Un couple pour qui le temps semble s’être arrêté s’éveille sous des draps blancs. Un autre regarde ses léopards chasser dans le désert tout en buvant des cocktails. Une vente de diamant. Puis une demande en mariage. Rien ne laisse présager que ces personnes et ces événements sont liés. Et pourtant…
Un avocat pénaliste aux abois (Michael Fassbender) veut offrir une vie de rêve à la femme qu’il aime, Laura (Penélope Cruz). Il a besoin d’argent. D’argent facile. La solution va lui être trouvée par Reiner (Javier Bardem), une de ses connaissances. Elle est simple : aider au convoi d’une cargaison de drogue.
Un obscur intermédiaire (Brad Pitt), une compagne (Cameron Diaz) – celle de Reiner – moins dupe qu’il paraît et un excès de vitesse font prendre à l’affaire une tournure inhabituelle. Et pour l’avocat, c’est la descente aux Enfers.
Non, vous n’êtes pas entrain de rêver. Malgré le titre, le scénario et l’affiche, il s’agit bien d’un film de Ridley Scott et non pas de Steven Soderbergh. Avec The Counselor (oui, de manière tout à fait unilatérale et arbitraire, ce sera le titre original qui sera ici employé), le réalisateur rompt avec son style. Pas d’effets spéciaux impressionnants. Pas de passages d’envergure. Pas de grand spectacle. Au contraire, ce long-métrage est un thriller intimiste avec très peu d’action, ce qui est peu courant chez Ridley Scott. Il fait même preuve d’une forme de lenteur qui en déroutera sans doute plus d’un.
Les différentes scènes n’en restent pas moins très travaillées. Il y a une grand recherche dans la mise en scène. Rien n’est laissé au hasard, que ce soit au niveau de la bande originale qui accompagne très bien l’ensemble ; des lumières ; du choix des décors (naturels ou non) ; ou encore des acteurs.
La direction d’acteurs est de fait une grande qualité de The Counselor. Déjà, ils sont bien filmés. Ils sont mis en valeur par leur réalisateur. De plus, ils ont tous une esthétique particulière. Très appuyée pour certains. Le must, c’est Cameron Diaz. Elle est très loin de ce que l’on connaît d’elle généralement. Ici, elle est froide, manipulatrice, impitoyable. Elle rappelle une certaine Kristin Scott-Thomas dans Only God Forgives. Ça n’est pas la Cameron Diaz des comédies auxquelles elle est abonnée. C’est une Cameron Diaz plus rare, et ça n’est pas pour déplaire. Le couple Penélope Cruz / Michael Fassbender est plus conventionnel, plus sobre dans le jeu, mais il fonctionne très bien. L’ouverture du film les mettant tout deux en scène est d’ailleurs magnifique. Quant à Brad Pitt et Javier Bardem, ils ont déjà eu l’habitude de ce genre de rôles auxquels ils savent très bien prêter leur talent. Pas de surprise donc. Mais pas de déception, loin de là. Au contraire, ils prouvent films après films qu’ils sont capables de tout faire. A noter également la présence de seconds rôles plutôt intéressants et que beaucoup reconnaîtront.
Bon, avec tout cela, on en viendrait presque à penser que ce dernier Ridley Scott est un film parfait. Malheureusement non, car il pèche un peu sur son scénario.
Je m’explique. Ça n’est pas le scénario lui-même qui est le problème, car il est assez simple au fond. Avec tout de même quelques surprises bien senties. Non, c’est plutôt la manière dont ce scénario est traité qui pose souci. Au lieu de nous offrir des dialogues clairs, l’écrivain Cormac McCarthy (qui débute ici en tant que scénariste) a cherché à philosopher. Si certaines métaphores ont le mérite d’être fortes et percutantes, d’autres perdent le spectateur dans des méandres d’où il a du mal à revenir. Ce qui déroute sensiblement. Cela peut ennuyer. Cela peut mener à décrocher totalement du reste. Il faut donc s’agripper un minimum au reste du film si l’on ne veut pas se trouver totalement largué. Difficile de passer à côté de ceci donc. Le choix pouvait s’expliquer car ça n’est pas la première fois que Cormac McCathy est utilisé au cinéma. L’adaptation de No Country for Old Men des frères Coen était une réussite. Mais si l’écrivain est bon, le scénariste a encore des choses à apprendre. Car on n’écrit pas un roman de la même manière qu’un scénario.
Pour le reste, le film est assez réussi. Il y a même quelques scènes qui deviendront certainement de grands classiques. Notamment un certain poisson-chat…