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Focus Spécial Renaissance : Cinéma et théâtre élisabéthain (et surtout shakespearien !)
1558-1603. Elisabeth Ire règne sur l'Angleterre de la Renaissance. Et le théâtre est souverain.

John Ford. John Webster. Robert Chamberlain. Christopher Marlowe. Ces dramaturges anglais appartiennent tous à l’ère élisabéthaine. Les plus nombreux – et ils sont légion – sont tombés dans l’oubli. Certains autres, plus rares, sont passés à la postérité. L’un d’entre eux est devenu un mythe, à tel point que d’aucuns s’amusent à croire qu’il n’a jamais existé bien qu’ayant laissé derrière lui une oeuvre considérable. Il s’agit de William Shakespeare.

Hamlet, Richard, Macbeth et sa Lady, le Roi des Elfes, la Reine des Fées, … et tous les autres

Looking for Richard, de Al Pacino

Tout le monde le sait acteur, mais peu lui connaissent des talents de réalisateur. Il passe pourtant derrière la caméra pour la première fois en 1996, avec un projet ambitieux : adapter Richard III de William Shakespeare au cinéma.

L’approche est originale. Il s’agit pour l’acteur-réalisateur de présenter une vision populaire de l’oeuvre du dramaturge anglais. Le film s’ouvre ainsi sur une sorte de micro-trottoir dans les rues de New-York où Pacino – casquette à l’envers vissée sur la tête – interroge les passants sur Shakespeare et Richard. On le retrouve ensuite sur la scène du Globe, prononçant les premières répliques de la pièce en imaginant comment les mettre en scène : « Voici l’hiver de notre déplaisir mué en radieux été par ce soleil d’York, et les nuages qui menaçaient notre maison enfouis tous au fin fond des mers. » Les séquences alternent, entre rencontres avec ses futurs comédiens et comédiennes, lectures, répétitions. Et peu à peu, le documentaire se mue en une oeuvre de fiction qui atteint son paroxysme dans la scène de la mort du souverain, entre cauchemars et hallucinations : « Un cheval ! Mon Royaume pour un cheval ! » 

En plus de son parti-pris singulier pour mettre en avant la dimension éminemment populaire de l’oeuvre de Shakespeare, Al Pacino s’est entouré d’une troupe exceptionnelle tandis que lui-même incarne Richard III : Penelope Allen, Alec Baldwin, Aidan Quinn, Winona Ryder, Kevin Spacey, ou encore Estelle Parsons.

 

Hamlet, de Kenneth Branagh

S’il y a bien un acteur-réalisateur qu’il faut impérativement évoquer lorsque l’on aborde l’oeuvre de Shakespeare, c’est évidemment le britannique Kenneth Branagh qui a consacré jusqu’à présent la majeure partie de sa carrière au dramaturge britannique. 

Cela commence par la Royal Shakespeare Compagny, qu’il intègre alors qu’il a une vingtaine d’années, avant de créer sa propre compagnie de théâtre en 1987 : la Renaissance Theatre Compagny. Viennent ensuite les films adaptés de l’oeuvre de Shakespeare, qu’il réalise pour la majorité en étant également devant la caméra : Henry V, Beaucoup de bruit pour rien, Othello (le seul qu’il ne réalise pas), Peines d’amour perdues, Comme il vous plaira, … et Hamlet.

Des fossoyeurs, un crâne, une conspiration sont au coeur de ce Royaume pourri du Danemark qui voit son Roi mourir, son frère prendre sa place et son fils sombrer dans la dépression jusqu’à la folie lorsqu’il découvre le complot. L’adaptation qu’en fait Kenneth Branagh en 1996, entouré d’une distribution aussi folle que son personnage principal (Julie Christie, Derek Jacobi, Kate Winslet, Robin Williams, Billy Crystal, Judi Dench, Gérard Depardieu, Timothy Spall, …), reste très proche d’une mise en scène théâtrale ; jouant avec les entrées et sorties des personnages plutôt qu’avec des changements de plans ; respectant texte et lieux imaginés par le dramaturge. « To be or not to be, that is the question. » 

 

Le songe d’une nuit d’été, de Michael Hoffman

Une comédie au milieu de toutes ces tragédies. Celle d’un songe athénien mêlant les fiançailles d’un Duc et sa promise ; une troupe d’artisans qui se rêvent comédiens ; un quatuor de jeunes amoureux qui se cherchent, se fuient, se poursuivent, se heurtent, se rencontrent  dans une une forêt ; une forêt enchantée peuplée d’elfes et de fées, gouvernée par le Roi Obéron et la Reine Titania qui se disputent les faveurs d’un éphèbe ; et Puck enfin, le bras droit d’Obéron, qui ensorcelle tout être qui passe à la demande de son maître.

À la lecture de cette comédie, de sa multitude de personnages, de lieux, de temps, d’actions, d’univers même, difficile de ne pas l’imaginer inadaptable. Et pourtant sur scène, la magie opère. Toujours. Comment me direz-vous ? Je ne sais pas, c’est un mystère paraît-il. Si des metteurs en scène y sont parvenus, pourquoi pas des cinéastes ? C’est sans doute ce qu’a pensé Michael Hoffman lorsqu’il a décidé d’adapter  à la fin des années 90 au cinéma cette pièce de Shakespeare qui – selon la légende – aurait été écrite en parallèle de Roméo et Juliette.

