The Game, c’est un tout nouveau magazine sur les jeux vidéo. Voici l’interview de son rédacteur en chef !
MaXoE : Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter ?
Vincent Oms : Bonjour, je m’appelle Vincent Oms, et je suis rédacteur en chef de The Game. Journaliste spécialisé depuis 1998, j’ai notamment travaillé pour CD Consoles, Game On, PlayPower, Jeux Vidéo Magazine ou Consoles+.
Votre équipe comporte des spécialistes de tous horizons, dont certains sont encore en activité sur d’autres médias. D’où est venue cette idée de lancer un nouveau magazine ?
L’idée est venue d’un constat : les joueurs ont changé. La moyenne d’âge a bien progressé depuis le lancement de la PlayStation, pour quasiment doubler et atteindre les 38 ans aujourd’hui. Des générations qui ont grandi ou sont nées avec le jeu vidéo attendent forcément autre chose de la presse, alors autant s’entourer des référents de chaque domaine. Par exemple, pour le numéro 2 où les jeux d’horreur sont très représentés, on a fait appel à Alexandre Poncet qui travaille chez Mad Movies. De façon plus générale, avoir des journalistes et intervenants aux profils variés permet de créer un contenu plus hétérogène, plus susceptible de répondre à des attentes très différentes. Et créer la surprise chez le lecteur, bien sûr.
C’est un bimestriel qui fait fi des habitudes. Vous souhaitez ainsi proposer des dossiers de fond sur le monde du jeu vidéo. Vous ne proposez pas non plus de news. Pensez-vous que les news sont maintenant plutôt destinées à un support Web ?
Casser le moule habituel sur lequel se sont construits tant de magazines était une envie fondatrice, oui. News/Previews/Tests, c’est ce que l’on trouve sur le net, avec une réactivité parfois à l’heure ou la minute près : le papier ne peut pas lutter contre ça, il faut changer sa manière d’aborder le jeu. Cela ne nous empêche pas de traiter des jeux qui sont dans l’actualité, mais pour en parler différemment, pas juste paraphraser une news postée sur un site. Un mois après, quel intérêt ?
Vos tests se concentrent aussi sur un point particulier, sur la jouabilité avant tout. Pourquoi ce choix ?
Pas forcément sur la jouabilité, disons plutôt sur le point qui selon nous fait sa singularité, sa différence, qu’il soit remarquable ou pas. Là encore, à quoi bon parler graphismes, durée de vie, nombre de joueurs en multi alors qu’internet sort des tests en day one ? La seule concession que nous faisons encore à cet ancien système reste la note, un repère que les lecteurs veulent conserver.
N’est-ce pas risqué aujourd’hui de lancer un magazine papier ? Pensez-vous que ce support ait encore un avenir ?
Dans toute forme d’entreprise, il y a forcément un risque. Mais c’est aussi ce qui motive, car sans risque, où serait la satisfaction de réussir ; et puis nous étions nombreux à penser que les lecteurs étaient prêts pour ça… Apparemment nous étions dans le vrai ! Les retours positifs comme les résultats en kiosque nous confortent dans l’idée que la presse papier doit s’adapter pour vivre, mais qu’elle n’est pas remise en cause. Aucun nouveau média jusqu’ici n’a tué un média traditionnel. La radio a dû s’adapter à la télé, mais elle est encore là.
Est-ce que vous avez déjà prévu des modifications pour votre numéro 2, des surprises ?
Les modifications apparaîtront peut être comme légères, mais elles sont là. Des enchaînements plus fluides dans certaines rubriques, plus de cohérence dans l’articulation du magazine, et quelques nouveaux décryptages inédits. Le choix des sujets et des angles assurera, on l’espère, le côté surprise ! Dans le genre j’aime beaucoup le dossier sur l’origine des super héros en jeu vidéo, c’est vraiment une autre époque, et on apprend des anecdotes carrément improbables.
Parlons un peu du marché maintenant. Est-ce que l’arrivée de la Xbox One et de la PS4 peut changer, selon vous, radicalement notre manière de jouer en proposant des jeux toujours plus grands, plus ouverts ?
