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Cinéma scandinave – Portraits croisés d’Alicia Vikander et Mads Mikkelsen



Elle est suédoise, il est danois. Ils viennent tous deux du cinéma scandinave indépendant et mènent dorénavant tous deux une carrière à l’international, sans oublier pour autant leurs terres d’origine. Retour sur deux belles filmographies, qui se sont rencontrées sur le plateau du magnifique A Royal Affair.

Au départ, une histoire de danse

Bien qu’ils ne soient pas du tout de la même génération, Mads Mikkelsen (55 ans) et Alicia Vikander (32 ans) ont un début de parcours similaire puisqu’ils se destinaient tous deux à la danse. Mads Mikkelsen a même été gymnaste avant de devenir danseur professionnel. Cette première carrière dans la danse – principalement contemporaine – lui a d’ailleurs permis d’aborder certains de ses rôles avec bien plus de facilité.

Alicia Vikander, quant à elle, débute en tant que danseuse classique au sein du Ballet royal suédois et participe à plusieurs productions des opéras de Stockholm et de Göteborg. Elle met finalement un terme à cette première carrière à la suite de nombreuses blessures et se tourne elle aussi vers la comédie. 

Un début de carrière dans le cinéma indépendant

Si Alicia Vikander a rapidement rejoint le monde du 7e Art (elle n’a en effet pas 20 ans lorsqu’elle tourne dans son premier film) du fait de ses blessures précoces, Mads Mikkelsen met beaucoup plus de temps à démarrer au cinéma. Il a en effet plus de 30 ans lorsque le réalisateur danois Nicolas Winding Refn lui propose son premier rôle sur grand écran en 1996 avec Pusher. Ce premier film marque d’ailleurs le début d’une étroite collaboration entre les deux hommes, puisque l’acteur tourna par la suite encore trois fois avec le cinéaste, la dernière ayant lieu en 2009 pour Valhalla Rising (présenté ici au début de ce Focus). 

Pour sa part, Alicia Vikander tourne son premier film – The Rain – en 2007. Elle obtient ce rôle grâce à ses débuts de danseuse et c’est d’ailleurs à cette occasion qu’elle met un terme à sa première carrière pour embrasser la seconde en se tournant vers le cinéma. Toutefois, c’est en 2010 qu’elle se fait remarquer devant la caméra de la réalisatrice suédoise Lisa Langseth avec le film Pure. Son rôle d’une jeune fille de 20 ans s’inventant une double vie et sombrant peu à peu dans le mensonge et l’imposture lui vaut à l’époque le Guldbagge Award de la meilleure actrice (soit l’équivalent du César en France).

Une rapide ascension vers Hollywood et l’international, sans oublier le cinéma scandinave

Peu après leurs débuts respectifs, tout s’enchaîne pour les deux acteurs qui accèdent très vite à une notoriété outre-Atlantique. Mads Mikkelsen rejoint en effet Hollywood dès 2004 dans Le Roi Arthur d’Antoine Fuqua, avant de décrocher le rôle du Chiffre, principal antagoniste du très réussi Casino Royale (qui est à ce jour le meilleur James Bond de la série Daniel Craig avec Skyfall). Pour la petite anecdote, il n’aurait même pas eu à passer de casting alors que Daniel Craig et Eva Green ont largement mouillé leur chemise avant d’être engagés. En tout cas, grâce à ce film et à son interprétation, Mads Mikkelsen se forge définitivement un nom à l’international comme en témoignent ses diverses participations à d’autres superproductions telles que la série Hannibal (dans laquelle il interprète le rôle d’Hannibal Lecter) ou les films Doctor Strange et Rogue One : A Star Wars Story (dont deux critiques à quatre mains sont disponibles ici et ).

Alicia Vikander, pour sa part, tourne son premier film à l’international en 2012 avec le réalisateur anglais Joe Wright en participant à son adaptation du roman de Tolstoï, Anna Karénine, aux côtés de Keira Knightley dans le rôle titre. Elle enchaîne ensuite plusieurs productions américaines et anglaises, telles que Le Cinquième Pouvoir (Bill Condon, 2013), Mémoires de jeunesse (James Kent, 2015), Ex Machina (Alex Garland, 2015, dont MaXoE a déjà parlé lors d’un Focus consacré à l’IA), Danish Girl (Tom Hooper, 2015, et pour lequel elle obtient l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle) ou encore Jason Bourne (Paul Greengrass, 2016, chroniqué dans nos colonnes). En parallèle de cette carrière déjà imposante alors qu’elle n’a pas 30 ans, elle continue également à travailler avec des cinéastes allemands et scandinaves, et ne tourne donc pas le dos au cinéma indépendant.

Il en va de même pour Mads Mikkelsen, qui alterne lui aussi entre ces deux univers. Ainsi, entre deux productions internationales, il ne cesse de collaborer avec d’autres cinéastes scandinaves, dont la réalisatrice danoise Susanne Bier (After the Wedding, 2007) ayant par ailleurs participé au mouvement du Dogme95. Mais c’est grâce à l’œil d’un autre membre du Dogme – qui en est par ailleurs le co-fondateur – que Mads Mikkelsen décroche le Prix d’interprétation masculine du Festival de Cannes 2012. C’est en effet à cette époque que l’acteur passe devant la caméra du danois Thomas Vinterberg pour le sublime film La Chasse. Et c’est également cette même année que les routes de Mads Mikkelsen et Alicia Vikander se rejoignent sur un plateau de tournage.

Deux chemins qui se croisent au détour d’une liaison royale

Seul film ayant à ce jour réuni les deux acteurs à l’écran, A Royal Affair est un drame historique revenant sur la liaison passionnée que vécurent la reine Caroline-Mathilde de Hanovre (Alicia Vikander) et le médecin Johann Friedrich Struensee (Mads Mikkelsen) lorsqu’il était personnellement attaché au roi du Danemark Christian VII (Mikkel Boe Følsgaard). Réalisé par le cinéaste danois Nikolaj Arcel, A Royal Affair prouve qu’il y a bien quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark. Ce film dépasse en effet largement le simple cadre de cette liaison en montrant combien le mouvements des Lumières eut des difficultés à s’installer dans un pays où le servage était si profondément ancré.

Salué à la Berlinale 2012 par deux Ours d’argent (meilleur scénario et meilleur acteur pour Mikkel Boe Følsgaard), A Royal Affair est une fresque historique délicate et poignante, parfois à la limite de thriller politique et dans laquelle Alicia Vikander et Mads Mikkelsen dégagent une magnifique alchimie que l’on espère revoir un jour au détour d’un autre plateau. 

Depuis, les deux acteurs scandinaves continuent leur carrière en alternant productions internationales et films indépendants. Alicia Vikander sera bientôt à l’affiche d’un nouveau Tom Raider (elle est devenue en 2018 la nouvelle Lara Croft). Quant à Mads Mikkelsen, il a récemment repris le rôle de Gellert Grindelwald dans la saga des Animaux Fantastiques après l’éviction de Johnny Depp et a rejoint tournage du troisième volet. Enfin, juste avant l’annonce du second confinement, il était à l’affiche de Drunk, dont la projection en salles a malheureusement été interrompue. Cette nouvelle collaboration avec Thomas Vinterberg – vue in extremis avant le reconfinement – sera le dernier temps de ce Focus Spécial Vikings.