Luigi est l’anti-héros typique. Dans l’ombre de son frère pendant des années, il était le faire-valoir, sans réelle identité, tout juste bon à jouer les acolytes dans les Super Mario ou les jeux de sport de Mario. Puis Miyamoto a eu l’idée : faisons de Luigi l’exact opposé de son frère. Gentil, bien sûr, mais grand, mince, et surtout peureux au possible. Quoi de mieux, dès lors, que de le mettre face à l’une des légendes les plus effrayantes, à savoir les fantômes ? C’était l’idée qui avait donc présidé à la création du premier Luigi’s Mansion.
Dans ce second volet, donc, Luigi retourne dans son manoir pour y récupérer les fragments de la lune noire (qui est violette, mais ne nous formalisons pas). En effet, en son absence, les fantômes deviennent incontrôlables. Aidé par le fidèle professeur K.Tastroff (oui, en revanche, chez Nintendo, sans être méchant, les jeux de mots sont limités), Luigi va devoir se frayer un chemin et résoudre de multiples énigmes et puzzles.
Pour cela, il faut une arme ! Copie à peine voilée de l’arme des Ghostbusters, l’arme de Luigi, l’Ectoblast 5000, lui permettra de les aspirer après une lutte plus ou moins acharnée selon le gabarit du fantôme adverse, ou leur malice. Mais pour cela, il faudra au préalable les éblouir, en chargeant plus ou moins la fidèle lampe de poche de Luigi. Au fur et à mesure de l’aventure, un peu comme dans un Zelda, Luigi débloquera de nouveaux accessoires qui lui permettront d’atteindre de nouvelles zones ou de trouver des bonus inaccessibles au préalable. Et l’ensemble n’est pas vain, puisque le jeu intègre une forte dimension scoring à travers un classement de fin de parcours, qui tient compte des objets collectés et des ennemis vaincus.
De même, les boss vous offriront souvent de beaux moments d’inventivité, que nous vous laissons le plaisir de découvrir.
Les énigmes, revenons-y, sont assez accessibles, au prix de quelques allers retours qui peuvent occasionnellement agacer un peu. Il s’agira parfois de pénétrer dans une pièce hermétiquement close, de trouver des passages secrets, discerner un trompe l’œil, rien de bien terrible mais suffisamment pour distraire, un peu comme un Zelda, une nouvelle fois. Elles sont, il faut l’admettre, un peu plus relevées que dans le premier opus, mais celui-ci n’était pas une référence… En revanche, et ça aussi il faut l’admettre, on prend un réel plaisir à fouiller les moindres recoins comme un forcené sans même s’en rendre compte.
En réalité, ce qui marque le plus dans ce jeu, c’est l’ambiance. Comme si on avait voulu faire une histoire d’épouvante, mais destinée aux plus jeunes. Certains éléments correspondent à un film de genre, comme certaines musiques, ou des bruits, ou encore certains éléments de décor, mais Nintendo jongle brillamment avec tous ces éléments en contrebalançant méticuleusement tout cela par des éléments comiques. Les fantômes sont ainsi souvent les acteurs de petites saynètes amusantes, et le personnage de Luigi, couard qui subit les éléments plus qu’autre chose, apporte le détachement nécessaire pour que petits et grands s’amusent.
Esthétiquement le jeu est réussi : plutôt naïf, évidemment, mais les graphismes sont léchés, et tout à fait agréables à regarder, avec ou sans 3D. On note d’ailleurs que la 3DS offre réellement une 3D agréable depuis quelques temps, avec des jeux toujours plus agréables à regarder, et sans les migraines que pouvaient entrainer les premiers jeux. On évolue donc dans les décors avec un certain plaisir, même si d’un point de vue architectural on aurait apprécié un peu plus de variété. J’ai dit « les décors » et c’est en effet l’une des nouveautés de cet opus, en plus de fantômes plus variés et plus originaux : nous pourrons enfin sortir du manoir et explorer d’autres lieux plus exotiques.
L’autre attrait de cette version réside dans son mode multi, attachant. Tant en local qu’en ligne, on peut associer jusqu’à quatre chasseurs pour soit chasser des fantômes, soit traquer des ectochiens, soit atteindre une sortie en un temps record. Dans chacun, on pourra obtenir des bonus pour les assauts suivants, ou un peu d’or pour le solo. Sans être indispensable, le multi est divertissant, même s’il accuse occasionnellement quelques ralentissements. Précisons tout de même que le jeu a été testé sur un Wi-Fi de particulier, avec un débit pas nécessairement exceptionnel, et que nous n’avons en revanche rencontré aucun crash.
Si défaut il faut trouver, il serait sans doute à chercher du côté du découpage : le jeu s’adresse aux joueurs occasionnels, mais chaque mission, qui peut durer une trentaine de minutes, ne peut pas être interrompue. Si vous devez vous interrompre au bout de 25 minutes, vous devrez donc refaire l’intégralité de la mission. Rageant. Ensuite, on aurait apprécié que le professeur nous serine un peu moins, tant il peut avoir tendance à hacher l’ambiance et le rythme d’un jeu qui pourtant n’en mange pas.
Petits et grands passeront donc un bon moment, vraiment, car comme d’habitude avec Nintendo Luigi’s Mansion 2 est un jeu transgénérationnel, qui peut amuser tout le monde. Un moment assez long, qui plus est, car le jeu exige une dizaine d’heures pour se terminer, sans compter la chasse aux trois étoiles dans chaque niveau, les objets bonus, et quelques missions secrètes, qui peuvent d’autant plus gonfler la durée de vie que les énigmes deviennent alors, subitement, beaucoup plus retorses, comme si les développeurs savaient que ce sont les joueurs les plus aguerris qui chercheraient à creuser le jeu. Alors, bon courage, d’autant que votre serviteur, après quinze heures de jeu environ, est très, mais alors très loin d’avoir bouclé le jeu à 100%…