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Calendrier de l’Avent ‘Lectures’ : Chasseur de fantômes de Jordan Perrigaud (First Editions)

Explorer des lieux, des sites qui, abandonnés, cachent en eux des passés apaisés ou pas. Entrer dans une maison isolée depuis longtemps délaissée, c’est un peu partir à l’aventure et y croiser, y capter peut-être, des traces de la vie de ceux qui y ont vécus…

Plus jeune, beaucoup plus jeune, soyons honnête, dans les années 80, je pratiquais ce que l’on nomme aujourd’hui l’urbex. Pas avec les mêmes moyens ni les mêmes buts qu’aujourd’hui, et sans filmer mes escapades (diurnes) – les camescopes portatifs n’existaient pas – mais avec la même passion et la même soif de découvrir des choses cachées. Près de chez moi des usines avaient fermées, de grands entrepôts s’élevaient au milieu d’une nature qui reprenait peu à peu ses droits, faisant passer les lieux dans leur nouveau statut de ruines. J’y allais pour comprendre ce qu’ils avaient abrités quand ils étaient « actifs ». Cela m’occupa de longs étés. Des étés où, aussi, avec des copains en culottes courtes, j’allais explorer de vieilles maisons abandonnées dans un chemin qui n’était plus trop emprunté et qui se perdait en cul-de-sac loin du centre du village où j’habitais. Au départ l’exploration n’avait d’autre but que de briser des interdits. Nos parents n’avaient cesse en effet de nous dire de ne pas rentrer dans ces maisons où les planchers pouvaient s’effondrer à tout moment et où il était peut-être possible de faire de mauvaises rencontres. D’ailleurs parfois nous trouvions des seringues près de l’entrée des maisons. Pas de quoi nous effrayer. Nous y allions aussi pour trouver des objets qui pourraient attester de notre bravoure, des objets d’un autre temps, bibelots, vieux livres ou vieux cahiers chargés d’histoire. Au fil des ans le village s’agrandit et les bâtiments et maisons abandonnées furent tour à tour rasés pour permettre la construction de nouveaux lotissements. Notre urbex des années 80 devait s’arrêter là et mes nouvelles occupations ne plus m’y faire penser. Dans ces lieux laissés sans vie se nichaient peut-être, nous disait-on parfois pour nous faire peur, des fantômes qui ne demandaient qu’à nous effrayer. C’est à ce moment-là que les récits de spectres et d’ectoplasmes commencèrent à me passionner. Et, même aujourd’hui, je reviens régulièrement à leurs lectures. Autant pour les frissons qu’ils procurent que pour l’interrogation qu’ils suscitent quant à la vie, la mort, la vie après la mort, et toutes les questions qui y sont reliées.

La littérature fantastique du dix-neuvième siècle regorge de récits marquants ayant pour thème les fantômes, qui, retenus dans le monde réel, celui dans lequel évoluent les héros de chaque histoire, viennent perturber leur quotidien. Parfois la paranoïa, l’angoisse et jusqu’à la folie, viennent frapper à la porte d’esprits affaiblis par des nuits dérangées, accentuant les troubles psychologiques qui les touchent. C’est particulièrement marquant dans une nouvelle comme Le Horla de Maupassant, ou dans un texte fondateur comme La Colline des rêves d’Arthur Machen, ou encore dans l’œuvre d’Edgar Allan Poe, d’Henry James, de Nathaniel Hawthorne et au vingtième siècle de Jean Ray, de Shirley Jackson et de Stephen King, pour ne pas être exhaustif. La mort est devenue tabou à notre époque – ce qui n’a pas toujours été le cas – car, au-delà de la tragédie de la disparition, elle a peut-être perdue son statut de simple étape de la vie. Cela est d’autant plus accentué aujourd’hui que le fantasme de l’immortalité, sans cesse mise en avant par le transhumanisme, vient chambouler la perception même du deuil et de la perte d’un être cher.

Jordan Perrigaud est connu de tous les amateurs d’urbex et de chasses aux fantômes. Le jeune homme nous offre en effet, et depuis une dizaine d’années, des vidéos de ses investigations dans des lieux abandonnés au sein desquels pourraient encore habiter des entités paranormales. Postées sur sa chaîne Youtube les vidéos souvent saisissantes de ses déambulations nocturnes affichent entre 250 et 300 000 vues. Respecté pour la rigueur de son approche qui ne vise jamais au sensationnalisme, Jordan Perrigaud livre à chaque épisode, des témoignages de qualité qui respectent les lieux et les personnes qui y ont vécus tout en posant une véritable réflexion sur ce passage, ce no man’s land impalpable qui nous entoure et dans lequel vivent peut-être encore des fantômes qui n’attendent qu’à être libérés. Dans Chasseur de fantômes, Jordan Perrigaud revient aux sources et nous parle du pourquoi et du comment tout a commencé pour lui. Il nous révèle ensuite, sans far, comment sa conception du paranormal a évoluée, en évoquant notamment la disparition de son père. Les deux derniers chapitres parlent plus concrètement du matériel utilisé pour tenter d’entrer en contact avec des entités paranormales, et du travail de montage, d’analyse de ce qui a été capté (des dizaines d’heures de captage audio et vidéo). Enfin dernière étape, la présentation des enquêtes les plus marquantes qu’il a réalisées à ce jour. Jordan Perrigaud le dit lui-même dans Chasseur de fantômes et dans ses vidéos, cartésien, il recherche toujours et avant tout des explications rationnelles aux phénomènes qu’il observe. Cette approche le singularise peut-être d’autres explorateurs du paranormal plus intéressés par l’audience que par une compréhension plus sensible, plus fine et plus respectueuse de chaque histoire personnelle qu’il nous dévoile. Une lecture recommandée !

Jordan Perrigaud – Chasseur de fantômes – First Editions

Pour aller plus loin, la dernière vidéo de Jordan :


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