A bien y regarder, cette nouvelle génération n’apporte pas autant de changement que les précédentes (lecteur optique, disque dur, HD, connexion internet : tout y était déjà), sinon un rapprochement entre l’univers des consoles et du PC. Téléchargements plus nombreux et faciles, jeu en ligne quasi systématique, jeux indés, toute l’identité réside dans quelques licences exclusives, qu’on compte sur les doigts d’une main. En ce qui concerne les mondes ouverts, c’est une tendance lourde, mais qui pose un problème de moyens. Déjà difficile à maîtriser sur PS3 et 360, tout cet espace vide doit être rendu vivant par les développeurs pour avoir un sens. Et la qualité technique se « paye », passer en textures HD et sur des univers plus vastes fait exploser les budgets. Il faudra compter sur des innovations fortes, des techniques de programmation astucieuses. C’est ce qui est rassurant : il y a une prime aux bonnes idées, c’est encore le talent qui fait la différence. Quoiqu’il en soit, pour parler de révolution, il faudra attendre de voir cette génération mûrir.
Est-ce que l’approche de Nintendo, plus en marge, a encore sa place. On a l’impression que l’on se dirige vers une forme de normalisation des supports de jeu, non ?
Nintendo parie sur une approche plus grand public, avec des repères immuables. Ses licences fortes font encore la différence, malgré l’échec relatif de la Wii U (heureusement, la 3DS se porte très bien de son côté). Le constructeur a raté sa communication autour des points forts de la Wii U, notamment le jeu « of screen » sur « mablette » qui aurait dû être l’argument majeur pour le grand public. Surtout, sur ce domaine, Nintendo se bat contre de gros acteurs, nouveaux sur le marché, mais très ambitieux, comme Apple avec ses téléphones et tablettes. Quant à l’impression de normalisation des autres machines, elle tient autant à leurs structures qui les rapprochent du PC, pour des raisons de rationalisation des coûts, d’efficacité de développement, qu’à la victoire des jeux édités par des tiers sur les exclusivités. FIFA, Call Of Duty ou GTA font la pluie et le beau temps, les vrais titres exclusifs sont désormais mineurs, et n’ont plus autant de poids commercialement.
Pour finir, MaXoE est un média indépendant et pluri-culturel, pas de frontières entre les BD, les livres, la musique, le cinéma ou les jeux-vidéo. Parlez-nous un peu de vous : vous jouez à quoi ? Vous lisez quoi ? Vous regardez quoi ? Et bien sûr vous écoutez quoi ? Et si vous aviez une ou plusieurs œuvres à conseiller à nos lecteurs ?
Je joue un peu à tout, forcément, alors je ne vais pas me lancer dans une liste exhaustive. Mon jeu fétiche depuis quelques mois désormais est Puzzle Et Dragon sur iOS, un mélange de puzzle, de pokémon et de RPG. C’est hyper prenant, gratuit, et je ne m’en lasse quasi jamais. Essayez-le ! En coup de cœur récent, j’adore Shovel Knight sur PC, un titre d’inspiration rétro absolument fantastique de finition. Étant fan de foot, j’attends FIFA15 sur lequel je risque de passer encore pas mal de soirées en ligne… Mon jeu favori de tous les temps est récent, il s’agit de Red Dead Redemption, un chef d’œuvre trop souvent décrit comme un simple GTA au Far-West alors qu’il est tellement plus que ça. En littérature mes goûts sont très classiques ; j’aime bien relire de temps en temps L’Odyssée d’Homère, Le Horla de Maupassant, tout ce qui touche de près ou de loin au fantastique ou à l’aventure, au voyage. Côté ciné, mon dernier coup de cœur n’est pas tout neuf, c’est Take Shelter de Jeff Nichols, que j’ai adoré : Michael Shannon y est juste fantastique. Je suis plutôt séries, comme beaucoup aujourd’hui, et je me remets doucement de la claque True Detective. Enfin, côté son, je bosse à côté d’un directeur artistique qui travaille toujours en musique, et je suis une vraie éponge ! Récemment, j’ai découvert grâce à lui Todd Terje (It’s album time), ou encore The Bombay Royale (The Island Of Doctor Electrico). Des styles variés, surprenants… ça nous inspire pendant les bouclages, j’espère !