Précédemment, chez DC Comics…
Superman a détruit la moitié de Metropolis, ce qui a eu pour effet de lancer Batman à ses trousses. D’abord rivaux, ils deviennent copains comme cochons après s’être envoyés quelques droites façon super-héros. Heureusement, car une grosse bestiole menace à nouveau l’humanité. Ils l’affrontent. Et lui offrent un aller simple pour le néant. Mais Superman meurt.
Désolée pour le spoil, mais maintenant DC Comics et Marvel c’est la même cuisine. Chez l’un comme chez l’autre, il faut avoir vu les épisodes précédents pour comprendre le suivant.
Superman n’est plus, mais l’humanité continue à être menacée par les méta-humains. Si ce dernier avait pris le parti de la défendre, ses congénères ne feront sans doute pas le même choix et il sera difficile de les contrôler. C’est en tout cas le raisonnement d’Amanda Weller, agent du gouvernement américain. Son idée ? Former une escouade capable de combattre les méta-humains menaçant la population, tout en la gardant sous son joug. Pour cela, rien de plus simple ! Il suffit de faire appel aux pires crapules retenues dans des lieux hautement sécurisés, de leur injecter une nano-bombe dans le cou pour éviter qu’ils se fassent la malle, et de les balancer sur le champ de bataille en vue de réaliser quelques missions suicides.
Un ensemble qui manque d’excentricité et de cruauté
Vous l’aurez compris, le scénario de Suicide Squad ne brille pas par sa complexité, mais il fallait bien trouver un prétexte pour réunir nos salopards et pouvoir (enfin !) rivaliser avec Marvel et sa bande de Vengeurs, en attendant la fameuse Ligue de Justice. Rivaliser oui, mais en surfant sur la vague de l’originalité. Si, sur le papier, le concept de réunir une armée de super-méchants pour faire le sale boulot à la place des agences gouvernementales fonctionne, il n’en va pas de même au passage sur grand écran. Nos méchants censés être sans foi ni loi ont bien plus de foi et de lois que certains hauts placés de l’Etat (et je ne parle pas uniquement de ceux du film). Là où l’on attendait du sang, de la fureur et beaucoup de folie de la part de ces crapules aux egos surdimensionnés, on se retrouve face à une équipe pleine de bons sentiments pour la plupart d’entre eux. Deadshot est un père de famille qui donnerait tout pour revoir sa fille. El Diablo redoute son pouvoir de feu. Killer Croc aimerait ne plus être vu comme un monstre. Captain Boomerang a pour grigri (oui les méchants ont des grigris) une licorne ! Superman s’en retournerait presque dans sa tombe…
Du point de vue de la mise en scène, même combat. On nous l’annonçait foutraque, envoyant valser le cahier des charges classique des blockbusters de super-héros de plus en plus calibrés, elle se révèle brouillonne. La première demi-heure surtout, utilisée afin de présenter les différents membres de l’équipe de choc. L’idée de créer une succession de scénettes à sketch pour chacun des personnages accompagnées d’une musique propre (aaaah, Sympathy for the Devil) est plutôt bien pensée. Mais cela va bien trop vite, à tel point que cela devient épileptique pour le spectateur. Esthétiquement, le film se loupe. D’autant que la 3D – pourtant loin d’être inutile dans certaines scènes – est honteuse (pour rester polie), salissant l’image au lieu de l’améliorer.
La Reine Harley au sommet
Mais alors, y a t-il quelque chose à sauver chez nos adorables salopards ? Outre les caméos bien amenés de Flash et Batman (jusqu’à la scène post-générique), Will Smith que l’on prend plaisir à retrouver dans un jeu décontracté (malgré un rôle un peu trop lisse), Jared Leto qui propose un Joker moins sombre mais tout aussi barré que les précédents (difficile de passer après la performance d’Heath Ledger), la bonne surprise du Suicide Squad est une saloparde. Et même THE saloparde ! Il s’agit évidemment de la plus badass des super-méchantes : Harley Quinn. Une poupée punk complètement cramée du cerveau et magistralement interprétée par Margot Robbie, qui lui apporte ce qu’il faut d’humour, de sexytude, et surtout de folie. Le film, c’est elle. Et elle le sauve littéralement. Une promenade en pleine nuit pour aller dérouiller une armée de zombies gluants, et voilà que notre blondinette casse la vitre d’un magasin avec sa batte de baseball pour y voler un sac à main, accompagné d’un « on est des méchants, non ? » . Un œil se ferme, et un strident « Poussin ! » se fait entendre. Elle mène la danse de la première à la dernière minute. Et le Joker n’a qu’à bien se tenir.
La campagne de communication trop prometteuse autour de Suicide Squad est sans doute ce qui a rendu les critiques aussi acerbes à son sujet. Et même s’il n’est pas la plus belle réussite autour des personnages de chez DC, l’acharnement est un peu fort. Surtout lorsque certains se permettent de dire que le Joker est quasiment aux abonnés absents, alors qu’il apparaît à échéance régulière durant tout le film…