Me and Mine. Le tout est servi avec une énergie rageuse et une grande précision dans les mélodies et dans les arrangements. Les voix sont réglées au cordeau, les instruments sont enthousiasmants. Bref, j’ai adoré !
Chanson/Folk
Ocean Of Days – January Sons
Encore une très belle découverte. Ce trio marseillais a sa patte et je suis tombé sous le charme. Leur créneau, c’est de faire de la Folk en lui ajoutant une jolie teinte Rock. Je dirais même qu’il y a un rien de pop dans tout cela. Pour bien comprendre leur travail écoutez One Second At A Time. C’est très représentatif : ça commence plutôt doucement, avec la tessiture terriblement charmeuse du chanteur, et puis on part dans le rock avec une envolée particulièrement puissante. Les frissons sont au rendez-vous. Revenons sur les voix, chacun des membres du groupe participe à l’ensemble et il faut bien dire que c’est parfaitement en place. Les leads comme les choeurs sont juste parfaits. Il suffit d’écouter Ocean Of Days pour s’en persuader. C’est inspiré, c’est bien réalisé, c’est nerveux et doux à la fois. Un indispensable qui sera dans la sélection du Festival MaXoE 2023.
Des Millions d’Années – Ycare
Oui je sais, cette playlist est souvent dédiée à la musique indé, celle qui n’a pas forcément sa place sur les avenues de la diffusion grand public. Mais pour autant, il ne faut pas se priver de la bonne musique, y compris si elle est poussée par les labels et distributeurs qui ont pignon sur rue. Cette semaine, je voulais parler d’Ycare. Il est, pour moi, un artiste complet, conjuguant musique française et finesse, chanson et dentelle, rythme et sensibilité. Il mériterait d’être encore plus sous la lumière. Son album nous propose des duos, que des duos. J’adore Animaux Fragiles, quelle belle partition, pleine de sens, pleine de douceur et de finesse. Et puis Les Cèdres. Ibrahim Maalouf est de la partie et c’est juste magique. Je reste scotché à ce morceau en me disant que l’Homme est capable de créer tellement de belles choses. Ycare est définitivement ancré dans le décor de la musique française, en subtilité, en inspiration. Merci …
Rêvalité – M
Difficile de classer M et surtout la galette que j’ai entre les pognes. Oui c’est de la chanson mais c’est aussi de la pop, avec un zeste de funk et d’électro et puis il y a comme un air de folk sur certaines pistes. Cet album a été publié en juin 2022, oui je sais je suis à la bourre. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire et cette chronique va permettre à Matthieu Chedid d’être en compétition dans le cadre du MaXoE Festival 2023. J’ai adoré la richesse de toutes ces compositions. L’album a une empreinte assez claire, une sorte de marque de fabrique qui se retrouve autant dans les morceaux apaisés que dans ceux qui flirtent avec la funk. J’ai adoré Dans Ta Radio, la basse est encore plus bondissante grâce à la grande Gail Ann Dorsey, la mélodie est peaufinée, portée par des choeurs parfaits. Dans un autre genre La Langue Des Oiseaux nous livre une jolie virtuosité à la mode folk. Mais au-delà du picking des 6 cordes, il y a ces accords tellement bien choisis et tellement surprenants dans leurs enchaînements. Et puis tout au long de l’écoute, j’ai été ravi d’entendre la guitare électrique de M se lâcher sur quelques solos. Elle est nerveuse et inspirée et ce son, ce son … Vous l’avez compris, un sacré coup de coeur. A noter que l’album existe dans une version 2 CD appelée Rêvalité Augmentée.
Circus Boy – Doolin’
Doolin’ vous connaissez ? Et pourtant le groupe est né en 2005. Leur créneau, c’est de la folk avec un peu de pop, le tout baigné dans une ambiance irlandaise. Bon je vous le dis tout de suite, j’ai adoré cet album, c’est un véritable bijou et ceci pour plusieurs raisons. Déjà, il ressort de cette galette une sorte de bonne humeur communicative. C’est une musique qui donne la banane. En second lieu, les compositions sont élaborées et les arrangements particulièrement peaufinés. Les mélodies sont accrocheuses et le tout s’appuie sur la voix de Wilfried Besse. Il a un grain absolument délicieux. Le tout, c’est une sorte de mélange de pop frenchie avec une connotation irlandaise et ce mélange est fabuleux. Certains morceaux sont d’une douceur incroyable. Je pense notamment à Top Of The Mountain. Les arrangements sont parfaits et la voix accroche encore l’émotion. Et puis il y a le groove comme sur When I’m Gone. Les guitares donnent un tempo de fou et accompagnent avec brio le reste des instruments. En bref, un incontournable.
La Grande Aventure – Max Darmon
Je peux vous le dire de suite, je ne suis pas toujours fan de la scène actuelle de la chanson française. Sans prétention aucune, juste une affaire de goût, après tous les goûts sont dans la nature, non ? Personnellement je la trouve souvent trop planante, c’est pas mon trip. Mais par contre elle exhibe de belles qualités de recherche mélodique. Max Darmon nous propose cette même recherche tout en mariant ses partitions avec une forme d’électro qui donne de l’épaisseur à l’ensemble. Il y a un petit côté Daho dans l’interprétation avec cette voix posée, plutôt discrète. Et je m’y suis laissé prendre. C’est parfaitement agréable et assez surprenant. Il y a ainsi La Grande Aventure qui propose des orchestrations magistrales voire grandioses qui témoignent de l’habileté de l’écriture. Il y a aussi L’itinérante avec sa basse addictive et ses textes particulièrement ciselés. Bref, c’est du tout bon à découvrir au plus vite.
Coriace – Bebly
On vous a déjà parlé de Bebly, vous pouvez relire notre chronique ici. On retrouve la même douceur, la même introspection. Toujours cette voix émouvante qui nous emmène sur des routes apaisées mais torturées. La sobriété est de mise, la voix, une guitare, quelques autres petites choses et c’est tout. Ainsi, on se concentre sur le côté épuré des mélodies et sur les textes, toujours aussi fins, toujours aussi percutants et habiles. J’ai beaucoup aimé Sursaut Dans l’Immense. Le morceau est hypnotisant et inquiétant, posant là une ambiance incroyable. Le tout est renforcé par ces accords en disto, profonds et puissants. Il y a aussi Malentendu, aérien et triste. Merci pour ce voyage un rien mélancolique. Evidemment si vous aimez les riffs enragés et les batteries rock, vous risquez de ne pas apprécier mais si vous aimez la musique, tout simplement, vous allez adorer.