Le réalisateur décide toutefois de moderniser l’intrigue, la faisant passer de la Grèce Antique à la Toscane du XIXe siècle. Pour le reste, l’histoire est fidèle au Songe shakespearien et son grain de folie qui anime tous ses personnages. La folie amoureuse de Démétrius, Lysandre, Hermia et Héléna. La folie théâtrale des artisans qui montent La très lamentable comédie de la très cruelle mort de Pyrame et de Thisbé et qui n’est pas sans rappeler une tragédie précédemment citée. La folie du monde des elfes et des fées enfin, avec l’espiègle Puck qui parsème le chemin des protagonistes de pièges et enchantements.

Côté affiche ? Un mélange de grands noms de l’époque et d’étoiles montantes qui sont les grands noms d’aujourd’hui : Stanley Tucci, Kevin Kline, Rupert Everett, Michelle Pfeiffer, David Strathairn, Sophie Marceau, Calista Flockhart, Anna Friel, Dominic West, Sam Rockwell ou encore Christian Bale (qui avait à peine vingt-six ans).

 

Macbeth, de Justin Kurzel

Une tragédie à nouveau. Celle du Roi Macbeth, de sa Lady et de leur règne sur l’Écosse au IXe siècle. Un souverain qui accède au trône en se rendant coupable de régicide, poussé par sa femme et son ambition. Mais tout crime a un prix : leur culpabilité et leur paranoïa les feront peu à peu sombrer dans la folie.

L’adaptation de Justin Kurzel – en 2015 – est actuellement l’avant-dernière, la plus récente étant signée Joel Coen (sans son frérot, une fois n’est pas coutume). En tout, cette tragédie de Shakespeare a pour le moment été transposée à l’écran une dizaine de fois, au bas mot. Présenté en compétition au Festival de Cannes, le film – fidèle à la violence de la pièce et à son texte, tant dans sa forme que dans son esprit – met en scène Michael Fassbender et Marion Cotillard dans le rôle des amants meurtriers, le tout au service d’une terrible mais superbe descente aux Enfers.

 

Les amants maudits de Vérone

« Ces plaisirs violents ont des fins violentes. Ils meurent dans leur triomphe comme le feu et la poudre, qui se consument en s’embrassant ». Roméo et Juliette, William Shakespeare. Acte II, Scène 5. Impossible de ne pas évoquer l’oeuvre la plus célèbre de William Shakespeare lorsque l’on aborde le dramaturge, d’autant que « Jamais amours ne connurent pires maux, que celles de Juliette et de son Roméo ».

Les adaptations de cette tragédie romantique – qu’elles soient dansées, orchestrées ou transposées sur grands et petits écrans – sont légion. Rien qu’au cinéma, elles dépassent aisément la trentaine, la plus récente étant le West Side Story de Steven Spielberg sorti en décembre 2021. Si les Jets et les Sharks se sont substitués aux Capulet et Montaigu, la guerre opposant les deux familles ennemies et l’histoire d’amour entre une jeune femme et un jeune homme – chacun issu de l’un des clans – sont toujours la pierre angulaire de ce drame shakespearien.

Baz Luhrmann en a fait le deuxième volet de sa Trilogie du Rideau Rouge, tandis que John Madden a imaginé ce qu’était la vie du dramaturge à l’époque où il a écrit son oeuvre la plus célèbre, et qui l’a inspiré.

Roméo + Juliette, de Baz Luhrmann

La Renaissance se transforme et devient le XXe siècle. Vérone laisse place à Los Angeles et au quartier défavorisé de Verona Beach. Les épées sont remplacées par des 9mm. Et le balcon disparaît pour une piscine. Pour autant, le texte original de William Shakespeare est conservé dans cette somptueuse adaptation (quelques peu raccourcie) de Roméo et Juliette, de même que la tragique histoire d’amour des deux jeunes amants de Vérone, qui eurent à peine le temps d’être consumés par leur passion avant que la mort ne les emporte. Une passion dénaturée par les multiples interventions des divers protagonistes qui ne souhaitaient pas voir évoluer cet amour pur, qui ne pouvait perdurer dans un monde imparfait.

En 1996, elle avait dix-sept ans et il en avait vingt-deux. Elle, c’est Claire Danes, qui débute tout juste au cinéma. Lui, c’est Leonardo DiCaprio, qui a déjà commencé à percer. Leur jeunesse, leur pureté et leur innocence irradient cette transposition moderne qui a su préserver toute la poésie de l’oeuvre intemporelle de William Shakespeare.

 

Shakespeare in Love, de John Madden

Londres, 1593. Will Shakespeare a égaré son inspiration malgré les multiples promesses de pièces qu’il a faites à ses divers commanditaires. Sa rencontre avec une jeune noble, Lady Viola de Lesseps dont il tombe éperdument amoureux, lui fait retrouver le verbe. C’est alors qu’il écrit Roméo et Juliette.

C’est en 1999 que sort en France ce qui est certainement l’un des plus beaux hommages rendus au dramaturge britannique. En tentant d’imaginer ce qui a inspiré à Shakespeare son oeuvre la plus magnifique et la plus désespérée, les scénaristes de Shakespeare in Love signe un drame à la mesure de ceux imaginés par le grand Will. L’humour se mêle ainsi subtilement à la tragédie amoureuse dont le dramaturge est l’une des principales victimes.

Porté par Joseph Fiennes, Gwyneth Paltrow, Judi Dench, Geoffrey Rush, Ben Affleck, Rupert Everett, Tom Wilkinson et Colin Firth (rien que ça !), le film a raflé sept Oscars et un Ours d’argent (excusez du peu !). Et si Roméo et Juliette en reste l’épicentre, beaucoup de références aux autres oeuvres de Shakespeare se cachent dans Shakespeare in Love


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