Alors que la 72ème édition du Festival de Cannes vient de débuter et que vous pouvez suivre l’événement quotidiennement sur cette page, avec notamment nos Brèves de Cannes, la première polémique se fait entendre. Et cela fait déjà plusieurs jours.
Au coeur de cette polémique qui a débuté autre-Atlantique, l’acteur, monstre du cinéma français Alain Delon. Alors qu’il a été annoncé qu’il recevrait cette année la palme d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, une américaine, Margherita B, a lancé une pétition qui a déjà récolté plus de 20 000 signatures. Elle demande à ce que les organisateurs du Festival de Cannes renoncent à remettre cette palme suite aux propos et prises de positions d’Alain Delon que vous pouvez retrouver dans cet article du Point.
Perçue comme une injonction sans réelle justification par les intéressés (Thierry Frémaux, délégué général du festival parle de «police politique»), il n’en reste pas moins que le malaise est tout de même palpable. Alors que le Festival de Cannes se veut un espace de liberté où les films projetés portent souvent des thématiques (sociétales ou historiques) fortes pour ne pas dire parfois controversées mais surtout avant-gardistes sur bien des sujets, certaines paroles d’Alain Delon (qui déclarait par exemple dans Le Figaro Magazine en 2013 à propos de l’homosexualité : ‘On a l’air de sous-entendre qu’être avec quelqu’un du sexe opposé ou du même sexe, c’est pareil. Ça, c’est grave!‘) peuvent donc apparaître en total décalage (pour ne pas dire en complète contradiction) avec le message que porte le Festival (le film 120 battements par minute qui retrace les débuts d’Act Up-Paris, a reçu le Grand prix du jury Cannes 2017).
Mais l’acteur assume et les organisateurs aussi. Une dualité au coeur de cette 72ème édition, une confrontation pour d’autres qui y voient la collision (d’aucuns diront générationnelle) entre deux mondes, celui de l’art (du 7ème bien entendu) qui nous fait rêver mais nous dévoile aussi parfois la difficile et complexe réalité de la vie, d’ici ou d’ailleurs, et celui de l’artiste, libre d’être ce qu’il est et de dire ce qu’il dire, qui nous a fait rêvé et qui à ce titre bénéficie encore d’un capital sympathie proportionnel à sa carrière. C’est dire si dans le cas d’Alain Delon, le ‘monstre’ a peu de chances d’être mis à terre.
En attendant de savoir s’il faut continuer à dissocier l’homme de l’artiste (la question n’est pas nouvelle…), pour d’autres la réponse est sans appel et n’évoque quant à elle aucune polémique. C’est le cas de la très grande Agnès Varda, inspiratrice de générations d’artistes, mise à l’honneur sur l’affiche de ce 72ème Festival de Cannes !